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14 juillet 2016 4 14 /07 /juillet /2016 16:40

http://www.humanite.fr/front-de-gauche-avec-la-presidentielle-la-tension-monte-dun-cran-611664

Avec les élections présidentielles, la tension monte d’un cran

Par Julia Hamlaoui

Lundi 11 Juillet 2016

Sur fond de désaccords stratégique et programmatique, Jean-Luc Mélenchon se dit contraint de tourner la page du Front De Gauche, tandis que le Parti Communiste Français (PCF) et Ensemble appellent à un rassemblement plus large.

Battre François Hollande, la droite et le Front National aux prochaines élections. Si, parmi les formations à l’origine du FDG, la réponse est unanime, pour y parvenir, plusieurs stratégies ont émergé ces derniers mois. Entrée en campagne unilatérale et hors partis du côté de la France insoumise que souhaite incarner Jean-Luc Mélenchon. Un processus collectif de désignation du candidat, voire une élection primaire, réunissant différentes forces de gauche et citoyennes à partir d’un programme validé par ces dernières du côté du PCF. Après une série de tensions particulièrement marquées depuis les élections municipales de 2014, liées notamment aux relations avec le reste de la gauche, ces derniers jours, la tendance est plutôt à de nouvelles crispations.

« Le cartel du FDG n’existe plus. La confiance aussi est morte », a estimé Jean-Luc Mélenchon dans un entretien à Mediapart, Dimanche 3 Juillet 2016, distillant les reproches à ses alliés de 2012. La sentence paraît définitive et va au-delà du diagnostic d’échec sur lequel s’accordaient ses formations. Sur le remède à prescrire, la conclusion est elle aussi bien différente. « Je ne veux rien avoir à faire avec un habit aussi usurpé que celui-là. C’est clair, la France insoumise est le cadre et le sigle dans lequel se situe la campagne que j’anime pour les élections présidentielles et les élections législatives », a annoncé le député européen dans une note de blog, publiée la semaine précédente. Pour lui, la page est pour l’heure bien tournée.

Construire une candidature qui soit rassembleuse

« Penser que nous allons réussir en tuant le voisin de palier me paraît une drôle d’idée. Si nous nous faisons la guerre, tout le monde perdra », objecte Clémentine Autain, porte-parole d’Ensemble, qui plaide pour « un processus de rassemblement qui soit une nouvelle étape par rapport au FDG mais dans lequel se retrouvent toutes ses forces et qui permette, en même temps, à tous ceux mobilisés contre la loi travail et dans le mouvement des Nuits Debout de trouver leur place ». Pour sa part, le PCF a arrêté sa stratégie lors de son congrès à Aubervilliers au début du mois de juin 2016. « La conclusion a été très claire, il faut essayer de poursuivre et d’élargir encore le FDG. La démarche qui a conduit à sa création, réunir plusieurs forces de cultures politiques différentes à gauche, est la bonne », a rappelé, Mercredi 6 Juillet 2016 sur La Chaîne Parlementaire (LCP), le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, précisant qu’en vue des élections présidentielles, il s’agit de « construire une candidature qui ne peut pas être celle du gouvernement actuel, qui a tourné le dos à la gauche et qui doit rassembler Jean-Luc Mélenchon, les communistes, les écologistes et les socialistes qui ne veulent plus de cette politique ». Ce n’est cependant pas sur les forces organisées que le fondateur du Parti de Gauche entend compter en priorité avec la France insoumise. Le cadre qu’il construit est donc sensiblement différent de celui du FDG mais convient parfaitement au Parti de Gauche, explique son coordinateur, Éric Coquerel, « le Parti de Gauche s’est toujours vécu comme un outil pour créer un espace plus large que le nôtre. C’est notre objectif stratégique. Nous n'avons jamais considéré que nous étions une fin en soi ni l’espace de toute la recomposition ». Le candidat, lui, prend soin de dire que sa « porte est ouverte », pour mieux préciser « qu'il y a un cadre. Certes, il est mis en partage mais dans le respect de ceux qui l’ont constitué, c'est la France insoumise ». Pas de quoi brosser dans le sens du poil des communistes que la députée du PCF Marie-George Buffet a appelé à faire le choix de sa candidature, au mois de novembre 2016, lors de leur conférence nationale.

Mais surtout le projet de Jean-Luc Mélenchon ne s’arrête pas aux élections de 2017. En plein bouleversement à gauche, le député européen agit pour que la recomposition s’opère dans le cadre qu’il a créé. « L’enjeu, c’est aussi l’installation d’un nouveau progressisme écologiste et social, d’un nouvel humanisme politique en France comme courant à vocation majoritaire et du projet pour changer l’histoire de la civilisation humaine, après le rêve socialiste », déclare-t-il, tout en creusant le sillon qui consiste à vouloir fédérer « le peuple, acteur de l’histoire », plutôt que de rassembler à gauche. Les soutiens de la France insoumise seront ainsi appelés à décider « à la fin de la campagne si le mouvement devient une structure politique permanente ».

