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13 février 2012 1 13 /02 /février /2012 18:49

 

http://www.fr.reuters.com/article/frEuroRpt/idFRL5E8DD00B20120213?sp=true

 

Le parlement grec vote l’austérité dans un climat de violences

 

ATHENES, 13 février (Reuters) - Le parlement grec a approuvé dans la nuit de dimanche à lundi de nouvelles mesures d'austérité dans un climat de vives tensions à Athènes, où des bâtiments ont été incendiés lors d'affrontements entre émeutiers et forces de l'ordre, tandis que des violences étaient signalées dans plusieurs autres villes du pays.

Cette loi, qui prévoit trois milliards trois cent millions d'économies budgétaires par le biais de nouvelles baisses drastiques des salaires et des pensions de retraite et une nouvelle vague de suppression d'emplois dans la fonction publique, est exigée par les bailleurs de fonds de la Grèce - Union européenne (UE), Banque centrale européenne (BCE) et Fonds monétaire international (FMI) - en échange d'une nouvelle aide de cent trente milliards d'euros jugée indispensable pour éviter la faillite au pays.

Tandis que les députés débattaient dimanche dans l'enceinte du parlement, des dizaines de milliers de Grecs s'étaient rassemblés à l'extérieur, sur la place de la Constitution (Syntagma), pour dénoncer cette nouvelle cure de rigueur, deux ans après le début de cette politique d'austérité draconienne.

En fin d'après-midi, des violences ont éclaté, les pires en Grèce depuis les semaines d'émeutes ayant succédé en 2008 à la mort d'un adolescent de quinze ans tué par la police.

Des cinémas, des cafés, des boutiques et des agences bancaires ont été incendiés dans le centre de la capitale tandis que des manifestants au visage masqué affrontaient la police anti-émeutes aux abords du parlement. Selon les forces de l'ordre, trente quatre bâtiments au total ont pris feu et cent cinquante boutiques ont en outre été pillées.

La télévision publique a fait état de violences dans l'île touristique de Corfou, en Crète, à Thessalonique, dans le nord de la Grèce, et dans des villes du centre du pays, Volos et Agrinio.

MOINDRE MAL

Technocrate nommé en novembre à la tête d'un gouvernement soutenu par les deux principales formations du pays, Lucas Papadémos a dénoncé ces violences. "Le vandalisme, la violence et la destruction n'ont pas leur place dans un pays démocratique et ne seront pas tolérés", a-t-il déclaré devant le parlement.

Peu avant le vote, il a prévenu les députés qu'ils commettraient une grave erreur s'ils n'approuvaient pas ce nouveau train de mesures d'économies, qui représente à ses yeux un moindre mal par rapport aux conséquences éventuelles d'une faillite.

"Nous avons devant nous un programme économique complet et crédible pour sortir de la crise économique et fiscale. C'est un programme qui préserve, plus que toute autre chose, la place du pays au sein de la zone euro", a dit Lucas Papadémos, tout en reconnaissant l'ampleur des efforts réclamés à ses concitoyens, confrontés notamment à une baisse de vingt deux pour cent du salaire minimum.

"La mise en oeuvre pleine, effective et en temps voulu de ce programme ne sera pas aisée. Nous avons pleinement conscience que ce programme économique implique des sacrifices à court terme pour la population grecque."

Finalement, cent quatre vingt dix neuf députés sur trois cent ont approuvé le texte mais quarante trois élus du Pasok (socialiste) et de Nouvelle Démocratie (conservateur) n'ont pas respecté le mot d'ordre de leurs partis et ont été exclus sur le champ de leurs formations.

A l'extérieur du parlement, l'air sur la place Syntagma était enveloppé de gaz lacrymogène et la police chargeait de jeunes gens insaisissables lançant des pierres et des cocktails Molotov. Dans le ciel s'élevaient de larges colonnes de fumée provenant des bâtiments en proie aux flammes.

"Nous sommes face à la destruction. Notre pays, notre maison, est sur le point de brûler. Le centre d'Athènes est en flammes. Nous ne pouvons laisser le populisme réduire notre pays en cendres", s'est exclamé l'élu conservateur Costis Hatzidakis.

A l'intérieur du parlement, on pouvait entendre les détonations des grenades assourdissantes utilisées par les forces de l'ordre.

Effrayés, des habitants et des touristes se sont abrités dans des halls d'hôtel pour échapper aux violences et aux gaz irritants.

"ASSEZ, C'EST ASSEZ"

Parmi les bâtiments incendiés figurent le cinéma Attikon, un immeuble de style néo-classique bâti en 1870, ainsi qu'un édifice abritant le cinéma Asty, une salle en sous-sol transformée en chambre de torture par la Gestapo durant la Seconde Guerre mondiale.

Pour beaucoup de Grecs, les nouvelles mesures d'austérité ne font que les plonger un peu plus dans la pauvreté.

"Assez, c'est assez!", s'est exclamé Manolis Glezos, 89 ans, figure historique de la gauche grecque, lors du rassemblement sur la place Syntagma.

"Ils n'ont aucune idée de ce que veut dire un soulèvement du peuple grec. Et le peuple grec, toutes idées politiques confondues, est en train de se soulever", a affirmé ce héros de la résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, qui avait réussi à enlever un drapeau nazi de l'Acropole en 1941.

Les dirigeants politiques grecs sont soumis à une intense pression de la part de l'UE et du FMI, qui leur reprochent de ne pas mettre en oeuvre les réformes promises depuis 2010 et de menacer ainsi toute la zone euro.

L'Allemagne, première économie d'Europe, a lancé un nouveau rappel à l'ordre dimanche, alors que la Grèce a besoin des fonds internationaux avant le 20 mars pour rembourser à cette date quatorze milliards cinq cent millions d'euros de dette arrivant à échéance.

Interrogé au sujet de la Grèce par le Welt am Sonntag, le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a déclaré: "Il est important de dire qu'elle ne peut être un puits sans fond. C'est pourquoi les Grecs vont finalement devoir obstruer ce puits. Alors, nous pourrons y mettre quelque chose. (...)

"La Grèce doit faire ses devoirs pour devenir compétitive, que cela passe par un nouveau plan de sauvetage ou par une autre voie que nous ne souhaitons pas prendre (...)", a-t-il ajouté en allusion à une sortie de la zone euro.

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