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4 octobre 2022 2 04 /10 /octobre /2022 17:32

 

 

https://www.revolutionpermanente.fr/Retraites-Martinez-et-Berger-doivent-quitter-immediatement-la-table-des-negociations

 

Philippe Martinez et Laurent Berger doivent quitter immédiatement la table des négociations

C’est comme un film sans fin. Cette semaine, Philippe Martinez, Laurent Berger et consorts seront reçus par le gouvernement pour discuter de la réforme des retraites, un dialogue qui sème l'illusion que cette réforme est négociable et qui désarme les travailleurs. Philippe Martinez et Laurent Berger doivent quitter la table des négociations immédiatement.

Alors qu’Emmanuel Macron a précisé la semaine dernière qu’il comptait bien avancer sur la réforme des retraites d’ici le mois de janvier 2023, Jeudi 29 Septembre 2022, depuis le cortège de la manifestation parisienne du Jeudi 29 Septembre 2022, le secrétaire général de la Confédération Générale du Travail (CGT), Philippe Martinez, expliquait qu’il participerait aux premières concertations annoncées par le gouvernement sur la question de la réforme des retraites. De même, le secrétaire national de la Confédération Française Démocratique du Travail (CFDT) déclarait qu’il prendrait part aux discussions s’il y a une inflexion sur la méthode. De son côté, Laurent Escure, secrétaire national de l’Union Nationale des Syndicats Autonomes (UNSA), s’est félicité du changement de méthode revendiqué par la macronie. C’est une bonne chose, selon lui.

En résumé, les directions syndicales participeront toutes à la première journée de concertation avec le gouvernement cette semaine.

Quelques heures plus tôt, Élisabeth Borne avait annoncé l’ouverture d’un nouveau cycle de concertations avant l’hiver à propos du nouveau projet de loi du gouvernement contre les retraites. La finalité du processus ne laisse guère place au doute. Il s’agit de préparer l’entrée en vigueur de la prochaine réforme des retraites à l’été 2023 et d’avancer sur le report progressif de l’âge de départ de quatre mois par an, jusqu’à soixante-cinq ans en 2031.

En d’autres termes, si la réforme n’est pas encore totalement ficelé, sur le fond, il n’est aucunement question de revenir sur les objectifs annoncés par Emmanuel Macron et donc sur la mise en place de la retraite à soixante-cinq ans.

Il n’y a pas de quoi décourager le secrétaire général de la CGT qui, plutôt que d’opposer une fin de non-recevoir au gouvernement, a décidé de laisser la porte grande ouverte. « S’il y a une véritable volonté d’écoute sur les moyens de financer la sécurité sociale et donc la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse (CNAV) », Philippe Martinez se déclare prêt à discuter pour présenter ses propositions à Élisabeth Borne.

Nous avons pourtant du mal à voir ce qu’il y a à discuter. Si Emmanuel Macron a un temps tergiversé sur l’âge de départ à la retraite, le chef de l’état n’a jamais caché ses intentions sur la philosophie de la future réforme des retraites. Avant, pendant et après les élections, il n’a eu cesse de marteler qu’il allait falloir travailler plus longtemps.

Cette semaine, Emmanuel Macron et son gouvernement ont fini par trancher. Sous pression de sa majorité et du mouvement des entreprises de France (MEDEF), le chef de l’état a fini par lâcher un peu de lest sur la forme, modifiant le véhicule législatif visant à l’imposer. Sur le fond, c’est le programme maximal et la retraite à soixante-cinq ans, et possiblement la fin des régimes spéciaux, qui ont été choisis.

C’est une manière pour le gouvernement de miser sur la constitution d’un front commun de la majorité gouvernementale, du MEDEF et des Républicains, pour mener à bien son offensive brutale contre la classe ouvrière.

Dans ce contexte, comment Philippe Martinez peut-il se montrer ouvert à la discussion avec le gouvernement ? Le secrétaire général de la CGT semble avoir parfaitement conscience du caractère surprenant de sa position, sinon il n’affirmerait pas que « s’il y a une concertation sur les retraites, pour nous expliquer pourquoi il faut travailler plus longtemps, je pense que la concertation ne va pas durer longtemps ». Mais justement il n’y a pas l’ombre d’un doute. De là à conclure que Philippe Martinez cherche à se couvrir quant à sa participation aux premières concertations, il n’y a qu’un pas.

En participant aux concertations et en maintenant le dialogue, malgré les camouflets répétés, Philippe Martinez et consorts sèment l’illusion que cette réforme pourrait finalement être amendée. Alors que les directions syndicales se retrouvent une nouvelle fois au chevet du gouvernement, il faut encore réaffirmer que la régression sociale ne se négocie pas. Leur participation à ces discussions ne peut que désarmer les travailleurs et elle ne peut que donner l’illusion qu’il est possible de négocier des miettes. Les directions syndicales doivent quitter immédiatement les négociations.

De ce point de vue, il est particulièrement éclairant que même les journaux patronaux soulignent l’absence totale de répondant des directions syndicales face à l’offensive gouvernementale. Philippe Martinez n’a pas brandi la menace de la grève générale, écrit à juste titre le journal patronal des Echos. A rebours de cette logique qui nous désarme, l’heure devrait être à la construction de la riposte contre la réforme des retraites et pour les salaires, une perspective que les directions syndicales refusent, pour l’heure, de mettre à l’ordre du jour.

Ce refus s’est incarné dans son bilan en demi-teinte de la journée d’action du Jeudi 29 Septembre 2022. Indubitablement, le décalage entre la colère profonde et réelle sur les salaires, les grèves dans des secteurs stratégiques comme la pétrochimie où l’automobile et une mobilisation nationale en deçà de ce qu’elle aurait pu être, est lié à l’absence d’un plan de bataille à la hauteur.

Il y a pourtant urgence. Contre Emmanuel Macron qui accélère sur les retraites, après avoir déjà accéléré cet été sur l’assurance chômage et le Revenu de Solidarité Active (RSA), l’heure est à la construction d’un réel plan de bataille qui articule l’opposition à tout projet de loi attaquant nos retraites et la bataille pour les salaires. Ce plan doit de s’appuyer sur les secteurs en lutte, pour les aider à gagner et à étendre leur combat, et il doit porter un programme qui donne envie de se battre, capable d’unifier l’ensemble de la classe ouvrière, comme l’augmentation de tous les salaires de quatre cent euros et leur indexation sur l’inflation. Le maintien quoiqu’il en coute du dialogue social par les directions syndicales montre une nouvelle fois qu’imposer cette perspective sera un combat.

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