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20 novembre 2017 1 20 /11 /novembre /2017 19:55

 

 

http://www.revolutionpermanente.fr/Pourquoi-Mediapart-est-l-ennemi-no1-de-Charlie-Hebdo-et-Valls-plus-que-tous-les-agresseurs-sexuels

 

Complicité intellectuelle, l'invention d'un nouveau délit d'opinion

 

Pourquoi Mediapart est l’ennemi numéro un de Charlie Hebdo et de Manuel Valls, plus que tous les agresseurs sexuels

 

Mardi 5 Novembre 2017, l'ancien premier ministre Manuel Valls, en mal de reconnaissance après son double échec politique de 2017, lançait une offensive médiatique contre Mediapart et Edwy Plenel, en accusant ce dernier de « complicité intellectuelle » avec les agressions sexuelles dont est accusé l’islamologue suisse Tariq Ramadan. S’en suivait la une diffamante de Charlie Hebdo contre l'ancien rédacteur en chef du Monde. Une semaine plus tard, Mercredi 15 Novembre 2017, Manuel Valls, sur BFM Télévision, persiste et signe contre le journal dans des termes d’une rare violence, « je veux qu’ils rendent gorge et qu’ils soient écartés du débat public ». Pourquoi tant de haine ? 

Parce que Mediapart est le média à la pointe des dénonciations des violences faites aux femmes

Mediapart, quotidien en ligne, uniquement financé par ses lecteurs et dirigé par Edwy Plenel, ancien directeur du Monde, a fait de la question des violences faites aux femmes et des agressions sexuelles un des axes majeurs de sa ligne éditoriale. Au mois de mai 2016, en collaboration avec France Inter, le journal est à l’origine des révélations concernant Denis Baupin, député d'Europe Ecologie Les Verts (EELV). Un véritable travail d’enquête réalisé permet de recueillir huit témoignages de collaboratrices et d’élues, dont la porte-parole d'EELV, Sandrine Rousseau, attestant avoir été victime de harcèlement sexuel et d’attouchements de la part de l’homme politique.

Depuis le mois de mai 2016 et dans l’émoi des révélations de l’affaire d'Harvey Weinstein, le quotidien multiplie les articles et les plateaux pour débattre de la question du harcèlement sexuel, dans le monde du spectacle, sur l’affaire de Roman Polansky et la polémique de la Cinémathèque, dans le monde du travail, au mouvement des entreprises de France (MEDEF) et dans les syndicats. Pas moins que pour les autres, Mediapart a également écrit sur l’affaire Tariq Ramadan, l’islamologue suisse, accusé d’agressions sexuelles par le biais de différents témoignages d’admiratrices ou d’anciennes étudiantes.

Sur ces questions et depuis l’exposition de cette problématique dans le débat public avec l’affaire d'Harvey Weinstein, Manuel Valls n’a pas pris publiquement position. Il faut dire que, en 2011, à l’occasion de l’affaire Dominique Strauss-Kahn et du Sofitel, ce dernier était extrêmement bienveillant à l’égard de son coreligionnaire du Parti Socialiste, allant même jusqu’à dénoncer l’atteinte à la présomption d’innocence faite par les médias. Et il aura fallu que les révélations d’agressions sexuelles portent sur Tariq Ramadan pour que Manuel Valls sorte de l’ombre et s’inquiète du sort fait aux femmes. C'est donc une indignation à géométrie très variable.

