APPEL CONJOINT DES AGENCES DE L'ONU

https://news.un.org/fr/story/2025/06/1156636

De hauts responsables de l'Organisation des Nations Unies (ONU) ont réitéré Samedi 21 Juin 2025 leur appel urgent à la retenue alors que le conflit entre Israël et l'Iran s'intensifie, dans un contexte de crise régionale plus large exacerbée par la guerre menée par Israël à Gaza et la détérioration de la situation humanitaire à laquelle sont confrontés les civils palestiniens.

Dans un appel conjoint à la désescalade, les agences de l'ONU ont averti que la poursuite du conflit risquait de provoquer de nouveaux déplacements de populations dans une région déjà mise à rude épreuve par des décennies de guerre et d'instabilité.

Filippo Grandi, Haut-Commissaire pour les Réfugiés (HCR) de l’ONU a dit que « les frappes militaires ont conduit les populations iraniennes et israéliennes à fuir leurs foyers pour se mettre à l'abri des tirs de missiles incessants. Des mouvements ont été signalés à Téhéran et dans d'autres régions d'Iran, certains iraniens choisissant de se réfugier dans les pays voisins. D’autre part, les bombardements ont poussé les israéliens à chercher refuge ailleurs dans le pays et, dans certains cas, à l'étranger. Cette région a déjà subi plus que sa part de guerre, de pertes et de déplacements, nous ne pouvons pas permettre qu'une nouvelle crise de réfugiés s'installe. Le moment est venu de désamorcer la situation. Une fois que les populations sont contraintes de fuir, il n'y a pas de retour rapide possible et, trop souvent, les conséquences durent pendant des générations ».

Filippo Grandi a exhorté les pays de la région à respecter le droit de demander l'asile et à garantir l'accès humanitaire, tout en appelant toutes les parties à protéger les civils et les infrastructures civiles.

Rafael Grossi, directeur général de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA), a dit que « le conflit s'est fortement intensifié à la suite des frappes aériennes israéliennes contre plusieurs sites nucléaires iraniens au cours de la semaine dernière, notamment un atelier de fabrication de centrifugeuses à Ispahan. C’est la troisième installation de ce type à avoir été prise pour cible au cours de la semaine dernière. L’installation était sous la surveillance de l'AIEA dans le cadre du JCPOA, l'accord nucléaire signé avec l'Iran en 2015, dont les États-Unis se sont retirés en 2017. Nous connaissons bien cette installation. Il n'y avait pas de matières nucléaires sur ce site et l'attaque n'aura donc aucune conséquence radiologique, mais la poursuite des frappes contre les infrastructures nucléaires compromet gravement la sûreté et la sécurité nucléaire. Bien qu'elles n'aient pas encore entraîné de rejet radiologique affectant la population, il existe un risque que cela se produise ».

L'AIEA suit les dégâts causés aux sites d'Ispahan, d'Arak, de Karaj, de Natanz et de Téhéran, depuis le début de la campagne militaire israélienne contre l'Iran, Vendredi 13 Juin 2025.

L’AIEA fournit des informations régulières au Conseil de Sécurité de l’ONU, qui n'est pas encore parvenu à un consensus sur la réponse à apporter. Dans une réunion d'urgence à New York, les ambassadeurs qui débattaient de l'escalade ont entendu Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU, avertir que, si les combats s'intensifiaient, cela pourrait déclencher un incendie que personne ne saurait contrôler.

La crise régionale croissante se déroule dans le contexte de la guerre à Gaza, où les conditions humanitaires continuent de se détériorer.

Samedi 21 Juin 2025, Philippe Lazzarini, commissaire général de l’United Nations Relief and Works Agency (UNRWA), a dressé un tableau désolant de la vie dans l'enclave, dans un discours devant l'Organisation de Coopération Islamique (OCI), à Istanbul, « deux millions de palestiniens de Gaza souffrent de la faim. Le mécanisme d'aide récemment mis en place est une abomination qui humilie et dégrade des palestiniens désespérés. C'est un piège mortel qui coûte plus de vies qu'il n'en sauve. Gaza est dévasté par près de deux ans de conflit, avec plus de cinquante-cinq mille morts, selon les chiffres des autorités locales de Gaza, en majorité des femmes et des enfants. Les survivants ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes. Leur vie a été bouleversée à jamais par un traumatisme indescriptible et une perte profonde. En Cisjordanie occupée, les déplacements et la destruction des infrastructures publiques modifient la démographie des camps palestiniens, dans le but d’effacer la perspective d'un état palestinien dans le cadre de la solution à deux états qui est soutenue par l'ONU et de priver les palestiniens de leur statut de réfugiés. L’UNRWA est devenu une cible dans cette guerre. Trois cent dix-huit membres du personnel de l’UNRWA sont morts à Gaza depuis l'attaque perpétrée le Samedi 7 Octobre 2023 contre Israël par le Hamas et d'autres militants. Le personnel international de l’UNRWA a été expulsé et une campagne de désinformation vise à paralyser son financement. Malgré ces pressions, l'UNRWA continue de fournir des services vitaux, dont plus de quinze mille consultations médicales par jour, la gestion des déchets et l'aide au logement. La situation financière de l'UNRWA est désormais désespérée. Sans financement supplémentaire, je vais bientôt devoir prendre des décisions sans précédent qui affecteront nos opérations dans toute la région. J’appelle les états membres à agir de toute urgence. La perte ou la réduction soudaine des services de l'UNRWA ne fera qu'aggraver les souffrances et le désespoir dans tous les Territoires Palestiniens Occupés. Cela pourrait déclencher des troubles dans les pays voisins, ce que la région ne peut pas se permettre, surtout en ce moment ».