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8 juin 2015 1 08 /06 /juin /2015 20:13

http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/06/08/grece-m-tsipras-a-perdu-le-soutien-dont-il-beneficait-a-bruxelles_4649286_3234.html

Alexis Tsipras a perdu le soutien dont il bénéficiait à Bruxelles

Par Adéa Guillot, correspondante du Monde à Athènes, Frédéric Lemaître, correspondant du Monde à Berlin, et Cécile Ducourtieux, correspondante du Monde à Bruxelles

Le moins que l’on puisse dire c’est que le « dossier grec » n’a pas avancé d’un iota ce week-end, au contraire. Dimanche 7 Juin 2015, au sommet du G7, à Elmau, en Allemagne, le président américain, Barack Obama, a certes lancé une mise en garde aux européens, les pressant d’agir. Mais la « crise » s’est, au contraire, accentuée entre le gouvernement grec et ses créanciers, tout particulièrement entre Athènes et la commission européenne.

Alors qu’il avait semblé, ces dernières semaines, que Bruxelles faisait preuve d’une certaine mansuétude à l’égard du premier ministre grec, Alexis Tsipras, le président de la commission européenne, Jean-Claude Juncker, a commenté, dimanche, de façon fort peu diplomatique le comportement du chef du gouvernement grec ces derniers jours. Au point que l’on peut se demander si Alexis Tsipras n’a pas « grillé » l’un des rares soutiens dont il bénéficiait.

Jean Claude Juncker a accusé Alexis Tsipras d’avoir menti lors de leur rencontre à Bruxelles, Mercredi 3 Juin 2015, à l’issue de laquelle Alexis Tsipras a rejeté un projet d’accord, puis encore, Vendredi 5 Juin 2015, lors de son discours devant le parlement, au cours duquel il avait qualifié « d’absurdes » les propositions des créanciers, le Fonds Monétaire International (FMI), la Banque Centrale Européenne (BCE) et la commission européenne.

« Il faut respecter un minimum de règles »

« Il n’y a pas eu de négociation, Mercredi 3 Juin 2015, parce que la partie grecque n’était pas en état de négocier. Mon ami, Alexis Tsipras, m’a promis de me présenter une proposition alternative avant Jeudi 4 Juin 2015. Puis il a promis de me la présenter Vendredi 5 Juin 2015. Samedi 6 Juin 2015, il voulait me téléphoner mais je n’avais toujours pas sa proposition », a raconté Jean Claude Juncker.

Manifestement très remonté, Jean Claude Juncker a dit avoir été « un peu déçu par le discours du premier ministre grec au parlement d’Athènes Vendredi 5 Juin 2015 », reprochant à Alexis Tsipras d’avoir « présenté l’offre des trois institutions comme à prendre ou à laisser, ce qui n’était pas le message qui lui a été donné. Il a présenté l’offre des trois institutions comme étant la mienne et la mienne uniquement. Il sait parfaitement bien que ce n’est pas le cas. Et il sait parfaitement que durant la réunion que nous avons eue Mercredi 3 Juin 2015 j’étais tout à fait prêt à discuter des principaux points de désaccord entre la Grèce et les trois institutions », a ajouté Jean Claude Juncker, précisant qu’Alexis Tsipras « était mon ami et il l’est encore, mais si l’on veut conserver l’amitié, il faut respecter un minimum de règles ».

Une relation de confiance semblait s’être établie

Jean Claude Juncker a d’autant plus de raisons d’être ulcéré que, jusqu’à présent, la commission européenne, et lui en particulier, ont tout fait pour maintenir le lien et faire le « trait d’union » entre Athènes et les positions rigoristes du gouvernement allemand et du FMI.

Dès le début des négociations avec le gouvernement grec, Jean Claude Juncker s’est personnellement impliqué. « Il ne fait plus que cela ces dernières semaines » confient des proches. « Jean Claude Juncker a été huit ans durant président de l’Euro-groupe, de 2005 à 2013, il a suivi toute la crise grecque, il aime ce pays et il y a un vrai réseau », ajoute une source européenne.

Jean Claude Juncker a essayé « d’épauler » Alexis Tsipras en lui proposant les services de la « task force Grèce » de la commission européenne, une équipe de techniciens prêts à aider l’administration à Athènes. Il a également demandé au vice-président de la commission européenne, Valdis Dombrovskis, de travailler, avec Athènes, à tenter de débloquer au plus vite les fonds structurels auxquels la Grèce pouvait prétendre.

Une relation de confiance avait, semble-t-il, réussi à s’établir entre Jean Claude Juncker et Alexis Tsipras, que près de vingt ans séparent. Le président de la commission européenne paraissait être l’un des rares interlocuteurs de haut niveau à qui Alexis Tsipras pouvait parler en baissant un peu la garde, le courant avec d’autres acteurs du dossier grec, notamment le président de l’Euro-groupe, Jeroen Dijsselbloem, ne passant vraiment plus.

« Pas de nouvelle rencontre sans nouvelles propositions »

Sur le fond, la commission européenne a par ailleurs beaucoup travaillé sur un projet d’accord, qui puisse être « endossable » politiquement par Alexis Tsipras. C’est Bruxelles, selon nos informations, qui a, la première, proposé de laisser à Athènes une marge de manœuvre budgétaire plus conséquente que prévu initialement par les créanciers, un excédent primaire d’un pour cent du Produit Intérieur Brut (PIB) du pays en 2015, de deux pour cent en 2016 et de trois pour cent en 2017.

Concernant la réforme des retraites, la commission européenne plaidait pour des mesures moins dures que celles avancées par le FMI, qui veut qu’Athènes assure l’équilibre de son système dès 2015, voire pour que les mesures les plus radicales, comme l’allongement de la durée effective du travail, soient remises à plus tard, quand l’économie du pays se serait redressée.

Après le rejet du projet d’accord par Athènes, Mercredi 3 Juin 2015, la commission européenne était encore prête à travailler à un compromis. Elle apparaît désormais beaucoup plus réticente.

« Il n’y aura pas de nouvelle rencontre entre Alexis Tsipras et Jean Claude Juncker organisée à Bruxelles avant que les grecs ne reviennent avec quelque chose, de nouvelles propositions concrètes de compromis », assurait une source européenne, Dimanche 7 Juin 2015.

Pour autant, Jean Claude Juncker n’a jamais caché qu’il fera tout pour éviter un Grexit, une sortie de la Grèce de la zone euro. Il est donc probable qu’il saura surmonter son exaspération.

Il y est bien parvenu avec le premier ministre britannique, David Cameron, qui a tout fait pour lui barrer la route de la présidence de la commission européenne, en juillet 2014, mais avec qui il accepte désormais de discuter d’un nouveau contrat entre le Royaume-Uni et l’Europe.

Rencontre à Berlin, Lundi 8 Juin 2015

En attendant, le ministre grec des finances, Yanis Varoufakis devait rencontrer, Lundi 8 Juin 2015 dans la matinée à Berlin, son homologue allemand Wolfgan Schäuble. Et Alexis Tsipras devrait rencontrer, Mercredi 10 Juin 2015 à Bruxelles, François Hollande et Angela Merkel.

L’objectif du gouvernement grec est de reprendre les négociations et de les faire avancer de façon à pouvoir présenter Mercredi 10 Juin 2015 un nouveau document de propositions.

Athènes semblerait prêt à accepter les niveaux d'excédent primaire fixés par les créanciers à condition qu’un compromis puisse être trouvé sur les retraites, et notamment la prime aux retraites les plus faibles, et sur la TVA, que la taxe sur l'énergie électrique ne passe pas à vingt-trois pour cent.

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