Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
30 avril 2024 2 30 /04 /avril /2024 13:50

 

 

https://www.huffingtonpost.fr/international/article/etats-unis-a-los-angeles-les-etudiants-pro-gaza-de-ucla-determines-a-camper-jusqu-au-bout-reportage_233327.html

 

A Los Angeles, les étudiants pour Gaza de l’Université de Californie de Los Angeles (UCLA) sont déterminés à camper jusqu’au bout

Sur le campus de l’université de Los Angeles, des dizaines d’étudiants ont planté leurs tentes et réclament des réponses de la direction, pour l’instant sans succès.

Lundi 29 Avril 2024, le soleil brille et pas un bruit ne dérange la quiétude du campus de l’UCLA, sauf un hélicoptère qui bourdonne et qui tourne sans arrêt au-dessus des bâtiments. Quelques dizaines d’étudiants casque sur les oreilles et sac sur le dos, traversent les allées pavées menant jusqu’aux salles de classe. Il est difficile d’imaginer que, seulement quelques centaines de mètres plus loin, en plein centre de ce complexe immense, des dizaines d’étudiants pour la Palestine manifestent depuis déjà quatre jours et quatre nuits.

Jeudi 25 Avril 2024, ils ont établi un campement pour montrer leur opposition à la guerre d’Israël à Gaza, déclenchée après les attaques du Hamas du Samedi 7 Octobre 2023. Le mouvement étudiant américain a été initié à l’Université de Columbia de New York, Mercredi 17 Avril 2024. Depuis, des milliers de jeunes à travers les Etats-Unis et dans le monde, à l’Institut d’Etudes Politiques (IEP) de Paris et à l’université de la Sorbonne notamment en France, ont à leur tour planté des tentes dans les jardins de leur établissement.

En approchant du Royce Hall, édifice emblématique du campus de l’UCLA, le semblant de normalité qui émanait du campus, où sont inscrits près de cinquante mille étudiants, disparaît. Des barrières et des cônes de couleur orange encerclent la pelouse. Les étudiants portant un keffieh se font plus nombreux. Certains cachent leurs visages. Des personnels de sécurité en veste jaune fluo barrent le passage, pendant que des curieux prennent en photographie ce qu’ils peuvent voir du campement érigé par leurs camarades.

Pour les non-manifestants, seuls sont visibles des panneaux de bois placés de guingois qui empêchent de voir ce qui se passe à l’intérieur. Les journalistes non plus ne sont pas les bienvenus. « Nous avons agrandi le périmètre de sécurité car nous étions attaqués de tous les côtés », nous expliquera plus tard Kaira, diplômée de l’UCLA en 2023, mais revenue protester contre le génocide en cours à Gaza. Dimanche 28 Avril 2024 en effet, des heurts entre des étudiants pour Gaza et des étudiants pour Israël ont éclaté, comme nous pouvons le voir dans un reportage de la chaîne de télévision American Broadcasting Company (ABC). La direction de l’UCLA a fait état d’altercations physiques et elle a renforcé la sécurité pour garantir des manifestations pacifiques. Il n’y a pas eu d’interpellation.

Lundi 29 Avril 2024, les contre-manifestants ne se montrent pas. Leur présence est seulement rappelée par un écran géant installé Dimanche 28 Avril 2024, qui diffuse en boucle des messages pour Israël. « Nous nous tenons aux côtés d’Israël », résonne la voix de Joseph Biden dans les haut-parleurs qui crachent en direction du campement situé à une dizaine de mètres. Ils ne se montrent pas non plus lorsque, Lundi 29 Avril 2024 à 12 heures, un cortège d’environ cent cinquante étudiants traverse le campus pour manifester son soutien à la population palestinienne.

Le calme relatif sur le campus tranche avec les centaines d’arrestations faites à l’University of Southern California (USC) située à quelques kilomètres, ou à celle de l’Université de Columbia à New York. La tension reste malgré tout palpable à l’UCLA. Des étudiants s’agacent de se voir barrer le passage à certains bâtiments de cours. Un étudiant qui dit avoir un entretien profite d’un moment d’inattention pour se faufiler, mais il est vite rattrapé par des membres du campement. « C’est une agression », clame-t-il.

Les manifestants sont très organisés. Il est impossible de parler à n’importe qui, seuls des porte-parole préalablement désignés sont autorisés à répondre à la presse. C’est le cas de Benjamin, âgé de trente et un ans. Malgré les menaces de violences et de sanctions de la direction de l’UCLA, comme l’Université de Columbia qui suspend ses étudiants, il compte rester mobilisé, « j’ai l’intention de rester ici tous les jours, autant que je peux. Les risques que nous prenons ne sont rien par rapport à ce qu’endurent les palestiniens de Gaza. Cette expérience est géniale. À l’intérieur, il y a une tente pour les médecins, il y a une cuisine, nous faisons les corvées de repas et de nettoyage à tour de rôle, il y a un espace pour la prière et il y a un espace pour la discussion ». Des images publiées sur les réseaux sociaux par les organisateurs du mouvement montrent aussi qu’un coin bibliothèque a été installé. Benjamin estime entre soixante et soixante-dix le nombre d’étudiants qui sont en permanence dans le campement, mais des centaines viennent et repartent chaque jour.

Cette ambiance de colonie de vacances ne lui fait pas oublier les critiques dont il dit être victime. Militant de Jewish Voice for Peace (JVP), une association juive qui milite pour la libération de la Palestine, l’étudiant en histoire de l’art affirme avoir été la cible d’attaques violentes, « dans des messages dans les réseaux sociaux, j’ai reçu des menaces de mort, des insultes, des menaces de violences sexuelles et des menaces contre ma famille ». Il ajoute aussi avoir été traité de Kapo, du nom des détenus qui encadraient les autres prisonniers dans les camps de concentration nazis.

En face, les manifestants pour Israël à Los Angeles et ailleurs affirment avoir entendu des propos antisémites et ils disent se sentir en danger. Benjamin réfute toute attaque dirigée contre les israéliens et il parle de malentendu, « nous avons besoin de mieux comprendre ce qu’est l’antisémitisme et nous avons besoin de faire la différence entre l’inconfort et l’insécurité ». À ce jour, les deux visions semblent irréconciliables à l'UCLA et dans les autres facultés américaines.

Comme tous leurs camarades à travers les États-Unis, les étudiants de Los Angeles réclament que leur université coupe ses liens avec les organisations proches d’Israël. Benjamin et Kaira citent l’entreprise de gestion d’actifs Black Rock, le fonds d’investissement Black Stone ou encore le pétrolier Exxon. À ce jour, la direction de l’UCLA n’a pas donné de signal encourageant sur cette principale revendication, regrettent les deux étudiants. « La seule réponse que nous avons eue, c’est un communiqué recyclé, déjà utilisé par le passé dans un tout autre contexte. Nous ne bougerons pas tant que l’université ne fait rien », dit Kaira.

Partager cet article
Repost0

commentaires