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9 janvier 2011 7 09 /01 /janvier /2011 20:13

 

http://www.lavoixdunord.fr/Region/actualite/Secteur_Region/2011/01/09/article_a-norrent-fontes-le-prefet-met-le-maire.shtml

À Norrent-Fontes, le préfet met le maire en demeure de raser le camp des Érythréens

dimanche 09.01.2011, 05:15 - PAR LAURENT DECOTTE

BRAS DE FER

Dans une missive envoyée le 24 décembre, le préfet du Pas-de-Calais met en demeure le maire de Norrent-Fontes de « faire disparaître le campement » qui accueille depuis des années sur sa commune des Érythréens en quête d'Angleterre. Il invoque des raisons sécuritaires et sanitaires. L'édile écolo répond un non ferme et avance des arguments humanitaires.

Ces deux-là se verront demain en préfecture d'Arras mais gageons qu'ils ne passeront pas leurs vacances ensemble. Marc Boulnois, jeune maire Europe Écologie de Norrent-Fontes, n'a pas du tout goûté la lettre qu'il a reçue le 29 décembre de Pierre de Bousquet de Florian, ex-patron de la DST et préfet des Hauts-de-Seine, actuel préfet du Pas-de-Calais. Ce dernier le « met en demeure de faire disparaître d'ici au 29 janvier le campement » d'Érythréens qui est sur sa commune.

Il s'agit de cabanes de bric et de broc dans lesquelles les migrants s'abritent et (re) prennent des forces quand ils ne tentent pas de monter dans un camion pour l'Angleterre depuis l'aire d'autoroute de Saint-Hilaire-Cottes, à côté.

Le préfet invoque deux motifs : la salubrité. « Il est indigne que des gens vivent dans ces conditions en France en 2011. » Et la sécurité : « Entre le 18 septembre et le 31 décembre, la SANEF (société des autoroutes) a déposé 11 plaintes pour cause de dégradations (notamment la destruction du grillage), les routiers 37 en un peu plus d'un an. Et en 2010, 497 interpellations de migrants en situation irrégulière ont eu lieu sur cette aire. »

« Habitat insalubre »

Marc Boulnois tacle : « Dans son courrier, le préfet pointe "l'absence de point d'eau, de toilettes et de ramassage régulier des ordures". Or, il y a une cuve d'eau, deux toilettes sèches et la communauté de communes collecte les ordures. Le préfet, qu'on n'a jamais vu ici, doit se fonder sur un vieux rapport. » « C'est jouer sur les mots », se défend le représentant de l'État. « C'est de l'habitat insalubre. » Effectivement, on n'y enfermerait pas son pire ennemi. Mais les bénévoles de l'association Terre d'Errance et le maire, main dans la main, insistent : « Si on détruit ce campement, ils n'auront plus d'abri, seront fragilisés et davantage exposés aux passeurs. » Le préfet ne veut pas en démordre : il veut profiter que la vingtaine d'Érythréens - « des gens qui souvent fuient le service militaire et sont des migrants économiques (1) » - présents en ce moment soient hébergés dans une salle communale pour faire raser le
camp vide pendant l'hiver.

Mais il ne peut pas le faire lui-même. Il a besoin d'une plainte du propriétaire du terrain. Or, il s'agit de la commune et il est hors de question que Marc Boulnois demande l'expulsion. D'où cette injonction : que le maire le fasse lui-même au motif que ce camp est générateur de « troubles à l'ordre public », évoqués plus haut. Ce que l'édile conteste : « S'il n'y avait pas ce campement, les migrants seraient là quand même, simplement parce qu'il y a cette aire. » Ce que nous confirment d'ailleurs deux Érythréens. Et dans cette logique, l'élu et surtout Terre d'Errance travaillent à leur offrir un minimum de confort (habits, nourriture, douches dans une salle mise à disposition par la commune d'Isbergues.).

« Au départ, les raisons peuvent être humanitaires, mais le maire en fait une utilisation militante. Quant à Terre d'Errance, ils n'ont aucun intérêt à ce que le camp soit rasé, c'est leur raison d'être. Comment se fait-il que ni l'un ni l'autre ne soit un jour intervenu sur des cas individuels au sujet de demandes d'asile ? » Les bénévoles de l'association, souvent des retraités dévoués - on se souvient de Monique Pouille, placée en garde à vue pour avoir rechargé le portable de migrants - apprécieront. •

1. Un service de dix-huit mois qui peut être prolongé pour une durée indéterminée, dans un pays où les droits de l'homme sont régulièrement bafoués.



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