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Par FISCHER
C’est désormais officiel. Sous le coup d’une procédure de dissolution depuis Jeudi 17 Mars 2022, le Groupe Antifasciste de Lyon et des Environs (GALE), vient d’être publiquement démantelé par le gouvernement. Les antifascistes lyonnais annoncent vouloir contester la décision.
La décision est historique. Pour la première fois, en quarante ans, le gouvernement décide de dissoudre un groupe d’extrême gauche et, ironie de l’histoire, la procédure est fondée sur un texte de 1936 destiné à lutter contre la violence d’extrême droite.
Les militants du GALE ont appris la décision dans les médias, par la voix du porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal. « Nous avons adopté la dissolution du groupement de fait dit GALE connu pour ses actions violentes, ses appels à la haine et son incitation virulente et incessante à s'en prendre aux forces de l'ordre. Nous ferons respecter l’ordre républicain jusqu’au bout et contre tous ceux qui le menacent », a-t-il indiqué à la sortie du conseil des ministres, l’un des derniers conseils des ministres avant le premier tour des élections présidentielles.
« Ce n’est pas un hasard du calendrier », dit Lamia, militante du GALE, « pour nous, c’est clairement un coup électoral, un message pour l’extrême droite ». Cet argument est étayé par l’avocat du groupe, Olivier Forray. « A quelques jours des élections qui vont se jouer à droite, voire à l’extrême droite, cette dissolution est hautement symbolique, c’est simplement l’occasion de donner satisfaction à une partie de l’électorat », plaide l’avocat lyonnais, convaincu que le gouvernement n’a même pas pris la peine de lire les vingt et une pages d’observations contradictoires écrites par son cabinet.
Le GALE est dans le collimateur du gouvernement depuis plusieurs mois, en raison des propos anti-police tenus lors du festival Antifa Fest à Lyon, au mois de décembre 2021 et en raison des appels à lancer un ultimatum au géant pharmaceutique Bayer, au mois de janvier 2022. Des élus de droite avaient alors appelé à la dissolution du mouvement. Mardi 15 Mars 2022, le ministère de l’intérieur avait notifié à un militant du GALE, qualifié de groupement de fait, son intention de le dissoudre. Il lui avait reproché d’inscrire sa stratégie dans la récurrence d’actions violentes, de lancer des appels à la haine contre les Forces De l’Ordre (FDO) et d’exactions violentes contre elles, notamment sur les réseaux sociaux, avant de citer une série de manifestations, entre 2014 et 2021 qui auraient donné lieu à ces violences.
Le gouvernement d’Emmanuel Macron utilise cette procédure avec récurrence depuis 2019, contre des groupes d’extrêmes droite, comme Génération Identitaire, ou contre des associations jugées proches de l’islam radical. Le média d’extrême gauche Nantes Révoltée a lui aussi frôlé la dissolution au début de l’année 2022. Cette frénésie inquiète les militants du GALE « C’est très grave, cela veut dire que, sous Emmanuel Macron, toute contestation est arrêtée soit par la violence, comme pour les Gilets Jaunes, soit par une interdiction de parler. On nous interdit carrément de penser. On ne va pas vers le progrès, c’est un retour en arrière », dit Florent, militant du GALE.
Cette inquiétude est partagée par les avocats du GALE. « La liberté d’expression et d’association sont des libertés fondamentales, il faut des faits sacrément costauds à reprocher pour les bafouer, ce n’est pas le cas », dit Olivier Forray., avant de dénoncer un travestissement de la vérité et une lecture fausse, tronquée et mensongère, de l’idéologie du groupe.
Fondé en 2013, après la mort de Rémy Fraisse, le GALE a déjà annoncé sur les réseaux sociaux qu’il contesterait la décision. « Nous n’allons pas lâcher, on ne dissout pas la révolte qui gronde », dit Florent, « au contraire, nous espérons que cela va réveiller les militants et que cela va les mobiliser contre le fascisme ». Le week-end dernier, le groupe avait lancé un appel à manifester contre cette dissolution et une pétition vient d’être lancée.
Côté judiciaire, les avocats du groupe affirment vouloir déposer un recours devant le conseil d’état. « On ne peut pas laisser le gouvernement s’essuyer les mains avec le respect du contradictoire et avec la Convention Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) », dit Olivier Forray, qui attend la notification officielle de la dissolution.
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