http://www.frontsyndical-classe.org/article-34696921.html
Vous avez dit collaboration ?
Pendant que les bases syndicales se battent contre la régression sociale tous azimuts et notamment contre la casse de l'industrie et les délocalisations, au sommet, on ne parle plus que
syndicalisme d'accompagnement, cogestion, intégration aux institutions du dialogue social, négociations à froid, ...
Pour ceux qui doutent encore du glissement de la CGT sur des bases d’accompagnement et de gestion de la crise, il n’y a qu’a voir les prises de position progressives engagées dans la dernière
période et le développement d’organismes travaillant de concert avec les structures gouvernementales et patronales ; c’est l'heure des experts de tous bords que l’on retrouve dans les
organisations prêchant une accélération du moule européen.
Après le cas de JC Le Duigou, membre de la Commission de Régulation de l'Energie chargée entre autres de veiller « à ce que les conditions d’accès aux réseaux d’électricité et de gaz naturel
n’entravent pas le développement de la concurrence », le FSC communique quelques éléments concernant le groupe Alpha.
Documentation : Roger Silvain , président du Front Syndical de Classe
La "double casquette" du Groupe Alpha
Par Nolwenn Le BLEVENNEC - Le Journal du Dimanche
Cet été, deux entreprises affichent une mine rayonnante. D'un côté Sodie Emploi, cabinet spécialisé dans le reclassement des salariés, qui conseille les dirigeants d'entreprise. Son chiffre
d'affaires a progressé de 40% au premier trimestre, selon Les Echos, et il recrute massivement depuis le 1er janvier. Sodie Emploi s'occupe, entre autres, du reclassement des papeteries PSM
(Oise) et Lédar (Ariège) ou des 3 Suisses, à Roubaix (Nord).
De l'autre côté, Secafi, spécialisé dans l'audit des plans sociaux, qui travaille pour le compte des comités d'entreprise (CE).
L'activité de ce cabinet est également florissante : en ce moment, plus de 200 plans sociaux ont lieu tous les mois en France, un record. "Très proche de la CGT, Secafi est présente dans plus de
la moitié des dossiers", estime un expert du secteur. Or ces entités, Sodie Emploi et Secafi, appartiennent en fait au même groupe : Alpha.
Sur le terrain social, très mouvant aujourd'hui, ce positionnement unique agace de plus en plus. Alors que ses concurrents sont spécialisés dans le conseil aux comités d'entreprise - notamment
Syndex ou Legrand Fiduciaire - ou l'accompagnement des directions - comme BPI ou Altedia -, le groupe Alpha est accusé de jouer double jeu, certains pointant le conflit d'intérêt.
Dans les faits, lorsque la CGT est puissante au sein des CE, Secafi est très souvent choisie comme cabinet d'audit. Les dirigeants d'entreprise seraient alors tentés de faire appel à sa soeur
jumelle, la Sodie, pour acheter la paix sociale : "La CGT a un rôle de consultation. Pour les reclassements, elle soutient la Sodie et les dirigeants cèdent pour éviter les problèmes", explique
un expert dans un cabinet concurrent. Lesquels ? Sur le blog des salariés de Gandrange [en fait le blog de la CFDT de Gandrange, donc pas vraiment neutre NdlR], on trouve ce témoignage d'un
salarié d'une entreprise en région parisienne: "La Sodie, non contente d'avoir perdu le contrat, a utilisé l'antenne locale de la CGT d'Evry pour inciter les gens à ne pas se rendre aux
rendez-vous de reclassement."
Certains pointent un conflit d'intérêt
Aux 3 Suisses, un plan de sauvegarde pour l'emploi (PSE) visant à supprimer 674 postes est en cours. Comme cela arrive souvent, Secafi et Sodie travaillent main dans la main. Mais une responsable
cégétiste, Fatiha Bouzaoui, dément toute complaisance: "La CGT n'a jamais poussé pour que l'on choisisse la Sodie. Sa présentation était juste la meilleure, c'était la plus spontanée. A ma
connaissance, il n'y a pas de manipulations." Pierre Ferracci, le PDG de Groupe Alpha et actionnaire majoritaire, réfute également ces accusations. Selon lui, il est parfaitement complémentaire
de préserver des emplois menacés lorsque c'est possible et de faciliter la reconversion des salariés lorsqu'il n'y a pas d'autre solution.