Parce que Mediapart n’est ni complaisant envers Tariq Ramadan, ni dans le déni d’un racisme contre les musulmans

Au mois d'avril 2016, Mediapart sortait, sous la plume de Mathieu Magnaudeix, une enquête fouillée sur la personnalité, la pensée et l’influence de Tariq Ramadan. Une enquête sans grande complaisance, le décrivant pour ce qu’il est, un intellectuel islamique, profondément réactionnaire et conservateur, proche des frères musulmans, un islamiste ayant une interprétation politique et sociale de l'islam, mais pas un djihadiste. Un « Eric Zemmour à l’envers » comme le dit Mathieu Magnaudeix qui a, avec les polémistes néo conservateurs qui inondent les plateaux de télévision, d'Eric Zemmour à Alain Finkelkraut en passant par Elizabeth Levy et Natacha Polony, le point commun d’être profondément antiféministe. Ces derniers peuvent d’ailleurs dire haut et fort que la campagne contre Harvey Weinstein a créé un climat de délation et de lynchage, sans que Manuel Valls vienne leur voler dans les plumes.

Car ce qui dérange Manuel Valls et Charlie Hebdo, ce n’est pas que des femmes soient agressées sexuellement au quotidien. C'est bien que Mediapart ne concède rien à cette fausse gauche qui se cache derrière la laïcité pour donner libre court aux amalgames et aux propos racistes. Mediapart a tout autant dénoncé les attentats de Charlie Hebdo et du Bataclan que la vague d’actes islamophobes qui est survenue en France à leur suite. Mediapart utilise le terme d’islamophobie au même titre que celui d’antisémitisme quand il est justifié. Mediapart reste intransigeant sur les valeurs de la gauche, là où Manuel Valls et Riss tombent dans l’ignoble. On se souvient des propos de Manuel Valls à Evry, où il y avait, à son goût, pas assez de « blancos », et des caricatures de Riss, dont celle sur « le petit Aylan, tripoteur de fesses », enfant syrien mort noyé retrouvé sur une plage grecque en 2015, reprise par le site néo-nazi d’Aube Dorée.

Parce que Mediapart parle des violences policières, du racisme et des irrégularités judiciaires

Face à cette gauche nationaliste et raciste, Mediapart tient la tranchée et ses valeurs, maintient un regard critique sur les politiques gouvernementales et va parfois jusqu’à critiquer l'état, au travers de sa police, en couvrant les questions de violences racistes et en ouvrant son plateau à Assa Traoré, sœur d’Adama Traoré, mort asphyxié lors d’une interpellation, et de sa justice lorsque celle-ci s’exempte des règles de droit, voir par exemple la couverture de Mediapart sur l’affaire d'Antonin Bernanos. Et c’est en vertu de cela que Manuel Valls et Charlie Hebdo, aussi paradoxal que cela puisse paraître, veulent faire taire Mediapart.

Parce que Manuel Valls et Charlie Hebdo veulent créer un délit d’opinion

« Je veux qu’ils reculent, qu’ils rendent gorge et qu’ils soient écartés du débat public », a déclaré Manuel Valls au sujet d’Edwy Plenel, face à Jean Jacques Bourdin sur BFM Télévision.

Le nouveau délit d’opinion est en place et il s’appelle la « complicité intellectuelle ». Riss de Charlie Hebdo n’y va pas non plus de main morte, « Edwy Plenel condamne une deuxième fois à mort Charlie Hebdo », a-t-il déclaré dans une nouvelle offensive contre le directeur de Mediapart conjointement menée avec l'ancien premier ministre.

Manuel Valls et Riss veulent black-lister Mediapart et faire tout simplement taire un média, incontrôlable car indépendant, dont la ligne éditoriale autant que l’audience grandissante dérange profondément la classe politique et médiatique. Leur outil, c'est la diffamation. Il n’y a pas plus de « complicité intellectuelle », un chef d’accusation pour le moins délirant, de Mediapart avec les agressions commises par Tariq Ramadan que de complaisance de la part d'Edwy Plenel et de son équipe à l’égard de l’islamologue suisse accusé de crime sexuel.

Après s’être attaqué aux libertés publiques et au droit de manifester alors qu’il était premier ministre, Manuel Valls, déchu, cherche à s’en prendre à la liberté d’expression en créant un précédent de délit d’opinion. C'est un comble pour Charlie Hebdo, devenu véritable défenseur de l’ordre moral.

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