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4 juin 2019 2 04 /06 /juin /2019 18:18

 

 

https://lefildescommuns.fr/2019/06/03/nunez-rien-de-rien-il-ne-regrette-rien/

 

Laurent Nuñez, rien de rien, il ne regrette rien

Par Pablo Livigni

Lundi 3 Juin 2019

Le bras droit de Christophe Castaner a eu son Grand Jury, du moins sur Radio Télévision Luxembourg (RTL). À celles et ceux qui n’ont pas eu l’immense plaisir de l’écouter pendant cinquante minutes, ne cédez pas à la tentation. Rares furent les émissions où la négation a pu s’exprimer sous la forme d’une outrecuidance aussi catégorique. À en écouter le ministre, la répression de ces six derniers mois était un mirage vécu par les participants aveuglés par leur soif de justice sociale. « Ce n’est pas parce qu’une main a été arrachée et parce qu’un oeil a été éborgné » que la police a fauté. Ce n’est pas parce qu’on est ministre rattaché à l'intérieur que l’on doit raconter non plus n’importe quoi, mais faire corps avec les forces de police semble demander une forte propension à l’intoxication.

Voulant témoigner de l’atrocité de la machine répressive, une marche des mutilés et des blessés se tenait au même moment à Paris. À la liste des jeunes tombés sous les coups de la police dans les quartiers populaires, s’ajoutent les éborgnés et les mutilés du mouvement social. Mais que fait la police ?  « Cela crève les yeux », clament les manifestants. Mais, comme Christophe Castaner, il n’a rien vu, rien n’entendu, déclarant que « les choses se sont quand même globalement bien passées en matière d’ordre public » ou mieux, summum de la sottise, que « nos policiers et nos gendarmes ont sauvé la république ». Après le mensonge, le grotesque, qui peut penser que, aussi nombreux qu’ils aient pu être, les Gilets Jaunes menaçaient les fondements d’une cinquième république dépassée certes, mais redoutablement solide ? Qui peut, sans ironie, avancer qu’une vie brisée est un châtiment légitime à la protestation, même houleuse ? L’amour de la matraque sape à grand coup votre humanité.

C’est sans doute la force incroyable du pouvoir que de faire passer l’exceptionnel pour le normal, tandis que l’exceptionnalité de la violence ou du droit s’inscrit dans notre banal quotidien. Il est alors difficile de créer les repères d’un débat politique sincère. Cette fois pourtant, leurs robocops semblent avoir eu la main lourde. Lorsque BFM Télévision fait un reportage qui inclut quinze minutes sur les violences policières, il y a anguille sous roche. L’impunité d’ordinaire invisible a été révélée. Il est donc l’heure pour eux de sortir leur dernière atout.

« J’attends que la justice fasse son travail », acculés face au réel, c’est souvent leur dernière ligne de défense. Une justice qui commence avec cent soixante quatorze enquêtes de l’Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN), où des policiers estiment si leurs collègues ont fauté. Juges, jurés et accusés sont les mêmes et, finalement, le verdict tombe. Aucune suspension de fonctionnaire n’a été jugée nécessaire par l’IGPN suite au mouvement des Gilets Jaunes, mille neuf cent blessés, dix sept éborgnés et quatre amputés, mais rien.

Vient ensuite l’horizon lointain d’un possible procès. À l’épreuve des faits, nous remarquerons que, en vérité, très rares sont les policiers jugés et surtout condamnés. À l’inverse, pour les Gilets Jaunes, la vitesse de la justice s’est avérée coupable.

Coupable d’une volonté politique d’accélérer et de punir. Il faut comprendre ainsi la confiance du ministre de l’aveuglement Intérieur. Inquiétés, ces sbires ne le seront pas, ou peu. Il est alors facile de tenir ces propos policés.

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