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28 mai 2016 6 28 /05 /mai /2016 15:00

http://www.lemonde.fr/europe/article/2016/05/28/en-espagne-le-parti-socialiste-joue-sa-place_4928266_3214.html

En Espagne, le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE) joue sa place

Le PSOE, pris en étau entre les conservateurs du Parti Populaire et Podemos, craint d'être le grand perdant des élections législatives du Dimanche 26 Juin 2016

Par Sandrine Morel, correspondante permanente du Monde à Madrid

« Il n’y aura pas de troisième scrutin », a promis le secrétaire général du PSOE, Pedro Sanchez, Vendredi 27 Mai 2016, lors des journées organisées par le cercle d’économie qui, chaque année, réunit le gratin du monde de l’entreprise et les leaders politiques espagnols à Sitges, en Catalogne.

Cette affirmation, sans détours ni nuances, n’est pas anodine. Elle semble indiquer que le PSOE est prêt, s’il échoue à sceller un accord avec le parti de la gauche anti-austérité Podemos, comme cela s’est produit après les élections du Dimanche 20 Décembre 2015, à laisser le Parti Populaire de Mariano Rajoy gouverner après les élections législatives du Dimanche 26 Juin 2016.

L’ambiance est tendue et les nerfs à fleur de peau chez les socialistes espagnols. Après avoir réalisé le pire score de leur histoire au mois de décembre 2015, avec vingt deux pour cent des voix, quatre vingt dix sièges sur trois cent cinquante au parlement, ils ne sont pas loin de penser qu’ils jouent leur avenir au mois de juin 2016. Si les sondages se confirment, le PSOE pourrait perdre sa position de premier parti de gauche au profit de l’alliance entre Podemos et les néocommunistes d'Izquierda Unida, Unidos Podemos. Une perspective qui pourrait conduire le parti « au bord de la rupture », indique au Monde un responsable socialiste.

Déjà, au sein du parti, on envisage tous les scénarios. S’abstenir pour laisser gouverner le Parti Populaire, assuré d’arriver en tête du scrutin ?

Envisageable seulement si l’addition des élus conservateurs et de ceux du parti centriste et libéral Ciudadanos avoisine les cent soixante seize députés, soit la majorité absolue, et qu'il n'y a donc pas de majorité alternative. Gouverner avec Podemos ? A condition que le soutien des indépendantistes catalans ne soit pas indispensable, soit parce qu'ils obtiennent sans eux la majorité absolue, soit parce qu'ils intègrent Ciudadanos à leur accord. Soutenir un gouvernement présidé par Podemos ? Impossible, disent-ils, le risque de diviser le parti et de se faire dévorer par la jeune formation est trop grand.

La division, en réalité, est déjà à l'oeuvre au sein du PSOE, entre ceux qui considèrent qu'un gouvernement avec Podemos est possible et ceux qui s'y opposent fermement. Mardi 17 Mai 2016, après cinq jours de tensions, Pedro Sanchez a dû intervenir pour empêcher le président socialiste de la région de Valence, Ximo Puig, de signer un accord avec Podemos et un parti local, Compromis, visant à présenter une liste unique pour les élections sénatoriales, qui ont lieu en même temps que les élections législatives.

L'objectif était de barrer la route au Parti Populaire, qui a obtenu la majorité absolue à la chambre haute le Dimanche 20 Décembre 2015. Mais pour le secrétaire général socialiste, un tel accord aurait remis en cause la singularité du projet socialiste et envoyé un message confus aux électeurs.

Pedro Sanchez a aussi eu du mal à expliquer l’entrée, Mercredi 25 Mai 2016, du Parti Socialiste Catalan (PSC) dans le gouvernement municipal de Barcelona en Comu, la plate forme citoyenne menée par la militante du droit au logement Ada Colau et soutenue par Podemos, alors qu’il multiplie, depuis plusieurs semaines, les attaques contre la formation de Pablo Iglesias. Il a fini par justifier la décision en expliquant que les socialistes vont permettre de « redresser la barre et d’en finir avec les poses de la maire », ce à quoi Ada Colau lui a répondu qu’il devrait « s’occuper de ses propres incapacités ».

Pour ne pas désorienter davantage son électorat, Pedro Sanchez a enjoint aux socialistes madrilènes, qui envisagent eux aussi d’entrer dans le gouvernement de la capitale espagnole d’Ahora Madrid, la plate forme menée par l’ancienne juge Manuela Carmena soutenue par Podemos, d’attendre la fin de la campagne.

Pedro Sanchez, économiste de quarante quatre ans méconnu du grand public avant son élection lors d’élections primaires internes très disputées en 2014, se trouve dans une situation délicate. Il est pris en étau entre le Parti Populaire, qui mise sur une bipolarisation de la campagne électorale entre le Parti Populaire et Podemos dont il tire profit, et Podemos, qui chasse sur ses plates bandes électorales et profiterait d’une alliance entre le Parti Populaire et le PSOE pour se positionner comme le seul parti d’opposition. Il doit en outre mener au sein de son parti une lutte de pouvoir avec Susana Diaz. La présidente de l’Andalousie, le principal réservoir de voix socialistes, est soupçonnée de vouloir prendre la tête de la formation.

Echaudée par ses mauvaises relations avec Podemos en Andalousie, où elle gouverne grâce au soutien du parti centriste libéral Ciudadanos, celle qui est aussi présidente du conseil politique du PSOE est partisane de laisser le Parti Populaire gouverner seul s’il arrive en tête.

Omniprésente durant la pré campagne, elle a prévenu récemment que, après les élections législatives, « le PSOE ouvrira un processus de réflexion interne ».

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