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3 novembre 2012 6 03 /11 /novembre /2012 17:39

 

Manuel Valls critiqué après la remise d’Aurore Martin à Madrid

 

BORDEAUX (Reuters) - L'arrestation par la France et la remise aux autorités espagnoles de la militante basque française Aurore Martin, membre du parti indépendantiste Batasuna, ont fait monter la tension au Pays Basque vendredi.

 

Des élus communistes, Europe Ecologie-Les Verts (EELV) et même socialistes, ont critiqué la décision du ministre de l'Intérieur Manuel Valls, accusé d'aller encore plus loin que son prédécesseur UMP.

 

"Ce que (Claude) Guéant n'avait pas osé faire, le ministre Valls vient de le commettre", a déclaré dans un communiqué le porte-parole du PCF Olivier Dartigolles.

 

"Nous reprochons à Manuel Valls de ne pas respecter le droit français", a déclaré sur iTELE le député EELV Noël Mamère, accusant le ministre de vouloir se construire une image de fermeté sur le dos d'Aurore Martin.

 

Le Front national a estimé dans un communiqué "qu'en aucun cas un gouvernement français ne doit extrader ses nationaux".

 

Aurore Martin, 33 ans, a été interpellée jeudi par la gendarmerie lors d'un contrôle routier fortuit à Mauléon-Licharre (Pyrénées-Atlantiques), en exécution d'un mandat d'arrêt européen émis par l'Espagne le 13 octobre 2010 et validé le 16 décembre suivant par la justice française.

 

La justice espagnole reproche à Aurore Martin ses liens avec le parti indépendantiste Batasuna, illégal dans ce pays car considéré comme lié à l'organisation politico-militaire ETA, mais légal en France. Elle a notamment participé à deux réunions publiques de cette organisation.

 

Entrée durant six mois dans la clandestinité avant de réapparaître et de recevoir le soutien de nombreux politiques, Aurore Martin avait épuisé tous les recours possibles.

 

Les soutiens de la jeune femme, parmi lesquels la Ligue des droits de l'Homme, reprochent aux autorités françaises d'accepter de livrer un de ses ressortissants à un autre pays pour des faits qui ne sont pas condamnables en France.

 

"CONSTERNÉS"

 

Une tentative d'arrestation avait échoué en juin 2011. Des militants s'étaient opposés aux policiers venus chercher Aurore Martin dans l'appartement de sa soeur à Bayonne.

 

Elle vivait depuis à visage découvert mais savait qu'elle pouvait à tout moment être arrêtée. Elle risque jusqu'à douze ans de réclusion.

 

Aurore Martin a été placée vendredi en détention provisoire par la justice espagnole en attendant son jugement, déclenchant de vives protestations localement et nationalement, de l'extrême droite à l'extrême gauche.

 

Seize élus "socialistes et républicains" du Pays basque se sont dit "consternés" dans un communiqué commun.

 

"Nous rappelons que les faits visés par l'Espagne ne sont pas répréhensibles en France", affirment les élus. "Nous demandons le retour immédiat de notre compatriote sur le territoire français."

 

Le conseiller général UMP Max Brisson a dit voir dans cet événement "un nouveau signal préoccupant pour tous ceux qui œuvrent pour un Pays basque apaisé et le vivre-ensemble".

 

Quatre cents à cinq cent personnes se sont rassemblées vendredi en fin de journée devant la mairie de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) pour protester contre la remise aux autorités espagnoles de la militante basque française, a-t-on appris auprès des organisateurs.

 

La remise à l'Espagne d'Aurore Martin est intervenue quatre jours après une interview accordée par Manuel Valls au quotidien espagnol El Pais, où il annonçait qu'il n'y aurait pas de Pays basque français dans la prochaine loi de décentralisation.

 

Il a ainsi mis fin aux espoirs de nombreuses organisations basques dont une délégation avait présenté le 11 octobre dernier à la ministre de la Réforme de l'Etat Marylise Lebranchu un projet de Collectivité territoriale à statut particulier (CTSP).

 

Manuel Valls avait ajouté qu'il refusait d'ouvrir ce débat tant qu'ETA n'aurait pas "restitué ses armes".

 

Une manifestation à Bayonne pour le respect des droits des prisonniers et des réfugiés politiques basques est prévue le 10 novembre, un an après l'annonce par ETA de la fin définitive de la lutte armée.

 

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