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6 mai 2023 6 06 /05 /mai /2023 10:47

 

 

https://france.attac.org/actus-et-medias/salle-de-presse/article/palestine-il-est-urgent-de-s-engager-contre-la-colonisation-et-l-apartheid

 

Il est urgent de s’engager contre la colonisation et l’apartheid

Alors qu’était examinée Jeudi 4 Mai 2023 par l’Assemblée Nationale française une proposition de résolution condamnant l’institutionnalisation par l’état d’Israël d’un régime d’apartheid, nous revenons sur les différents aspects de la répression systématique contre les palestiniens qui s’intensifie depuis des années.

Le gouvernement israélien le plus à l’extrême-droite de l’histoire du pays est au pouvoir, avec des suprémacistes nationalistes religieux aux propos génocidaires. L’un d’eux, le ministre de la sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, a obtenu l’autorisation de former une garde nationale à ses ordres, autrement dit une milice. Il est vrai que la nature coloniale et discriminante de l’état israélien est en permanence réaffirmée en fait ou en droit, comme au niveau légal elle l’avait été avec l’adoption de la loi sur l’état-nation en 2018.

Depuis le début de l’année 2023, quatre-vingt-dix-huit palestiniens et quatorze israéliens ont été tués, dont treize colons dans les Territoires Palestiniens Occupés (TPO). La colonisation ne cesse de voler davantage de terres aux palestiniens en Cisjordanie. A Jérusalem, la résistance à la colonisation du quartier de Sheikh Jarrah a obtenu un sursis bienvenu, mais l’annexion continue à Jérusalem Est et dans de nombreuses autres régions de Cisjordanie.

La bande de Gaza est toujours sous blocus israélien et égyptien depuis 2007, les deux millions de gazaouis se trouvent dans une prison à ciel ouvert et ils souffrent d’un manque d’accès à toutes les denrées de base, eau, électricité, fioul, médicaments et soins médicaux.

Des centaines de palestiniens sont victimes d’arrestations et de détentions politiques et arbitraires, appelées détentions administratives, par l’armée israélienne. Des enfants et des adolescents, une employée espagnole d’une organisation humanitaire et l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri ont également été les cibles de telles arrestations.

Du massacre de Deir Yassin et la destruction de trois cent cinquante villages palestiniens en 1948, au pogrom d’Huwara et l’expulsion des communautés de Masafer Yatta en 2023, la continuité de la domination coloniale reste le point d’achoppement d’une paix juste et durable.

Ces dernières années des organisations israéliennes et internationales des droits humains, y compris Amnesty International et Human Rights Watch (HRW), ainsi que des experts de l’Organisation des Nations Unies (ONU) ont reconnu ce que les palestiniens affirment depuis longtemps. Les politiques d’Israël vont au-delà de l’occupation militaire et constituent un crime contre l’humanité d’apartheid, tel que défini en droit international.

Malgré les appels répétés à l’action, soixante-quinze ans de déplacement forcé et de dépossession du peuple palestinien et la violence de la colonisation qui ne fait que s’intensifier, la France continue d’être au mieux passive et au pire complice. Certes la France a une position de principe et, sur le papier, respectueuse du droit international, qui consiste à soutenir une solution à deux états sur la base des frontières de 1967, à condamner la poursuite de la colonisation qui va à l’encontre des résolutions de l’ONU et à condamner les violences contre les civils.

Mais ces déclarations et ces éléments de langage sont vides de toute action et volonté politique de prendre ses responsabilités pour faire respecter ces principes, sans jamais soutenir les nouvelles initiatives de droit international en faveur du peuple palestinien. Ainsi, la France ne soutient pas la reconnaissance d’un état palestinien et elle ne reconnait pas l’existence d’une situation d’apartheid. La racine de la complaisance de l’état français, outre le sentiment de culpabilité pour sa responsabilité dans la destruction des juifs d’Europe, est peut-être à chercher dans son histoire de puissance coloniale.

La France continue d’exporter de l’armement militaire en Israël et de faire fleurir les projets de coopération économique et technologique avec des entreprises israéliennes. La France s’abstient lors de votes clés dans les mécanismes de l’ONU pour mettre Israël face à ses responsabilités dans ses violations répétées du droit international.

La France continue d’accueillir librement sur son sol des leaders israéliens responsables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Le ministère français de l’intérieur se fait également l’écho des campagnes de diffamation contre l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri alors même que le ministère français des affaires étrangères a toujours répété souhaiter sa libération et qu’il a toujours confirmé l’absence de preuves dans ses condamnations par une cour militaire israélienne.

Plusieurs groupes français, comme Carrefour, ont des intérêts commerciaux dans les colonies israéliennes, ou financent la colonisation, comme la Banque Nationale de Paris (BNP) ou AXA. Les autorités françaises manquent à leur devoir de faire respecter le devoir de vigilance des entreprises. La France contourne le jugement de la Cour Européenne des Droits Humains (CEDH) qui a condamné la France pour avoir criminalisé les appels au boycott des produits israéliens présents sur le marché français.

Certes, la France a condamné la désignation infondée, injuste et purement politique, de six organisations palestiniennes de défense des droits humains comme organisations terroristes par Israël en 2021, mais elle n’utilise aucun levier à sa disposition pour sanctionner la criminalisation par Israël de toutes les activités de la société civile palestinienne.

Une autre politique est possible. La mairie de Barcelone, au mois de février 2023, et la mairie de Liège, au mois d’avril 2023, ont annoncé la rupture de leurs relations avec Israël et ses institutions, jusqu’à ce que les autorités israéliennes mettent fin au système de violations des droits humains des palestiniens. Des entreprises et des fonds de pensions en Norvège ont désinvesti des entreprises israéliennes. Le parlement irlandais et le gouvernement luxembourgeois ont reconnu l’annexion de facto de la Cisjordanie.

Nous soutenons l’appel lancé aux mouvements sociaux et aux syndicats à continuer ou à recommencer à inclure le soutien à la Palestine dans les luttes sociales, en solidarité, pour la justice et contre toutes les formes d’oppression.

L’Association pour la Taxation des Transactions financières et pour l’Action Citoyenne (ATTAC) et de nombreuses autres organisations sont déjà signataires de l’appel du mouvement pour le Boycott, le Désinvestissement et les Sanctions (BDS). Il est possible de faire vivre activement ces campagnes pour le BDS, en demandant par exemple, de l’extérieur ou de l’intérieur au niveau syndical, aux entreprises concernées de désinvestir et de se retirer d’Israël tant que l’apartheid persiste. Nous pouvons aussi créer des zones libres d’apartheid près de chez nous, en attendant que les autorités prennent également leurs responsabilités, pour commencer en cessant l’exportation d’armes et en reconnaissant la situation d’apartheid.

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