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2 août 2015 7 02 /08 /août /2015 18:56

GREXIT DE GAUCHE CONTRE GREXIT DE DROITE

Dans mon dernier message relatif à la Grèce, je faisais le bilan des cinq mois de négociations entre la troïka et la Grèce entre février 2015 et juin 2015.

Deux évènements exceptionnels et contradictoires provoquaient la fin de ces interminables négociations.

La victoire du non au référendum du 5 juillet 2015 était une victoire du peuple grec mais ce n’était pas la victoire finale. A l’inverse, la signature par l’actuel premier ministre grec de l’accord du 13 juillet 2015, par laquelle il franchissait lui-même ses propres lignes rouges pendant cinq mois de négociations, était une défaite du peuple grec, mais ce n’était pas non plus la défaite finale.

Nous connaissons déjà les premières conséquences économiques et politiques de ces deux évènements exceptionnels.

Il y a d’abord les conséquences économiques. Pendant un an, depuis le mois d’août 2014, longtemps avant la victoire de Syriza aux élections législatives du mois de janvier 2015, la troïka refusait le versement de la dernière tranche de sept milliards d’euros du deuxième mémorandum. Après la fin officielle du deuxième mémorandum en juin 2015 et la signature de l’accord du 13 juillet 2015, la troïka acceptait immédiatement le versement d’un prêt de sept milliards d’euros.

La Grèce devait en juillet 2015 le remboursement d’une échéance d’un prêt de cinq milliards d’euros à la Banque Centrale Européenne (BCE) et de deux milliards d’euros au Fonds Monétaire International (FMI). Le nouveau prêt de la troïka servait donc intégralement au remboursement des échéances des prêts de la BCE et du FMI du mois de juillet 2015. C’étaient des écritures comptables, le peuple et l’économie grecque n’en voyaient pas un centime.

Les conséquences politiques sont plus importantes. Les ministres de la plateforme de gauche de Syriza quittaient le gouvernement. Syriza n’a plus de majorité au parlement. L’augmentation de la TVA, la nouvelle baisse des retraites et l’instauration du nouveau fonds pour les privatisations de cinquante milliards d’euros, dans une situation dans laquelle la totalité des privatisations des deux premiers mémorandums rapportaient au total trois milliards d’euros, passaient au parlement par le vote des députés de la Nouvelle Démocratie et du Pasok. Le deuxième gouvernement Tsipras est un gouvernement d’union nationale de la majorité de Syriza, de la Nouvelle Démocratie et du Pasok. Cette situation ne durera pas longtemps.

La plateforme de gauche de Syriza fait des discours pour l’unité du parti. L’unité de Syriza est une unité virtuelle, exactement comme les négociations entre la troïka et la Grèce pendant cinq mois étaient des négociations virtuelles. Il y avait finalement une réunion du comité central de Syriza à la fin du mois de juillet 2015.

Il y aura un congrès extraordinaire de Syriza en septembre 2015. Il y aura une scission de Syriza entre la majorité et la plateforme de gauche, et le plus tôt sera le mieux.

Cette situation politique n’est pas stable. Il y aura une dissolution du parlement, de nouvelles élections législatives et la plateforme de gauche présentera des candidats contre les candidats de la majorité de Syriza.

Il y a une illusion selon laquelle il y a de nouvelles négociations entre la troïka et la Grèce pour la signature d’un troisième mémorandum. Les fonctionnaires de la troïka, le véritable nouveau gouvernement de la Grèce, sont à Athènes. Nous connaissons déjà la suite, le scenario du film. Il y aura des négociations pendant plusieurs semaines, la troïka demandera de nouvelles réformes réactionnaires, la majorité de Syriza fera des discours et puis après une nouvelle nuit blanche elle acceptera encore une fois le diktat de la troïka.

C’est la célèbre théorie sociale-démocrate du moindre mal. Une politique de droite faite par un gouvernement de gauche, ce serait un moindre mal par rapport à une politique de droite faite par un gouvernement de droite. Toute l’histoire prouve le contraire. Une politique de droite faite par un gouvernement de droite est une politique réactionnaire et une politique de droite faite par un gouvernement de gauche est généralement une politique encore plus réactionnaire.

La Grèce doit au mois d’août 2015 le remboursement d’une échéance de prêt de trois milliards d’euros à la BCE. La troïka fera un prêt de trois milliards d’euros pour le remboursement de l’échéance du prêt de la BCE, et ainsi de suite.

Quand la bobine du film arrivera à sa fin, on la passera une nouvelle fois. Il n’y a aucune solution de sortie de crise dans ces gesticulations économiques et politiques.

Il y a deux et seulement deux solutions économiques à moyen et à long terme.

Dans les deux cas, c’est le Grexit, la sortie de la Grèce de la zone euro. Il y a le Grexit de droite de Wolfgang Schaüble et de la fraction la plus réactionnaire de l’impérialisme allemand et il y a le Grexit de gauche de la plateforme de gauche de Panagiotis Lafazanis.

Bernard Fischer

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