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Coordination du Front Social
Samedi 30 Septembre 2017 s’est tenue une coordination du Front Social à Paris. Cette coordination a rassemblé des réprésentants de trente et un collectifs locaux très différents tels que ceux de Rodez, de Perpignan, de Lyon, du Finistère, des Hauts de Seine, de Paris et de Rouen, et des collectifs comme Touche pas à ma Zone d'Education Prioritaire (TZEP).
Le Front Social, ce sont désormais cent cinquante structures syndicales, associations et collectifs, ce sont soixante comités locaux.
La coordination comptait autour de quarante personnes venues échanger sur la situation, sur la construction et sur la structuration du Front Social.
Depuis la réunion nationale du 10 juin 2017, du chemin a été parcouru, un nombre significatif de collectifs locaux se sont créés et fonctionnent désormais, le Front Social a grossi et il a démontré son utilité lors par exemple des manifestations après l’élection d'Emmanuel Macron, la manifestation du 14 juillet 2017 et les journées de grève et de mobilisation du Mardi 12 Septembre et du Jeudi 21 Septembre 2017.
Parmi les activités dans lesquelles le Front Social s’est illustré, il y a eu aussi la manifestation du Mouvement de la France Insoumise (MFI) du Samedi 23 Septembre 2017. Le Front Social y a tenu un point fixe pour se faire entendre des manifestants. Les mots d’ordre de grève générale, de blocage et de soutien aux travailleurs du transport, et les slogans de critique de l’inefficacité du combat institutionnel, « ce n'est pas à l’assemblée, ce n'est pas à Matignon, ce n'est pas dans les salons que nous obtiendrons satisfaction, c’est dans la rue et dans l’action », tous ces slogans ont été très bien accueillis et repris par une grande partie des manifestants.
De plus, beaucoup de l’activité du Front Social a été tourné vers le soutien à la grève et aux blocages des travailleurs du transport du Lundi 25 Septembre au Mercredi 27 Septembre 2017. Cela n’a pas suffi, mais des liens ont été créés avec certains de ces travailleurs à Rouen, dans les Hauts de Seine et dans bien d’autres endroits, et ce soutien a été très bien accueilli par ces derniers.
Dans la discussion, il a été rappelé que le Front Social est un outil au service des luttes et qu’il doit servir à les populariser, à les relier et à participer à la convergence de ces luttes sur une base de lutte de classe.
Parmi les perspectives d’action du Front Social, il a été discuté de la journée du Mercredi 4 Octobre 2017, journée pour laquelle l'Union Syndicale Solidaire (USS) a fait un appel à toutes les composantes du mouvement social pour se réunir et discuter des formes de mobilisation qui peuvent permettre le recul du gouvernement. L'USS y fait la critique des journées d’action espacées et elle propose un calendrier social qui permette l’unification de tous les secteurs, publics et privés, dans le combat contre le projet social du gouvernement. Évidemment, le Front Social a répondu positivement à cet appel et sera présent à cette réunion.
De la discussion générale de la coordination se sont dégagés plusieurs points d’appuis pour construire une mobilisation d’ampleur qui permette la victoire.
Il y a la réunion du Mercredi 4 Octobre 2017.
Il y a la lutte contre la condamnation des inculpés de l’affaire de la voiture du quai de Valmy. Le verdict sera annoncé le Mercredi 11 Octobre 2017.
Il y a la journée de grève et de mobilisation de la fonction publique du Mardi 10 Octobre 2017.
Il y a la réunion prévue entre les directions syndicales et le gouvernement au sujet des prochaines réformes sur la formation professionnelle, l’apprentissage et l’assurance-chômage, Jeudi 12 Octobre 2017.
Il a été proposé de préparer en amont la lutte sur l’affaire de Valmy, en concertation avec les collectifs les plus mobilisés.
L’objectif pour la journée du Mardi 10 Octobre 2017 est de faire de cette journée, non plus une journée de mobilisation de la fonction publique, mais bien une journée de grève et de mobilisation interprofessionnelle. Pour cela, le Front Social a tout son intérêt, étant lui-même, tout particulièrement, un regroupement interprofessionnel de syndicalistes de divers secteurs. Un des enjeux de la période est donc de construire cette journée interprofessionnelle, en liant les revendications du secteur public avec la lutte contre les ordonnances du secteur privé. La convergence des luttes doit être au centre de l’activité du Front Social. De plus, il est ressorti aussi la nécessité de ne pas se limiter au combat contre les ordonnances, mais bien de parler et d’expliquer l’ensemble du projet politique d'Emmanuel Macron qui attaque tout le monde tous azimuths.