En 2008, Pierre Ferracci a également participé à un groupe de travail pour le compte de l'Elysée, sur le thème de la formation professionnelle, et à la commission Attali sur la libéralisation de
la croissance. Vendredi, Sodie Emploi a encore réussi un gros coup. Le cabinet devrait être le principal bénéficiaire de l'opération de sous-traitance privée de la gestion des chômeurs opérée par
Pôle Emploi. Il se voit attribuer le suivi de 22% des 320 000 demandeurs d'emploi concernés.
Pierre Ferracci PDG du groupe Alpha
Cet ancien économiste du CE et CCE Chausson dans les années 75 monta ensuite son propre cabinet « Secafi » pour devenir le cabinet officiel de la CGT. Elargissant son champ d'action avec l'appui
de la Cgt, il créa le groupe alpha pour lequel il a récupéré plusieurs anciens économistes du CCE Renault comme Pascal Nonat (qui devint économiste de la Fédé Cgt métaux à l’époque ou celle-ci
était dirigée par Jean-Louis Fournier pour rejoindre ensuite le cabinet Secafi.
Parmi les anciens économistes du CCE Renault figure également Mireille Battut, directrice département international d’ALPHA, ou Sonia Hacquemand.
Le groupe Alpha et Secafi n'embauchent plus de militants Cgt ou de jeunes économistes marqués ‘’lutte de classe’’. Le groupe alpha s'est rapproché de l'Elysée et a obtenu 22% du marché privé
chargé de concurrencer le secteur public pour les chercheurs d'emploi l'article du journal du dimanche est riche d'enseignement de Sarko félicitant publiquement B. Thibault pour sa gestion des
luttes pour le premier semestre au rapprochement des secteurs de la confédération avec le Medef et le pouvoir ce n'est plus un fil à la patte mais un véritable cordage.
Autour du groupe Alpha s'est tissée une toile d’araignée spécialisée dans l’accompagnement du déclin comme le montre l’article de Libération de juin 1995 :
« La reconversion de la Sodie, filiale anti chômage. Elle vend désormais son expérience dans le reclassement hors d'Usinor-Sacilor.
« Je vous demande de prendre toutes les dispositions pour que la Société pour le développement de l'industrie et de l'emploi (Sodie) poursuive pour une durée indéterminée ses opérations de
réindustrialisassions, et particulièrement en Lorraine.» Signé. Alain Juppé.
En envoyant cette lettre hier matin au patron d'Usiner-Sacilor, Francis Mer, le Premier ministre a fourni un véritable décontractant aux organisations syndicales du groupe.
Non seulement il confirme la mission sociale de la filiale du groupe, mais il remet le couvert pour les salariés nés en 1942 en autorisant les «retraites progressives d'activité», les fameuses
RPA dont Francis Mer cherchait à se débarrasser.
Alain Madelin, ministre de l'Économie et des Finances a renchéri un peu plus tard en précisant que l'Etat prend «l'engagement d'accompagner l'entreprise dans un plan spécifique", si retournement
de conjoncture il devait y avoir.
Pas de privatisation sans volet social, c'était promis. C'est fait,
La Sodie, filiale à 100% d'Usinor-Sacilor, va donc pouvoir poursuivre et même renforcer son action en faveur de la réindustrialisation des zones sinistrées, et continuer à reclasser des
sidérurgistes. Même si ces derniers sont moins nombreux aujourd'hui, il reste toujours quelque chose à faire dans ce domaine.
