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26 novembre 2014 3 26 /11 /novembre /2014 18:28

http://www.liberation.fr/politiques/2014/11/23/financement-du-front-national-marine-le-pen-en-eau-rouble_1149294

Financement du Front National, Marine Le Pen en eau rouble

Par Lorraine Millot et Jonathan Bouchet Petersen

Lundi 24 Novembre 2014

Mediapart révèle qu’une banque russe proche du Kremlin a octroyé un prêt de neuf millions d’euros au parti d’extrême droite.

Le Front National de Marine Le Pen, dont la bienveillance à l’égard de la Russie de Vladimir Poutine est une constante, a-t-il trouvé un soutien financier au Kremlin, tel le Parti Communiste Français au siècle dernier ? La question se pose depuis que Mediapart a révélé samedi que le parti d’extrême droite avait obtenu en septembre 2014 un prêt de neuf millions d’euros auprès de la modeste First Czech Russian Bank (FCRB), basée à Moscou. Deux millions ont déjà été débloqués.

Deal. Ce prêt n’a rien d’illégal, il ne s’agit pas d’un don, ce qui le soustrait d’ailleurs au contrôle de la commission nationale des financements politiques, mais son origine met sur la table la question de l’ingérence d’une puissance étrangère dans la vie politique française.

D’autant que la FCRB est « de facto entre les mains d’un ancien cadre bancaire de l’état » russe, Roman Yakubovich Popov, assure Mediapart. Le site rappelle au passage que, dans les années 1990, c’est pour un prêt fictif auprès d’une banque italienne que les dirigeants du Parti Républicain ont été condamnés pour « blanchiment » en 2004.

Si le Front National n’a pas respecté sa « préférence nationale », ce serait faute de réponse positive en France mais aussi en Espagne et aux Etats-Unis. « Est-ce que les banques sont frileuses depuis que Nicolas Sarkozy a triché lourdement avec ses comptes de campagne ? Ou est-ce que c’est un traitement qui nous est réservé, au Front National ? » Marine Le Pen a posé la question dans « C Politique », sur France Cinq dimanche. Quand, fin octobre dans l’Observateur, elle avait abordé la difficulté de son parti à emprunter, la frontiste avait parlé d’un prêt russe comme d’une piste parmi d’autres, alors que l’affaire était conclue depuis le mois précédent. L’information devait rester secrète. Le Front National a annoncé envisager une plainte contre Mediapart.

Dans ce deal, le député européen Jean-Luc Schaffhauser a eu un rôle central. Cet ancien consultant chez Dassault a été bombardé tête de liste aux dernières municipales à Strasbourg, puis élu lors des élections européennes en Ile-de-France, sur la liste conduite par Aymeric Chauprade, un proche conseiller de Marine Le Pen. Pro-russes, ils ont tous deux été « observateurs » lors du « référendum » organisé par les séparatistes en mars en Crimée, et Jean Luc Schaffhauser l’a été aussi pendant les « élections » début novembre à Donetsk en Ukraine.

Alors que Marine Le Pen, fan de Vladimir Poutine, s’est rendue plusieurs fois à Moscou depuis qu’elle dirige le Front National, Mediapart raconte un autre déplacement, en février 2014, qui n’avait, lui, pas été rendu public et au cours duquel Jean Luc Schaffhauser lui aurait présenté l’influent député nationaliste, Alexander Mikhailovich Babakov. Conseiller de Vladimir Poutine en charge de la coopération avec les organisations russes à l’étranger, il fait partie des personnalités interdites d’entrée dans l’Union Européenne, dans le cadre des sanctions contre la Russie pour son activisme en Ukraine. Lors de cette visite, Marine Le Pen aurait même rencontré Vladimir Poutine pour la première fois.

Pipeline. Le nom d’un oligarque très proche du chef du Kremlin, grand dignitaire de la relation franco-russe, apparaît aussi, Guennadi Timchenko.

Sixième fortune du pays, il contrôle le géant du pipeline Stroïtransgaz, principal actionnaire de la FCRB. Jusqu’à peu, Guennadi Timchenko était aussi un interlocuteur recherché par les plus autorités françaises, en juillet 2013, il a reçu la Légion d’Honneur, pour sa contribution à la collection d’art russe au Louvre et surtout son partenariat avec Total pour l’exploitation du gaz du Yamal. Sous le coup de sanctions américaines pour sa proximité avec le régime expansionniste de Vladimir Poutine, il a été épargné par ses amis européens.

« Si soudain, la soixantaine passée, il voulait se lancer dans des financements politiques, il aurait sans doute des moyens plus discrets pour le faire », assure à Libération Pavel Chinsky, responsable de la chambre de commerce franco-russe, dont Guennadi Timchenko préside le conseil économique.

Alexis Prokopiev, président de l’association Russie-Libertés, qui tente de contrer les réseaux poutiniens en France, voit, lui, dans ce prêt une confirmation de ses « soupçons, derrière la proximité idéologique avec Vladimir Poutine, revendiquée par certains hommes politiques français, il y a bien un aspect financier non négligeable. Cela repose la question de l’avancée du national poutinisme en Europe ».

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