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22 octobre 2016 6 22 /10 /octobre /2016 14:52

 

http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2016/10/22/coup-de-force-judiciaire-au-venezuela_5018545_3222.html

 

Coup de force judiciaire au Venezuela 

La collecte des signatures de vingt pour cent des électeurs en vue de l’organisation d’un référendum révocatoire du président Nicolas Maduro a été annulée Vendredi 21 Octobre 2016. 

Par Marie Delcas, correspondante du Monde à Bogota 

Coup de force ou aveu de faiblesse, les autorités vénézuéliennes ont annoncé, Vendredi 21 Octobre 2016, le report sine die du référendum révocatoire demandé par l’opposition pour écourter le mandat du président chaviste Nicolas Maduro. Dans un communiqué, le Conseil National Electoral (CNE) dit « appliquer les mesures ordonnées par les tribunaux » et ordonne « la suspension du processus de collecte des signatures jusqu’à nouvel ordre judiciaire ». Etape nécessaire pour l’organisation d’un référendum révocatoire, la collecte des signatures de vingt pour cent des électeurs devait avoir lieu du Mercredi 26 Octobre au Vendredi 28 Octobre 2016. 

Dans l’après-midi du Vendredi 21 Octobre 2016, l'ancien candidat présidentiel Henrique Capriles a dénoncé « un coup d'état contre tous les vénézuéliens ». « Le CNE a fermé la soupape d’une sortie pacifique à la crise », se désolent à l’unisson les opposants. « Seules les dictatures privent les citoyens de leurs droits », a renchéri Luis Amalgro, secrétaire général de l’Organisation des Etats Américains (OEA). A Washington, le porte-parole du département d'état a condamné la décision du CNE. 

A l’occasion de la collecte des signatures, la coalition d’opposition, la table de l’unité démocratique (MUD), espérait une mobilisation massive des électeurs, exaspérés par la récession et la dégradation de leurs conditions de vie. Selon le Fonds Monétaire International (FMI), la chute du Produit Intérieur Brut (PIB) vénézuélien pourrait cette année atteindre dix pour cent et l'inflation pourrait atteindre cinq cent pour cent. Selon l’institut de sondage Datanalisis, soixante seize pour cent des vénézuéliens souhaitent le départ de Nicolas Maduro. « Le gouvernement a tué la seule issue démocratique », a déclaré le chaviste dissident Nicmer Evans. 

« Pas de référendum » 

Henrique Capriles qui, au sein de la MUD, défend la voie de la légalité et du référendum contre l’aile la plus radicale, qui rêve de voir le pays se soulever, s’est exprimé sur un ton particulièrement énergique. « Il appartient aux démocrates de défendre la démocratie », a-t-il martelé, « et de souhaiter que les militaires fassent respecter la constitution ». Il a appelé ses compatriotes à se mobiliser massivement à partir du Mercredi 26 Octobre 2016. « Nous allons occuper le Venezuela de bout en bout », a-t-il annoncé. « Etre pacifique ne veut pas dire être idiot. S’ils veulent nous mettre en prison, qu’ils essayent ». 

Jeudi 20 Octobre 2016, le tribunal pénal de première instance de la ville de Valencia, dans l’état du Carabobo, avait interdit la sortie du territoire d’Henrique Capriles, ainsi que celle de Jesus Torrealba, secrétaire général de la MUD, et de six autres responsables de l’opposition. Pour sa part, Lilian Tintori, épouse de Leopoldo Lopez, le dirigeant d’opposition condamné à quatorze ans de prison, a appelé les vénézuéliennes à manifester Samedi 22 Octobre 2016, en invoquant « le trois cent cinquantième article de la constitution qui reconnaît le droit à la désobéissance civile ». 

Les dirigeants chavistes se sont, eux, réjouis de la décision de justice qui a conduit à la suspension du référendum révocatoire. « La contre-attaque du chavisme ne fait que commencer », a prévenu publiquement le député et vice-président du Parti Socialiste Unifié du Venezuela (PSUV), Diosdado Cabello. Les opposants peuvent pleurnicher tout ce qu’ils veulent, mais il n’y aura pas de référendum ». 

Pour que le CNE accepte de mettre en œuvre la procédure susceptible de déboucher sur l’organisation d’un référendum, la loi exige qu’un pour cent des électeurs se manifeste. Le 2 mai 2016, la MUD avait donc présenté quelque deux millions de signatures au CNE, soit dix fois plus que nécessaire. Après plusieurs semaines d’examen, le CNE en a finalement validé trois cent quatre vingt dix neuf mille quatre cent douze, un chiffre suffisant pour mettre en œuvre la procédure d’organisation du référendum. 

Mais plusieurs dirigeants chavistes ont alors accusé en justice la MUD de « fraude électorale ». Jeudi 20 Octobre 2016, cinq tribunaux de première instance de province leur ont donné raison et ont simultanément invalidé cette première collecte de signatures. C’est sur la base de ces décisions de justice que le CNE a décidé de suspendre la procédure d’organisation du référendum. Selon des chavistes, plusieurs milliers de signatures sont celles de personnes mortes, de mineurs ou de citoyens condamnés pour crimes graves. 

Le président Nicolas Maduro a quitté Jeudi 20 Octobre 2016 son pays pour une courte tournée, durant laquelle il espère obtenir des pays pétroliers qu’ils acceptent de réduire leur production pour faire remonter le cours du baril. D’Azerbaïdjan, il a appelé ses compatriotes « au calme et au dialogue ». Henrique Capriles a accusé le chef de l’état d’avoir abandonné « le pays et son poste ».

 

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