Née lors de la réunification d'Usinor et de Sacilor en 1987, la Sodie est l'héritière des sociétés (Sodilor pour la Lorraine, Sodicar pour les Ardennes, Somideve pour le Midi, etc.) mises en
place par le gouvernement Mauroy en 1983 afin d'aider les régions éprouvées par le déclin de la sidérurgie à recréer des emplois. Douze ans plus tard, il reste encore du pain sur la planche pour
effacer les traces des 100.000 postes de travail disparus dans le secteur,
A Longwy, par exemple, il ne reste que 600 sidérurgistes sur les 24.000 qui travaillaient en 1983,
La Sodie a pris le relais, tout en élargissant son rayon d'action. « Nous avons la conviction que c'est un marché fantastique», s'enthousiasme le PDG Jacques Périès, qui rêve de développer sa
société (130 millions de francs de chiffre d'affaires) au rang d'une véritable entreprise avec sa clientèle.
Depuis deux mois, la Sodie, qui emploie 260 personnes réparties dans 11 agences et 26 bassins d'emploi, a commencé à s'attaquer à la réindustrialisation des quartiers nord de Marseille. Objectif:
attirer des entreprises dans cette zone difficile en leur prêtant l'argent nécessaire, à des taux de 5 ou 6% sur dix ans, sans d'autre garantie que celle de l'étude de leur dossier. Même chose à
Roubaix ou à Lorient. Depuis un an et demi, à la demande du ministère de la Défense, la Sodie s'est engagée, moyennant une aide de 30 millions de francs par an, à créer 1.800 emplois.
Dans sa lettre d'hier, Alain Juppé a d'ailleurs fermement rappelé qu'il souhaitait que le retour de ces prêts (120 millions de francs par an) soit totalement réaffecté à la
réindustrialisation.
La mission de la Sodie ne s'arrête pas là: depuis 1990, elle prend également en charge la reconversion de ses propres salariés qui quittent le groupe, Depuis, 4.500 sidérurgistes, volontaires ou
« notifiés », c'est-à-dire victimes d'une restructuration (50% cette année), en ont profité.
Chacun bénéficie des garanties Sodie : propositions de contrats à durée indéterminée uniquement, compensation durant cinq ans en cas de perte de salaire et assurance d'un nouveau reclassement si
un licenciement économique survient deux ans après leur départ. Apres dix-sept ans passés dans le groupe en moyenne. 42% de ces "reclassés" se sont dirigés dans les services. Expertisée tous les
ans par le cabinet Secafi Alpha à la demande du comité de groupe, l'activité de la Sodie serait cependant moins performante que par le passé, du fait de la montée de la précarité et des contrats
à durée déterminée. Pis, elle serait en tram de se tasser.
Mais forte de son expérience, la Sodie échange maintenant du personnel avec l'ANPE, démarre une mission de reconversion pour des chômeurs de longue durée, travaille pour d'autres entreprises
(Perner, Digital, Coca-Cola...) et fait désormais payer sa maison mère pour ses services. Cette dernière, qui captait 80% de l'activité de la Sodie, ne devrait plus représenter que 25c'c en 1996.
Bref, la société se transforme en cabinet professionnel du traitement du chômage. « La Sodie est exactement dans l'axe des préoccupations du gouvernement", se réjouit Jacques Pênes. Sur le
terrain social, la filiale d'Usinor Sacilor a bien l'intention d'émettre une foule de suggestions au gouvernement. Elle souhaite par conséquent, sans se détacher du groupe, que l'Etat prenne une
participation dans son capital. »
http://www.liberation.fr/evenement/0101145100-la-reconversion-de-la-sodie-filiale-antichomage-elle-vend-desormaisson-experience-dans-le-reclassement-hors-d-usinor-sacilor
Aujourd'hui, le groupe Alpha est un acteur incontournable de la collaboration Etat-Patronat-Directions syndicales. Voir ci-dessous des extraits des actes d'un de ses récents colloques (mars 2009)
(http://25ans.groupe-alpha.com/uploads/File/Actes_ColloqueAlpha%2018052009.pdf) :
Aux réunions de dirigeants et militants CGT, ce sont d’abord ces experts qui donnent le ‘‘la’’ directement dans les documents préparatoires.
