Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
17 août 2016 3 17 /08 /août /2016 19:48

https://rsf.org/fr/actualites/turquie-un-quotidien-kurde-ferme-manu-militari-une-vingtaine-de-journalistes-arretes

Un quotidien kurde fermé manu militari, une vingtaine de journalistes arrêtés

Mercredi 17 Août 2016

Reporters Sans Frontières (RSF) dénonce la fermeture du quotidien kurde Özgür Gündem et l’interpellation d’une vingtaine de journalistes, Mardi 16 Août 2016 à Istanbul.

Un tribunal d’Istanbul a ordonné la suspension indéfinie d’Özgür Gündem, Mardi 16 Août 2016, accusant le quotidien de se faire le porte-parole du parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et de se livrer ainsi à la « propagande d’une organisation terroriste ». La police a investi le siège du quotidien à Istanbul, elle a saisi des ordinateurs et elle a interpellé au moins dix-sept membres de la rédaction. Deux reporters de l’agence DİHA et deux collègues de la chaîne de télévision IMC, qui se trouvaient dans les locaux, ont également été arrêtés.

« Doit-on s’habituer à voir des rédactions prises d’assaut par la police en Turquie », s’interroge Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie Centrale de RSF. « La suspension d’un média est la forme de censure la plus extrême, qui démontre une volonté de bâillonner et non de contester une ligne éditoriale. Avec cette mesure inacceptable, un nouveau coup est porté au pluralisme et un puissant signal d’intimidation est envoyé à tous les journalistes de Turquie. RSF exige la levée immédiate des mesures prises contre Özgür Gündem ».

Lancé en 1992 au plus fort des affrontements entre l’armée turque et la rébellion kurde du PKK, Özgür Gündem a une longue histoire de persécutions, interdit entre 1994 et 2011, le journal a été contraint de changer régulièrement de nom. De nombreux correspondants du titre ont été assassinés entre 1992 et 1995 et sa rédaction a été plastiquée en 1994. Moins sanglantes, les années suivantes ont néanmoins vu se succéder perquisitions, arrestations et saisies. Trois défenseurs des droits humains, dont le représentant de RSF en Turquie, Erol Önderoğlu, ont passé une dizaine de jours en prison au mois de juin 2016 et sont toujours en procès pour avoir pris part à une campagne de solidarité avec Özgür Gündem.

Le site internet d’Özgür Gündem est bloqué en Turquie depuis la reprise des affrontements entre l’armée turque et le PKK au mois de juillet 2015.

La justice a également demandé le blocage de son compte Twitter à la fin du mois de juillet 2016. Au mois d’octobre 2015, RSF a publié un rapport sur les rapports entre la question kurde et la liberté de la presse en Turquie.

La Turquie occupe la cent-cinquante-et-unième place, sur cent quatre vingt, au classement mondial de la liberté de la presse pour l’année 2016, publié par RSF. Déjà grave, la situation des médias s’est encore alourdie dans le cadre de la chasse aux sorcières enclenchée par le coup d’état avorté du Vendredi 15 Juillet 2016, cent deux médias critiques ont été liquidés par décret, un état d’urgence drastique a été instauré et pas moins de quarante quatre journalistes ont été placés en détention provisoire, rendant à la Turquie la palme de la plus grande prison du monde pour les professionnels des médias.

Les journalistes interpellés sont Günay Aksoy, Kemal Bozkurt, Reyhan Hacıoğlu, Önder Elaldı, Ender Öndeş, Sinan Balık, Davut Uçar, Fırat Yeşilçınar, İnan Kızılkaya, Zeki Erden, Elif Aydoğmuş, Bilir Kaya, Ersin Çaksu, Sevdiye Ergürbüz, Amine Demirkıran, Bayram Balcı, Burcu Özkaya du quotidien Özgür Gündem, Özgür Paksoy et Mesut Kaynar de l’agence DİHA et Gülfem Karataş et Gökhan Çetin de la chaîne de télévision IMC.

Partager cet article
Repost0

commentaires