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14 juillet 2016 4 14 /07 /juillet /2016 16:08

http://www.placegrenet.fr/2016/07/12/grenoble-conseil-municipal-perturbe-empeche-reporte-sine-die/97468

Le conseil municipal de Grenoble perturbé, empêché et reporté sine die

Par Séverine Cattiaux, Yuliya Ruzhechka et Joël Kermabon

Des opposants au plan d’économies annoncé par l’équipe municipale d’Eric Piolle ont perturbé le conseil municipal de Grenoble du Lundi 11 Juillet 2016, avant de rapidement l’investir, faisant fuir la quasi-totalité des élus. Le but de la manœuvre était de dissuader le maire de mettre en œuvre ses mesures d’austérité, comme la fermeture de bibliothèques. Vers 21 heures, celui-ci a fait déclarer l’annulation du conseil municipal.

« Voyez comme nous allons vite, à Grenoble. Nous faisons de la démocratie directe à présent », fait mine d’en rire un élu écologiste, venu jeter un œil dans la salle du conseil municipal. Ce soir, les élus ont dû céder leur place sous la pression des manifestants, rentrés de force dans l’enceinte du conseil municipal. « C’est la deuxième fois que cela se produit. La première fois, c’étaient les salariés de Gaz Electriicité de Grenoble (GEG) », note une bibliothécaire syndicaliste.

Lundi 11 Juillet 2016, s’est tenu le dernier conseil municipal avant la trêve estivale et vraisemblablement l’un des plus chauds de l’année, au sens propre comme au figuré. La cause de cette mini révolution est le plan d’économies, annoncé sans préavis aux grenoblois le 9 juin 2016, qui a vraiment beaucoup de mal à passer auprès d’un certain nombre d’habitants et de fonctionnaires de la ville. Un plan d’austérité qui touche notamment le service de santé scolaire, des maisons des habitants et le réseau des bibliothèques. Celle de Prémol pourrait ainsi fermer définitivement ses portes, Vendredi 15 Juillet 2016.

Invasion du conseil municipal en trois actes

Trois cents manifestants se sont retrouvés devant l'hôtel de ville sur le coup de 17 heures 30, Lundi 11 Juillet 2016, à l’appel de la Confédération Générale du Travail (CGT), de la CGT Force Ouvrière, du Syndicat Unitaire et Démocratique (SUD), de collectifs d’habitants, d’unions de quartier, de la Nuit Debout de Grenoble, ou bien encore du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA).

L'objectif est de se faire entendre, clamer leur hostilité farouche contre ce plan d’austérité et demander un moratoire. Les collectifs d’habitants, ainsi que l’intersyndicale de la ville ont tout d’abord demandé et obtenu une audience, avant le démarrage du conseil municipal, pour exprimer leurs revendications et livrer au maire les signatures recueillies suite aux pétitions lancées contre le plan d’austérité et, notamment, les fermetures de bibliothèques.

Deuxième acte du happening, des manifestants se sont introduits dans la partie du conseil municipal destinée au public et ont commencé à jouer leur partition.

En clair, perturber le conseil en tapant des pieds, en sifflant ou en criant des petites phrases peu tendres à l’encontre des élus, « la vraie commune, pas la fausse commune », « tous pourris, tous corrompus », « pour l’austérité, Eric Piolle et Manuel Valls, même combat » et « la mairie expulse, expulsons la mairie ».

Les prises de parole étant inaudibles, les élus se sont peu à peu éclipsés du conseil municipal.

Certains représentants de la majorité ont tenté en vain de raisonner la petite dizaine de perturbateurs.

Vers 19 heures 30, troisième acte du happening, les manifestants restés à l’extérieur du conseil municipal, non sans faire un maximum de raffut de leur côté, ont forcé, sans rencontrer de résistance, les portes du conseil municipal. Ils se sont alors assis en lieu et place des élus, continuant à taper des points sur les tables et scandant des slogans, « De droite, de gauche, des écologistes, l’austérité, on la combat ».

« La plupart des personnes ici ont voté pour nous »

À la clé, des scènes surréalistes dans cette salle de conseil municipal débordante de manifestants, les uns annotent les étiquettes des élus posées sur les tables et en font des pyramides.

Des partisans de la Nuit Debout de Grenoble discutent avec Matthieu Chamussy, président du groupe d’opposition des Républicains. Un syndicaliste de la CGT Force Ouvrière tente d’accélérer les choses. « Nous n’allons pas rester toute la nuit ici, il faut demander l’annulation du conseil municipal », propose-t-il.

« La plupart des personnes ici ont voté pour nous », observe quant à lui un élu de la majorité. Il comprend leur colère mais ajoute qu’il « suffit de les prendre un par un pour leur expliquer pourquoi nous devons faire ce plan. Nous devons faire preuve de pédagogie ».

Ce n’est pas de pédagogie dont semble pourtant avoir besoin les personnes mobilisées, ce soir, dans la salle, mais d’un dialogue avec le maire. Encore que « les conditions du dialogue ne sont pas réunies, certains ne veulent pas discuter, ils ne partiront pas tant que le plan de sauvegarde ne sera pas annulé. Or le plan ne peut pas être annulé », commente un proche du maire, discutant avec quelques manifestants.

D’intervention du maire, il n’y aura point. Eric Piolle ne reviendra pas devant les manifestants. C’est le directeur général des services qui viendra annoncer la suspension du conseil municipal.

Dans un communiqué transmis à la presse dans la nuit, le maire de Grenoble fait savoir que « je suis prêt à entendre les revendications de l’intersyndicale et des grenoblois, pour autant, je condamne fermement la violence déployée et l’entrave au bon fonctionnement démocratique de notre assemblée ».

« C’était un vrai moment citoyen »

Pour Julia, manifestante et présidente de l’association des Alliés Alpins, l’opération de ce soir est une réussite. Elle est venue en particulier pour défendre la bibliothèque Alliance. Elle qui voulait comprendre les motivations de cette absence de concertation repart avec un début d’explication, formulée par un proche du maire, « nous aurions mis les quartiers en concurrence. C’étaient aux élus de prendre ces décisions ».

La citoyenne grenobloise n’en démord pas, « il y a cent autres solutions possibles plutôt que de fermer une bibliothèque. Donnez-nous les éléments et on pourra y réfléchir avec les élus et les agents ».

Jean-Philippe est, lui aussi, satisfait de la soirée. « C’était un vrai moment citoyen. Les parents, comme moi, étaient là jusqu’au bout, portés, certes, par des manifestants plus professionnels ».

Lui aussi est venu à cause de la fermeture des bibliothèques, « le périscolaire payant selon le quotient familial, l’une des mesures du plan, cela ne me choque pas. Mais la fermeture des bibliothèques, cela n’a aucun sens. Tout le monde peut comprendre qu’on ferme deux hôpitaux pour en construire un plus grand et plus neuf. Mais cela ne marche pas pour les bibliothèques ».

Et d’espérer que l’exécutif grenoblois puisse changer d’avis à l’issue de ce conseil municipal particulièrement extraordinaire.

Céline Cénatiempo, présidente de l’union de quartier Village Olympique-Vigny Musset, appelle à une manifestation devant la bibliothèque Prémol, Mercredi 13 Juillet 2016.

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