Dans la dernière période, à petites doses progressives, les analyses de la CGT sont déterminées non plus sur une analyse de classe, mais par des cabinets extérieurs dont les grands groupes
industriels tirent les ficelles comme Sacilor.
Exemple le 13 septembre 2003 aux assises de l'emploi industriel organisées par la FTM -CGT en partenariat avec ALPHA ETUDES
Dans ce document, il était déjà écrit :
« Une partie de la prétendue « désindustrialisation » n'est en fait que le reflet de l'intégration croissante des services et de l'industrie, comme cela avait d'ailleurs été souligné dans le
rapport 2001/2002 de la Commission Permanente de Concertation pour l'Industrie (CPCI) dans laquelle siège, entre autres, D. Gautier-Sauvagnac Délégué Général de l'UIMM.
Dans de nombreux domaines, la demande est de moins en moins orientée vers le simple produit industriel stricto sensu mais de plus en plus vers le produit et les services qui lui sont
associés.
Par exemple, dans l'aéronautique, les motoristes ne livrent plus simplement un moteur' d'avion, mais vendent des heures de vols aux compagnies aériennes clientes. On assiste au même phénomène
dans l'automobile et l'informatique.
Cette évolution a des conséquences majeures sur la nature des emplois. »
Confrontations Europe
Comme par hasard, les dirigeants d’ALPHA mijotent leurs analyses dans l’organisation « confrontations» d’Herzog, avec Le Duigou, les PDG et dirigeants d’entreprises, les Rocard et compagnie, tous
sont des farouches défenseurs de l’Europe supranationale. Les dirigeants d’ALPHA qui se retrouvent aussi dirigeants de « confrontation » développent cette même ligne de soumission : Tous ont
milité pour le Oui au référendum et tous impulsent les orientations désastreuse de la CGT pour mieux calquer celles de la CES et bien évidemment leur leader John Monks, secrétaire général de la
Confédération européenne des Syndicats (CES) qui appelle à la création d’une nouvelle alliance sociale qui unirait les syndicats au monde des affaires et aux gouvernements afin de contrer l’orgie
auto-destructrice des marchés financiers.
« Créée en 1992, Confrontations Europe est une association non partisane qui réunit des dirigeants d’entreprises, des syndicalistes, des acteurs territoriaux, associatifs et politiques, des
intellectuels et des étudiants de plusieurs pays d’Europe, autour d’un engagement : la participation active de la société civile à la construction de l’Europe.
L’association s’est beaucoup développée. Elle est devenue un réseau large de citoyens et d’acteurs européens, un think tank européen reconnu à Bruxelles, et un lobby actif auprès des
institutions. »
Conseil de direction de Confrontations Europe
Le Conseil de direction est concerté régulièrement sur les grandes orientations de l’association proposées par le Conseil d’Administration, et débattues par l’Assemblée générale.
Les membres du Conseil de direction
Jean-Paul Bailly, Président du groupe La Poste
Michèle Debonneuil, membre du Conseil d’Analyse Economique
Jacky Fayolle, Directeur du Groupement d’Intérêt Economique DIAL, Développement, Institutions et Analyses de Long terme
Claude Fischer, Secrétaire Générale de Confrontations Europe
Jean Gandois, Vice-Président du Conseil d’Administration de Suez
Philippe Herzog, Président fondateur de Confrontations Europe
Alain Lamassoure, Membre du Parlement européen
Jean-Christophe Le Duigou, Secrétaire national à la CGT
Jacques Maire, Directeur des Affaires européennes, groupe AXA
Francis Mer, Président de SAFRAN, ancien ministre de l’économie, des finances et de l’industrie
Michel Pébereau, Président du Conseil de surveillance de BNP-Paribas
Jean Peyrelevade, ancien Président du Crédit Lyonnais
Franck Riboud, Président Directeur Général du Groupe DANONE
Jean-François Trogrlic, ancien Secrétaire national de la CFDT, Directeur du BIT à Paris
La Présidente de Confrontation, Claude Fischer est aussi grande dirigeante du groupe ALPHA tout comme Mireille Battut.