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13 juin 2017 2 13 /06 /juin /2017 19:25

 

LE CIMETIERE DES ELEPHANTS

 

Par Bernard Fischer

 

Mardi 13 Juin 2017

 

La rédaction d’un message relatif à l’analyse de la situation politique intérieure française entre les deux tours des élections législatives est toujours un exercice difficile.

La recherche de signes de vie au milieu des ruines d’un premier tremblement de terre est toujours difficile quand la date d’un deuxième tremblement de terre d’une magnitude encore plus forte exactement au même endroit est une certitude une semaine jour pour jour après le premier tremblement de terre.

Il en va des deux tours des élections législatives comme il en va des deux tours des élections présidentielles. Les résultats des élections législatives de cette année ne sont pas des résultats normaux, exactement comme les résultats des élections présidentielles de cette année n’étaient pas des résultats normaux. En même temps, comme dirait Emmanuel Macron, les médias présentent ces résultats comme une surprise divine et comme une opération du Saint Esprit, surnaturelle et jupitérienne, comme s’ils n’étaient pas tout simplement un phénomène politique et social.

La chambre bleue Macron de cette année sera une chambre introuvable. En même temps, ce ne sera pas la première chambre introuvable de toute l’histoire des institutions de la cinquième république. La chambre bleue CRS du mois de juin 1968 était aussi une chambre introuvable.

Depuis la proclamation des résultats du premier tour des élections législatives, il y a déjà des milliers de messages et des centaines de milliers de pages relatives à la signification et à l’analyse de ces résultats.

Il faudrait certainement au moins un message de plusieurs dizaines de pages relatif à l’identité des anciens et des nouveaux députés et aux résultats en pourcentage et en nombre de voix.

Pour une présentation synthétique des résultats, j’écrirais seulement un certain nombre de considérations relatives au nombre des candidats du premier et du deuxième tour des élections législatives.

J’écrirais d’abord des considérations générales relatives au nombre des candidats du premier tour des élections législatives. Il y avait environ huit mille candidats dans cinq cent soixante dix sept circonscriptions, soit une moyenne d’environ quinze candidats par circonscription. Dans une situation dans laquelle il y avait environ six mille candidats au premier tour des élections législatives de 2012, il y avait donc cette année environ deux mille candidats supplémentaires par rapport à 2012. Dans une situation dans laquelle le taux d’abstention cette année était de cinquante et un pour cent, soit environ huit pour cent de plus par rapport à 2012, nous aboutissons à une moyenne d’environ quatre mille voix par candidat en 2012 et de trois mille voix par candidat en 2017. En douze mots, plus il y a de candidats, moins il y a de voix.

J’écrirais ensuite des considérations particulières relatives au nombre des candidats au deuxième tour des élections législatives de trois petites organisations de gauche, le Parti Socialiste, le Parti Communiste Français (PCF) et le Mouvement de la France Insoumise (MFI).

Le Parti Socialiste de Benoît Hamon n’est déjà plus le Parti Socialiste d’Epinay. La sociale démocratie française est aujourd’hui dans l’état dans lequel était la Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO) de Guy Mollet il y a cinquante ans dans les années 1960. La longue agonie de la SFIO commençait en 1958 par le coup d’état du général Charles de Gaulle, la dissolution de la quatrième république et la fondation de la cinquième république et elle finissait précisément par la fondation du nouveau Parti Socialiste au congrès d’Epinay sur Seine en 1971. Cette période de treize ans voyait la multiplication des clubs et des petites organisations de gauche, dont les principales d’entre elles étaient le Parti Socialiste Unifié (PSU), la Fédération de la Gauche Démocratique et Socialiste (FGDS) et la Convention des Institutions Républicaines (CIR). La sociale démocratie française est aujourd’hui exactement dans la même situation. C’est à nouveau le temps des clubs et des petites organisations de gauche.

Le PCF franchissait cette année une nouvelle étape de son interminable agonie. Quant au MFI, nous ne savons toujours pas si Jean Luc Mélenchon en fera tout simplement une véritable organisation politique.

Je prendrais dans ce message l’exemple d’une seule région, la région de l’Ile de France, pour des raisons de temps et de longueur du message.

J’écrirais normalement en fin de semaine un ou plusieurs autres messages relatifs à d’autres régions.

Dans la région de l’Ile de France, il y a huit départements et quatre vingt dix sept circonscriptions législatives.

Dans le département de Paris, il y a dix huit circonscriptions législatives et il y a au deuxième tour des élections législatives quatre candidats du Parti Socialiste et six candidats du MFI, dont un duel entre une candidate du Parti Socialiste et un candidat du MFI dans la quinzième circonscription.

Dans le département de la Seine et Marne, il y a onze circonscriptions et il y a un candidat du Parti Socialiste et un candidat du MFI au deuxième tour. Dans le département des Yvelines, il y a douze circonscriptions et il n’y a déjà plus aucun candidat de gauche au deuxième tour. Dans le département de l’Essonne, il y a dix circonscriptions et il y a trois candidats du MFI au deuxième tour. Dans le département des Hauts de Seine, il y a treize circonscriptions et il y a un candidat du PCF et un candidat du MFI au deuxième tour. Dans le département de la Seine Saint Denis, il y a douze circonscriptions et il y a trois candidats du PCF et cinq candidats du MFI au deuxième tour.

Dans le département du Val de Marne, il y a onze circonscriptions et il y a un candidat du Parti Socialiste et trois candidats du MFI au deuxième tour. Enfin, dans le département du Val d’Oise, il y a dix circonscriptions et il y a deux candidats du Parti Socialiste et un candidat du MFI au deuxième tour.

Faisons les additions ensemble, il n’y a pas de candidat du Parti Socialiste au deuxième tour dans quatre vingt neuf des quatre vingt dix sept circonscriptions franciliennes, il n’y a pas de candidat du PCF dans quatre vingt treize d’entre elles et il n’y a pas de candidat du MFI dans soixante dix sept d’entre elles.

Ces candidats sont extrêmement éphémères et volatiles. L’existence d’un certain nombre de candidats du Parti Socialiste au deuxième tour vient tout simplement de l’absence volontaire de candidats de la République En Marche (REM) contre eux.

La majorité de tous les candidats des trois petites organisations de gauche au deuxième tour des élections législatives affronteront des candidats de la REM, dans une situation dans laquelle les candidats de la REM obtenaient en moyenne quarante pour cent des voix au premier tour, dans laquelle les candidats des petites organisations de gauche obtenaient en moyenne dix pour cent des voix au premier tour et dans laquelle les candidats des petites organisations de gauche seront donc les prochaines et les dernières victimes du tsunami de la REM au deuxième et dernier tour des élections législatives.

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