De nombreux animateurs du Collectif issus de l'Appel du 20 février se sont réunis à Paris le 18 septembre; compte tenu des points d'accords qu'ils ont gardés entre eux quant à l'appréciation de
la situation politique et de ce qu'il convient d'y faire, ils ont décidés de continuer à travailler ensemble et de constituer le collectif "Liaisons Militantes pour le Socialisme". Ceux et celles
qui sont d'accord avec la déclaration de principes ci-dessous peuvent nous rejoindre.
Ouverture du site de LMS à l’adresse suivante :
http://socialisme-2010.fr/lms/index.html
Constitution de Liaisons Militantes pour le Socialisme (LMS)
Les militants qui, aujourd’hui, comme nous, cherchent une issue politique sont pris entre deux feux : l’accélération de la crise du mode de production capitaliste et celle de la représentation
politique du mouvement ouvrier : chaque mesure que ce gouvernement prend confirme cette remise en cause frontale et brutale de tous les acquis de civilisation obtenus à l’issue de la seconde
guerre mondiale : pour la situation française ce fut un compromis historique où la direction du PCF avait joué un rôle moteur, le mouvement ouvrier voyait satisfaites un certain nombre de
revendications mais aussi d’aspirations plus larges sur lesquelles il pensait que la société devait être reconstruite, la question des retraites en fait partie, mais les sommets du mouvement
ouvrier, singulièrement le PCF, s’engageaient à ne pas toucher à l’appropriation privée des grands moyens de production. L’accord de De Gaulle avec le PCF avait cette signification. Aujourd’hui
le modèle social-démocrate sur lequel le mouvement ouvrier européen en particulier s’était globalement organisé est en état d’implosion et de déliquescence. Dans la dernière période historique
les différents Partis Socialistes européens ont facilité, voire directement promu les exigences du capitalisme mondialisé. Toutes les formations politiques se réclamant du socialisme démocratique
sont touchées par cette crise ; on peut s’interroger aussi sur l’incapacité des organisations d’extrême gauche, particulièrement la tradition trotskyste, à se montrer à la hauteur de la situation
politique nouvelle.
Militants issus pour certains des gauches du Parti Socialiste ou d’autres accueillant avec satisfaction une rupture avec l’orientation social libérale du PS, nous avions rejoint le Parti de
Gauche. Très vite cette organisation a été verrouillée par un petit appareil à visées strictement électoralistes et les militants qui l’avaient rejoint ont été dépossédés du contrôle et de la
construction de leur propre parti. L’appel du 20 février réunissant à Paris une cinquantaine de militants et cadres politiques s’était arrimé sur cette réalité : sans démocratie interne un parti
qui prétend rompre avec la ligne social libérale à gauche ne peut relever le défi de la recomposition et de l’affirmation d’une force anticapitaliste.
Aujourd’hui, alors que les conséquences sociales de la grande crise intervenue à l’automne 2008 s’alourdissent, nous sommes en face d’un gouvernement qui s’affaisse. Jamais la situation d’un
gouvernement de la cinquième République , dont les institutions avaient été conçues pour réguler les relations antagonistes entre le capital et le travail par l’intervention du
président-bonaparte au dessus des partis et des factions n’aura atteint un tel degré de déliquescence. L’exécutif apparaît crûment comme une association de copains et de coquins, dont les membres
sont éclaboussés par divers scandales. Haine sociale, profond dégoût dans la tête de la grande masse des travailleurs, pourquoi une bande de voyous peuvent-ils se permettre de toucher à nos
intérêts les plus immédiats ?