En ce qui concerne la réunion du Jeudi 12 Octobre 2017, le Front Social dénonce ouvertement tout dialogue social de la part des directions syndicales avec le gouvernement. Face à des attaques gigantesques telles que celles menées et prévues par le gouvernement, il n’est pas envisageable une seule seconde d’aller en discuter les modalités. Cela voudrait dire entériner la défaite sur les ordonnances et passer à l’étape suivante de la casse sociale. La seule solution est de construire le rapport de force qui fasse reculer Emmanuel Macron et son gouvernement. Il faudra donc préparer ce boycott et faire pression partout pour que les directions syndicales, et notamment Philippe Martinez, refusent d’y aller.
Beaucoup des discussions ont aussi porté sur les relations entre le Front Social et les directions syndicales. Étant majoritairement un regroupement de syndicalistes, mais pas seulement, le Front Social est un outil à l’extérieur des organisations syndicales mais il est construit par des membres des organisations syndicales. Le rapport aux directions syndicales est de ce fait assez subtil.
Si tout le monde au sein du Front Social s’entend sur le rôle désastreux des politiques des directions syndicales dans les mouvements passés, en 2003, en 2010 et en 2016, et sur le mouvement actuel. Les journées saute-moutons sont une impasse démobilisatrice. Pour autant l’interpellation des directions syndicales pour obtenir un plan de mobilisation réel et de construction de la grève générale bloquant l’économie du pays ne fait pas globalement accord. Un bon nombre de personnes du Front Social y voient une nécessité, mais cela ne fait pas consensus.
La tendance CLAIRE du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) milite pour que cette interpellation soit faite, elle est nécessaire et les camarades du Front Social se trompent s'ils pensent que seuls ils pourront lancer un plan de mobilisation de masse. La Confédération Générale du Travail (CGT) compte six cent cinquante mille adhérents, il est illusoire de penser qu’elle n’est pas centrale dans la situation. Bien évidemment, nous pensons qu’il faudra déborder les directions syndicales, mais cela passera par la mise en place de structures d’auto-organisation pendant le mouvement. De plus, l’exemple très récent de la CGT Force Ouvrière, dont la base arrive à faire pression sur la direction, est un bon appui.
En toute fin de réunion, s’est amorcée une discussion sur la structuration du Front Social. Celui-ci est récent et il est important de réfléchir à son fonctionnement démocratique. Des propositions intéressantes remontent des collectifs locaux, comme celui de Lyon qui propose que, lors des coordinations, les personnes prenant part aux décisions doivent être mandatées, avec des poids différents selon les structures qu'elles représentent. Il a aussi été proposé d’avoir des mandats révocables des porte-paroles, de faire tourner les coordinations sur plusieurs villes, d’avoir plus de mixité de genre dans l’équipe d’animation, d’avoir des listes de diffusions plus horizontales et enfin d’avoir un fonctionnement plus transparent sur la production des tracts et autres expressions du Front Social. Ces demandes et propositions vont dans le bon sens. Malheureusement, il n’a pas été consacré suffisamment de temps à cette discussion. Nous pouvions nous y attendre. L'ordre du jour indiquait une heure sur ce point. Avec les retards cumulés, le débat sur la structuration et le fonctionnement a duré moins de trente minutes et cela n’a débouché sur rien. La discussion est donc reportée à la prochaine coordination, le 4 novembre 2017. Nous sommes donc invités et nous devons, toutes et tous, d’ici là, élaborer des propositions très concrètes que nous devons partager à l’ensemble des collectifs locaux pour que le Front Social, outil précieux dans la situation, renforce sa transparence, sa démocratie interne et son caractère inclusif. Nous constatons déjà, de ce point de vue, une faiblesse fâcheuse du Front Social. Des camarades, en particulier de sensibilité libertaire et notamment dans le département des Hauts de Seine, l’ont déjà quitté, et d’autres pourraient le faire, en grande partie du fait du caractère non transparent et peu démocratique du processus de prise de décision dans le comité national d’animation. Le 10 juin 2017, la réunion nationale avait déjà promis, pour la rentrée, de traiter du problème du fonctionnement et de la structuration du Front Social. Pour l’instant, c’est encore partie remise et cela est très regrettable. Le peu de temps consacré, dans l’ordre du jour, à ce point semble significatif d’une absence de volonté, au niveau du comité national, de traiter cette question. Pour l’instant, il n’est pas facile de dire précisément les raisons de cette situation, mais cela apparaît comme un important combat à mener au sein du Front Social.