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27 juillet 2019 6 27 /07 /juillet /2019 17:18

 

 

https://www.liberation.fr/planete/2019/07/26/mediation-les-algeriens-refusent-de-tomber-dans-le-panel-du-president-bensalah_1742371

 

Les algériens refusent de tomber dans le panel de médiation du président Abdelkader Bensalah

Vendredi 26 Juillet 2019, les algérois manifestaient pour la vingt troisième semaine consécutive, entonnant des slogans hostiles au panel de médiation du président Abdelkader Bensalah. 

Contesté par la rue, le chef de l'état par intérim a nommé une instance pour tenter de renouer le dialogue avec les manifestants et pour assurer la survie du régime. Une initiative qui ne convainc pas les algérois, encore nombreux à manifester, Vendredi 26 Juillet 2019.

Est-ce un pas en avant ou un pas en arrière ? Jeudi 25 Juillet 2019, le chef de l'état algérien par intérim, Abdelkader Bensalah, a reçu un panel de six personnalités algériennes choisies pour mener le dialogue inclusif censé sortir le pays de la crise politique provoquée par la démission d’Abdelaziz Bouteflika, le 2 avril 2019, sous la pression de la rue. L’idée avait été formulée par Abdelkader Bensalah au début du mois de juillet 2019, quelques jours avant le terme constitutionnel de son mandat. Il a annoncé qu’il resterait en place jusqu’à la désignation de son successeur.

Le président de la république avait alors promis que l'état, dans toutes ses composantes, y compris l’institution militaire, ne serait pas partie prenante de ce dialogue, tout en restreignant strictement sa mission à l’organisation d’un scrutin présidentiel crédible.

Le hirak, de son côté, reste sceptique à l’égard de cette nouvelle instance. Et le choix de ses membres, un homme politique, deux constitutionnalistes, un chef d’entreprise, un syndicaliste et un universitaire, ne va pas aider à dissiper cette méfiance. Aucune des personnalités n’est une figure de la contestation. « Ce panel est présidé par Karim Younes, un ancien ministre puis président de l’Assemblée Populaire Nationale (APN), la chambre basse d’un parlement veule parce qu’illégitime », dit le politologue Mohamed Hennad. « Il a certes quitté l'APN pour ses divergences de vues avec Abdelaziz Bouteflika », précise Mouloud Boumghar, professeur de droit public, « mais il y a une confusion, sciemment entretenue, entre le rejet d’Abdelaziz Bouteflika et le rejet du régime. Le hirak veut aller plus loin que le simple déracinement du clan présidentiel, il veut celui de tout le système politique ».

A la sortie de la rencontre avec Abdelkader Bensalah, Jeudi 25 Juillet 2019, Karim Younes a indiqué que le panel avait posé sept conditions avant toute entame de médiation, dont la libération de tous les détenus du hirak, dans l’urgence, l’allègement du dispositif policier, notamment dans la capitale lors des marches hebdomadaires, la libération du champ médiatique et enfin le départ du gouvernement en place et son remplacement par un gouvernement de consensus, formé de technocrates non partisans. Selon lui, le chef de l’état aurait promis la mise en œuvre rapide de ces nécessités, excepté pour la question du gouvernement, devant être soumise à une lecture approfondie sur le plan des contraintes constitutionnelles, mais qui ne saurait tarder à trouver une issue conforme à la volonté populaire.

Le pouvoir répondra-t-il réellement favorablement à ces exigences, largement partagées par les manifestants ? « Evidemment, il va offrir quelques gages de bonne volonté pour tenter de donner de la crédibilité au panel », poursuit Mohamed Hennad, « mais la stratégie poursuivie par le général Ahmed Gaïd Salah, le chef d’état-major de l’Armée Nationale Populaire (ANP), considéré aujourd’hui comme l’homme le plus puissant d’Algérie, obéit à la logique de survie du régime et elle n’obéit pas à la logique de changement de régime. Il se pourrait que le plan d’une élection présidentielle soit déjà prêt, le dialogue n’étant qu’un leurre ».

Dans la rue, Vendredi 26 Juillet 2019, les slogans entonnés par l’immense foule qui défilait pour la vingt-troisième semaine consécutive étaient ouvertement hostiles à la médiation du panel, a rapporté l’Agence France Presse (AFP). « Le peuple veut l’indépendance », « il y en a marre des généraux » et « Karim Younes, dégage », clamaient des milliers d’algérois.

«Par sa composition et par sa nature, ce panel de médiation n’a aucune chance de devenir une instance de dialogue national », tranche Aissa Rahmoune, vice-président de la Ligue Algérienne pour la Défense des Droits de l’Homme (LADDH), « le pouvoir n’évoque jamais la question du processus démocratique et il cherche tous les moyens possibles pour organiser la transition à l’intérieur du système ».

Pourtant, plusieurs partis et organisations de la société civile, qualifiés au choix de conservateurs ou de pragmatiques, ne verraient pas d’un mauvais œil l’organisation d’une élection présidentielle, si celle-ci est organisée de façon libre, juste et transparente. C’est, depuis des mois, le principal point de division du hirak, qui empêche l’adoption d’une feuille de route précise et consensuelle.

D’un côté, les révolutionnaires pensent tenir l’occasion historique de bâtir une nouvelle république débarrassée de la tutelle de l’armée. D’autre part, les modérés estiment qu’un compromis avec les militaires est inévitable. Le pouvoir, expert en la matière, appuie très fort sur cette coupure. Mais jusqu’à présent, semaine après semaine, l’unité se reforme dans la rue, autre miracle du hirak algérien.

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