Pourtant ce gouvernement continue de frapper durement la population laborieuse. L’affaire des retraites concentre l’offensive de la bourgeoisie contre cette part du travail qui échappe au
capital, « le salaire socialisé », contre cette solidarité entre les générations ouvrières et contre l’existence même du salariat comme classe sociale. Venant d’un gouvernement qui est dans un
tel état de faiblesse, pourquoi cette offensive est-elle encore possible ? Ni du côté de la représentation politique de la gauche, ni du côté de la stratégie des confédérations syndicales, il n’y
a la volonté de combattre pour le retrait pur et simple du projet et de contester dans les faits la légitimité du gouvernement. Du côté de la gauche de la gauche, les politique du PG et du NPA
n’apparaissent pas comme formulant clairement une alternative. Le Parti de Gauche s’aligne sur la stratégie des appareils syndicaux et renonce à tout affrontement social avec Sarkozy. L’horizon
c’est « la révolution par les urnes ». Après la déferlante sociale du 7 septembre, la seule mesure sérieuse à prendre était la montée en masse à Paris pour le retrait pur et simple du projet le
jour du vote à l’Assemblée Nationale. Aujourd’hui il est possible de faire tomber ce gouvernement si l’on se situe sur le terrain de la lutte des classes. C’est l’orientation politique que
devrait défendre un parti politique digne de ce nom combattant sous le drapeau du socialisme. Mais pour aller vers un mouvement d’ensemble qui remporte la victoire, il faut formuler l’exigence de
la rupture avec la politique syndicale du « dialogue social ». Le point d'appui le plus important de Sarkozy aujourd’hui c'est la direction nationale de la CGT et en particulier son secrétaire
général. Bernard Thibault discute tous les jours, heure par heure, avec le conseiller R.Soubie de l'Elysée, tout en maintenant la stratégie des journées d'action qui conduit à l'effilochage du
mouvement comme au printemps 2008. Là est l'obstacle central au développement de la lutte.
L’appel du 20 février avait porté l’exigence de la démocratie pour construire un « nouvel outil » : sans respect des militants, sans la volonté collective de rechercher la vérité et de la dire,
sans relations fraternelles, rien de nouveau dans le champ politique n’est possible. La force de l’Appel du 20 février prenait appui sur cette exigence : la réponse de la direction du PG,
particulièrement de son président Jean Luc Mélenchon , aura été de construire l’organisation la plus antidémocratique de ce pays. Néanmoins la faiblesse de notre appel aura été de ne pas relier
solidement la question de la démocratie à la perspective du socialisme. Tout regroupement politique s’inscrivant comme une alternative au social libéralisme, doit s’appuyer sur un socle non
négociable : en finir avec une société fondée sur la propriété des moyens de production et d’échanges et sur l’exploitation du travail salarié. Ce qui implique le refus d’alliance et/ou de
discussion avec la droite (de l’UMP au gaullisme de progrès en passant par le centre) ou des organisations communautaristes, non-laïques et/ou se présentant comme apolitiques. Cela sous-entend
aussi la reconnaissance du rôle central de la lutte des classes dans les transformations historiques sociales et la volonté de combattre pour un gouvernement au service des travailleurs, donc de
l’intérêt général. Aujourd’hui les différentes bourgeoisies s’appuient sur des organisations transnationales du capitalisme mondialisé, l’Union Européenne est une des formes institutionnelles de
cette domination ; la gauche et l’extrême gauche françaises sont engluées dans des politiques hexagonales. Comment peut-on penser répondre à cette offensive si on ne relève pas le drapeau de
l’internationalisme, et d’une réponse à l’échelle du continent.
En conséquence les militants qui ont été parmi les principaux initiateurs de l’Appel du 20 février et qui ont animé les réunions nationales des 20 février et 24 avril 2010, ont décidé de
poursuivre leur combat en fondant le collectif : « Liaisons Militantes pour le Socialisme ». Dans la continuité de nos réunions précédentes, ce collectif s’assigne comme objectif, en partant des
développements de la lutte des classes et de nos interventions dans ces mobilisations, d’être un espace de libre confrontation des points de vue entre nos expériences militantes. L’intervention
dans la lutte et le programme d’action ne peuvent être féconds que si nous sommes en capacité d’opérer un regroupement de militants s’assignant l’objectif d’élaborer les premiers éléments de
programme pour le socialisme