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2 février 2019 6 02 /02 /février /2019 16:18

 

 

https://www.francetvinfo.fr/politique/emmanuel-macron/agression-d-un-manifestant-par-un-collaborateur-de-l-elysee/affaire-benalla-crase-on-vous-explique-l-affaire-du-contrat-russe-revelee-par-mediapart_3170861.html

 

Nous vous expliquons l'affaire du contrat russe révélée par Mediapart

Le site d'information révèle l'implication d'Alexandre Benalla dans un contrat signé entre Vincent Crase et un homme d'affaires russe. Devant la commission d'enquête du sénat, au mois de janvier 2019, les deux hommes ont pourtant nié l'intervention de l'ancien chargé de mission de l'Elysée.

Dans sa longue enquête publiée Jeudi 31 Janvier 2019, Mediapart affirme qu'Alexandre Benalla a été impliqué directement dans un contrat signé entre Vincent Crase et Iskander Makhmudov, un oligarque russe, proche de Vladimir Poutine. Il est soupçonné par plusieurs magistrats européens d'accointances avec l'un des pires groupes criminels moscovites. Les enregistrements publiés par le site d'information laissent d'ailleurs entendre que cette affaire inquiète Alexandre Benalla et Vincent Crase.

Qui est Iskander Makhmudov ?

Iskander Makhmudov, cinquante cinq ans, est un industriel russe proche de Vladimir Poutine. Le magazine Forbes estime sa fortune actuelle à sept milliards de dollars. Ancien interprète, il parle l'ousbek, le russe, l'anglais et l'arabe. Iskander Makhmudov est un oligarque qui s'est enrichi dans les années 1990, après l'éclatement du bloc soviétique, notamment en créant la société Ural Mining and Metallurgical Company (UMMC), un mastodonte de la métallurgie et l'un des principaux partenaires des sociétés françaises Alstom et Bouygues en Russie. Il est également actionnaire des sociétés Aeroexpress, Transmashholding et Kuzbassrazrezugol.

En Russie, Iskander Makhmudov est aussi présenté comme très investi dans des œuvres caritatives, programmes de logements, de cliniques, d'orphelinats et d'aides aux vétérans. Il a même offert la construction d'une patinoire à Sotchi pour les jeux olympiques d'hiver de 2014.

En Europe, ce n'est pas sa philanthropie qui a retenu l'attention de la justice. Des juges soupçonnent Iskander Makhmudov d'être personnellement lié à Izmaïlovskaya, un important groupe mafieux moscovite, et Tambovskaya-Malychevskaya, une organisation criminelle de Saint-Pétersbourg. Il est notamment soupçonné de blanchiment de capitaux, via l'une de ses sociétés. Mais lorsque le dossier a été transmis à la justice russe, dans le dos du procureur contre la corruption, l'enquête a été enterrée, racontait Mediapart, en 2016.

Iskander Makhmudov détient d'ailleurs plusieurs propriétés en France, achetées, selon Mediapart, grâce à des montages financiers pour plusieurs dizaines de millions d'euros, constitués d'entrelacs de sociétés dissimulées dans plusieurs paradis fiscaux, comme Chypre, le Luxembourg et Monaco, où il a également de nombreux intérêts.

Comment est-il lié à Vincent Crase ?

En 2018, Vincent Crase, ancien gendarme réserviste et ancien responsable adjoint de la sécurité de la République En Marche (REM), est l'unique actionnaire d'une jeune société de conciergerie baptisée MARS. Le 28 juin 2018, cette société reçoit un versement de deux cent quatre vingt quatorze mille euros depuis un compte bancaire appartenant à Iskander Makhmudov et domicilié à Monaco, comme le révèle Mediapart. Le virement met en alerte TRACFIN, le service contre le blanchiment de Bercy, précise Libération. Ce versement est lié à un contrat, renouvelable à chaque trimestre, qui prévoyait la protection des biens immobiliers en France de l'homme d'affaires et de sa famille à Monaco.

A l'époque du versement, Vincent Crase est encore salarié de la REM, mais il n'est plus en fonction à l'Elysée. « J'ai signé ce contrat le 6 juin 2018 alors que j'ai quitté le palais de l'Elysée le 4 mai 2018 », a-t-il déclaré devant la commission d'enquête sénatoriale, le 21 janvier 2019. Il assure d'ailleurs que les négociations pour ce contrat ont commencé après son départ de l'Élysée.