Le tout, quitte à acter la rupture sur le fond avec ses anciens partenaires. Sur le nucléaire, par exemple, il est prêt au clivage, notamment avec le PCF, « je prends position très clairement pour la sortie du nucléaire », a-t-il annoncé à la fin du mois de mai 2016, lors de la présentation des grands axes de son programme. « C’est une évolution. Nous ne sommes pas obligés d’être d’accord avec tout pour soutenir un candidat », tempère Éric Coquerel. Sur l’Europe également, « la feuille de route avec un plan A et un plan B », le premier prévoyant la rediscussion des traités et le second, en cas de refus, une sortie, ne fait pas l’unanimité.

Pierre Laurent propose une conférence citoyenne permanente

Pointant une « présidentialisation excessive » de la démarche de Jean-Luc Mélenchon, le secrétaire national du PCF a également relevé, la semaine dernière, un désaccord sur cette question européenne. Si Éric Coquerel met au défi les autres forces du FDG de contester que la rupture soit nécessaire pour refonder l’Union Européenne, Pierre Laurent propose une autre méthode que le plan B, celle d’une conférence citoyenne permanente associant élus, syndicats, Organisations Non Gouvernementales (ONG) et forces politiques pour la rédaction d’un nouveau traité soumis ensuite à référendum. « Sur la question européenne, nous avons une épine dans le pied. Mais celle-ci traverse chacune de nos organisations », constate pour sa part Clémentine Autain, « ne pas exploser juste sur cela alors que nous sommes d’accord sur l’essentiel, sur le refus du libéralisme économique, sur le refus de la logique capitaliste et sur la protection de nos droits ».

Pour Marie-Pierre Vieu, le désaccord plaide dans le sens du pacte d’engagements communs que son parti appelle à construire, « le PCF a décidé de se battre jusqu’au bout pour que, de la gauche du Parti Socialiste au Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), en identifiant de grands engagements communs, nous construisions une candidature commune. Sinon, tout le monde y perdra. Ceux qui font grève deux fois par semaine depuis trois mois en premier ».

La crispation s’aiguise aussi sur les élections législatives

Le défi n’est pas des plus minces, d’autant que la crispation s’aiguise aussi sur le terrain des élections législatives. « Des signaux extrêmement négatifs sont aussi arrivés. Le pire de tous, c’est que le PCF, dès le mois de septembre 2016, aura désigné tous ses candidats aux élections législatives », reproche Jean-Luc Mélenchon, justifiant ainsi sa décision d’investir dès lors « des candidats dans toutes les circonscriptions », en tendant la main à d’éventuels candidats communistes. « Il y a un risque très grave de disparition pour toutes les forces de gauche à ces élections », a prévenu en retour Pierre Laurent, précisant la démarche de son parti, « il faut donc se donner les meilleures chances, ce qui signifie construire des candidatures de gauche qui aient une chance de l’emporter, dans les circonscriptions et non pas dans des discussions nationales ». Pour « changer de politique, il ne suffira pas de changer de président », ajoute-t-il, faisant valoir qu’aucun des candidats potentiels de la gauche critique, Jean Luc Mélenchon, Cécile Duflot et Arnaud Montebourg, « n’a à lui seul une majorité de gauche ».

Reste, pour Clémentine Autain, « le souvenir de 2007 et je sais quel est le prix à payer de l’éclatement de nos forces. Si nous sortons avec plusieurs candidats aux élections présidentielles, nous irons droit dans le mur », prévient-elle, appelant « à la responsabilité collective pour retrouver le chemin du dialogue et partir du principe que nous avons à construire ensemble ».

« Je vote, ils dégagent ». L’équipe de Jean-Luc Mélenchon a annoncé Vendredi 8 Juillet 2016 le lancement d’une campagne pour inciter à l’inscription sur les listes électorales. Avec pour slogan « je vote, ils dégagent », elle se décline en autocollants, affiches et tracts où l’on peut lire notamment que « Pierre Gattaz, le président du mouvement des entreprises de France (MEDEF), ira voter pour obtenir de nouveaux cadeaux pour les actionnaires contre les salariés ». Une « caravane pour l’égalité et l’accès aux droits » sera aussi organisée cet été dans les quartiers populaires, préviennent les militants de la France insoumise. Le thème, lui, n’est pas neuf pour le candidat qui en 2010 signait un livre titré « qu’ils s’en aillent tous ».

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