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19 août 2014 2 19 /08 /août /2014 18:57

http://www.cuartopoder.es/terramedia/eeuu-colaborara-con-los-kurdos-que-defienden-sinyar-porque-son-terroristas/6130

http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1565

Les Etats Unis ne collaboreront pas avec les kurdes qui défendent Sinjar parce que « ce sont des terroristes »

Par Manuel Martorell

Samedi 16 Août 2014

L’accord de l’Union Européenne pour fournir aux forces kurdes des armes appropriées pour faire face aux djihadistes s’est heurté à un premier écueil avant même sa mise en œuvre.

Parmi ces forces qui luttent contre l’État Islamique se trouvent, de manière très évidente, différents groupes liés au parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un mouvement qui fait partie de la liste des organisations terroristes aussi bien par l’Union Européenne que les Etats-Unis

Le PKK joue en ce moment un rôle clé dans la défense des monts de Sinjar, où se sont produites la crise humanitaire actuelle et la réaction internationale ultérieure, mais il a également un rôle de premier plan sur le front de Makhmur, à partir duquel les djihadistes essaient de se rapprocher de la ville d’Erbil, la capitale et le siège du gouvernement régional du Kurdistan.

En outre, des unités dépendantes du PKK renforcent les peshmergas dans la défense de Kirkouk et de Jalawla, ayant été également appelés pour protéger des attaques djihadistes la vallée de Lalesh, au sud de la ville de Dahok, où se trouve le principal sanctuaire des yézidis.

Le problème est apparu, comme le rapportent à la fois l’agence Rudaw et des sources du PKK, précisément dans les monts de Sinjar. C’est dans ces montagnes que ce sont regroupés des dizaines de milliers de réfugiés yézidis et turkmènes fuyant l’avancée djihadiste.

L’incapacité des peshmergas du PDK à les défendre a contraint les unités de défense du peuple (YPG) à pénétrer en Irak depuis la Syrie pour ouvrir un couloir de sécurité et repousser les possibles attaques des islamistes.

Le résultat est que toute cette zone est désormais tombée sous le contrôle des YPG syriennes et, par conséquent, du PKK, qui abandonneront difficilement leurs positions. En tant que responsables de la sécurité des yézidis sur le terrain, les responsables du PKK exigent, logiquement, que toute opération internationale, humanitaire ou militaire, soit menée en coordination avec les commandants de la guérilla.

Une telle circonstance, selon les sources citées, a provoqué un contact entre ces commandants du PKK et les militaires américains envoyés dans la zone pour organiser l’intervention internationale, qui auraient informé les autorités locales qu’ils ne peuvent pas mettre en place cette coordination du fait que le PKK est officiellement classé comme une organisation terroriste.

Cet incident a pris une dimension importante si l’on considère que le PKK est devenu la force hégémonique dans les régions kurdes de Syrie et s’est consolidé en Turquie comme une force politique capable de réunir des millions de votes, qui dirige des centaines de villes et villages et dont candidat aux récentes élections présidentielles a remporté près de dix pour cent de l’ensemble des bulletins de vote dans ce pays.

Précisément, la crise de Sinjar coïncide avec le trentième anniversaire de sa lutte armée, réunissant autour de lui, non seulement les kurdes mais aussi d’autres minorités comme les alévis et les yézidis, qui s’opposent au projet islamiste de Tayyip Erdogan. Depuis lors, et malgré l’utilisation de tous les moyens pour en finir avec l’insurrection armée, y compris le nettoyage ethnique dans les années 1990, le PKK n’a pas cessé de voir augmenter son appui populaire, comme en témoignent les dernières élections.

Il faut aussi se rappeler que les YPG, avec l’aide du PKK, combattent l’Etat Islamique en Irak et en Syrie depuis plus d’une année sur plusieurs fronts dans le nord de la Syrie, sans aucun soutien international. Cela, ainsi que la disposition immédiate démontrée pour venir en aide aux kurdes en Irak, a considérablement accru le prestige du PKK parmi les kurdes, non seulement de Syrie, mais aussi parmi les kurdes d’Irak, enregistrant des manifestations de soutien populaire dans les villes de Kirkouk , Souleymanieh et de manière plus intense parmi les yézidis de Sinjar, dont de nombreux jeunes hommes ont rejoint leurs rangs tout en accusant les peshmergas du PDK de les avoir abandonnés.

En réalité, l’incident de Sinjar met en lumière la politique d’alliance suivie dans la crise syro-irakienne par les Etats-Unis et l’Union Européenne. Dès le début, ils ont choisi de soutenir, dans les deux pays, les groupes islamistes, qu’ils soient modérés ou radicaux, abandonnant à leur sort des secteurs tels que les kurdes, les chrétiens, les yézidis et d’autres minorités importantes, davantage partisanes d’un système démocratique comparable avec les occidentaux.

Le résultat d’une telle stratégie, très semblable à celle qui a été menée en Afghanistan, a été le surgissement d’une menace internationale encore plus dangereuse que celles des talibans, car elle affecte directement la région méditerranéenne et menace d’extermination toutes ces forces ou secteurs potentiellement alliés de l’occident.

C’est la raison pour laquelle une initiative a vu le jour sous la forme d’une lettre au président Obama, pour que les États-Unis, et par extension l’Union Européenne, retirent le PKK de la liste noire des groupes terroristes et reconnaissent le rôle important que jouent ses organisations pour l’instauration dans tout le Moyen-Orient d’un système politique fondé sur le respect de la diversité religieuse et culturelle.

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