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6 mars 2021 6 06 /03 /mars /2021 14:49

 

 

https://www.leparisien.fr/culture-loisirs/fermeture-des-lieux-culturels-au-theatre-de-l-odeon-l-occupation-continue-05-03-2021-8427334.php

 

Fermeture des lieux culturels, l'occupation du théâtre de l’Odéon continue

Une cinquantaine de personnes ont investi les lieux depuis Jeudi 4 Mars 2021. Elles réclament d’avantage d’aides pour le secteur de la culture.

Artistes, étudiants et intermittents se sont réunis, Vendredi 5 Mars 2021, sur le parvis du célèbre théâtre pour l’assemblée générale du mouvement.

Des bouteilles de soda traînent sur une table, à côté de sachets de chips et de sandwichs triangles, que grignotent des militants aux traits tirés, tout en discutant. Trois musiciens ont improvisé un concert de jazz au milieu de l'immense pièce, moulures au plafond et tableaux anciens sur les murs, et deux drapeaux rouges de la Confédération Générale du Travail (CGT) flottent sur l'imposante statue en pierre de Jean Racine. C'est une ambiance plutôt bon enfant, qui règne Vendredi 5 Mars 2021, dans le foyer du théâtre de l'Odéon, dans le sixième arrondissement de Paris. Depuis Jeudi 4 Mars 2021, une cinquantaine de personnes ont investi les lieux pour demander des mesures d'aides en faveur des métiers de la culture.

C'est un symbole fort qui fait écho à l'occupation, au mois de mai 1968, de ce théâtre parisien par les étudiants. Les activités de cette salle subventionnée, répétitions et lectures, ont pu se poursuivre normalement. L'assemblée générale du Jeudi 4 Mars 2021 s'est terminée à 24 heures.

Pour dormir, ensuite, les occupants se sont allongés à même le sol, dans les coursives ou le foyer. « Je me suis mise dans la salle de spectacles, entre deux rangées de sièges, parce que là, au moins, il y a de la moquette », sourit une militante, « j’avais juste pris ma brosse à dents ».

Ce que réclament les occupants de l'Odéon, comme ils se sont baptisés, c'est notamment la prolongation de l'année blanche pour les intermittents du spectacle et son élargissement à tous les travailleurs précaires. Ils demandent aussi le retrait de la réforme de l'assurance chômage, cet été, et un plan massif de soutien à l'emploi pour le secteur culturel.

« Nous nous sentons oubliés, écœurés et fatigués », soupire, pancarte autour du cou, Christelle, une guide conférencière qui a passé la nuit à l’intérieur du théâtre, « et nous voyons que, en étant gentil, nous n’obtenons rien. Pour nous, il n'y a pas d'année blanche, nous n’avons pas d'aide. C'est très compliqué, les droits au chômage ne sont pas éternels. Des collègues sont même retournés vivre chez leurs parents et cela concerne beaucoup de monde » « A l'heure actuelle, beaucoup de mes amis n'auront pas fait suffisamment d'heures pour garder leur statut d'intermittent », dit Thomas, musicien de quarante ans, « et maintenant, on leur demande de faire ces heures, mais sans leur en donner la possibilité, vu que tout est fermé. C'est ubuesque ».

Et c'est directement au premier ministre que les occupants s'adressent, demandant la réunion d'un conseil national des professions du spectacle. « Nous ne sortirons pas avant. La ministre de la culture n'est plus une partenaire crédible », s'énerve un militant de la CGT, réagissant à la proposition d'un rendez-vous, le 22 mars 2021, avec Roselyne Bachelot.

Vendredi 5 Mars 2021 à 14 heures, les fenêtres qui donnent sur la place sont grandes ouvertes et, en bas, la foule commence à se rassembler. L'assemblée générale démarre et les prises de parole s'enchaînent. Sur le parvis, une petite centaine de personnes ont répondu à l'appel à manifester. « Interminable entracte » ou « l'art est tout, quoi qu'ils en doutent », peut-on lire sur des pancartes que brandissent des étudiants, venus nombreux. L’ouverture des lieux culturels, c'est aussi ce qu'est venue demander la foule réunie.

« Je suis choquée de voir que la direction de ce théâtre subventionné ne soutient pas le mouvement », s'énerve Gabriella, travailleuse indépendante dans le sous-titrage et la danse, italienne installée en France, « même si ce sont des fonctionnaires de l’état, ils doivent avoir la force de s'y opposer et de soutenir les techniciens et tous leurs collègues précaires. C'est toute l'ambiguïté française et cela me déçoit ».

Alice, Zoé et Chloé tiennent à manifester leur colère. « Nous n’avons pas de possibilité de nous projeter, c'est effrayant », disent ces trois étudiantes en art du théâtre, « les églises et les magasins sont ouverts. Quand nous disons cela, nous avons tout dit. C'est un choix politique, révélateur de notre société. Nous ne voulons pas d'un monde privé de culture. Il faut que les lieux de culture ouvrent ».

Vendredi 5 Mars 2021 en fin d'après-midi, les occupants attendaient la relève d'une dizaine de personnes, pour une autre nuit dans le théâtre. Un nouvel appel à se rassembler a été lancé, Samedi 6 Mars 2021 à 14 heures. Contacté, le ministère de la culture n'a pas répondu à nos sollicitations.

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