Sur les deux cent quatre vingt quatorze mille euros, un peu plus de la moitié est versée à la société de sécurité Velours. Il s'agit d'un sous-traitant de MARS, chargé d'exécuter le contrat, selon Mediapart. Mais dès les révélations du Monde sur les violences du premier mai 2018, au mois de juillet 2018, le sous-traitant refuse de le renouveler, craignant pour son image. Et la Société Générale, qui héberge le compte de MARS, réclame à Vincent Crase le contrat justifiant l'arrivée de trois cent mille euros depuis un compte monégasque, précise Vincent Crase. L'affaire tourne au vinaigre.

Que fait le nom d’Alexandre Benalla dans cette affaire ?

Mediapart assure que les discussions autour du contrat ont en réalité commencé bien plus tôt, dès l’hiver 2017. Elles se sont accélérées au mois de juin 2018, en présence d'Alexandre Benalla. Pour le site d'information, Alexandre Benalla est personnellement impliqué dans ce contrat, y compris dans ses montages financiers. L'ancien chargé de mission de l'Elysée a rencontré à plusieurs reprises le représentant de l'oligarque en France, l'homme d'affaires Jean-Louis Hagenauer, ajoute le site, photographie d’Alexandre Benalla et de Jean Louis Hagenauer jouant au babyfoot, au mois d’août 2018, à l'appui.

Lors de l'échange entre Vincent Crase et Alexandre Benalla, dont Mediapart révèle les enregistrements, ce dernier semble furieux contre Velours, qui a gelé le contrat. Les deux hommes cherchent une porte de sortie. Il faut couper la branche, conseille l'ancien chargé de mission de l'Elysée. « Il faut faire ce que nous avions prévu de faire et transférer. Il faut que tu disparaisses de la boîte », dit-il encore à Vincent Crase. Finalement, la société MARS disparaît, selon les mots de Vincent Crase devant une commission d'enquête du sénat, et une autre société est créée. Il s'agit de France Close Protection, dirigée par Yoann Petit, un proche d'Alexandre Benalla et ancien salarié de Velours.

Domiciliée à la même adresse que MARS, elle prend le relais au mois d’octobre 2018. « Au mois de novembre 2018, Alexandre Benalla est inscrit en tant que salarié de France Close Protection. Il touche douze mille quatre cent soixante quatorze euros, alors qu'il percevait des indemnités de retour à l'emploi entre trois mille quatre vingt dix sept et trois mille huit cent soixante et onze euros depuis son départ de l'Elysée », détaille Mediapart, précisant une information déjà révélée par le Canard Enchaîné. Détail surprenant souligné par Libération, France Close Protection a été « lancée avec un capital social de cent euros et son unique actionnaire est un homme de dix huit ans, majeur depuis seulement quelques mois ».

Alexandre Benalla a refusé de s'expliquer sur ce point, « c’est un ami qui m’a employé dans une mission qui restera confidentielle, j'en suis désolé », a-t-il déclaré à la commission d'enquête.

Pourquoi l'affaire est-elle gênante pour Alexandre Benalla ?

A l'époque des négociations et de la signature du contrat avec l'oligarque russe, Alexandre Benalla est donc chargé de mission à l'Elysée et habilité secret défense. « Un conseiller de l’Elysée utilisant son statut pour faire des affaires avec un milliardaire proche du pouvoir poutinien, la pratique interroge pour le moins », note Mediapart. Surtout si le milliardaire est sérieusement soupçonné de liens avec la mafia et le blanchiment. Pour Libération, une question reste toujours en suspens. Que savait l'Elysée ?

En outre, interrogé à plusieurs reprises sur les négociations entre la société de Vincent Crase et Iskander Makhmudov, Alexandre Benalla a toujours démenti son implication. Devant la commission d'enquête du sénat, il a déclaré que « je n'ai jamais contribué à une quelconque négociation ». Et Vincent Crase a aussi assuré qu'il n'était jamais intervenu. Si Alexandre Benalla et Vincent Crase ont menti alors qu'ils avaient prêté serment, ils risquent chacun jusqu'à cinq ans de prison et soixante quinze mille euros d'amende.

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