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12 mars 2016 6 12 /03 /mars /2016 20:19

http://www.europalestine.com/spip.php?article11650&lang=fr

Procès des voyous de la Ligue de Défense Juive (LDJ)

Justice sera-t-elle-rendue ?

Le jugement de six des auteurs présumés d’une attaque sauvage contre une soirée culturelle au profit des enfants de Gaza a été mis en délibéré, Jeudi 10 Mars 2016, au Tribunal de Grande Instance (TGI) de Paris.

De l’aveu même de la procureure qui officiait Jeudi 10 Mars 2016 à la dixième chambre correctionnelle du TGI de Paris, les six prévenus de la LDJ, dont le pluri-récidiviste Jason Tibi, encourent dix ans de prison au regard de la gravité des faits qui leur sont reprochés.

Le 12 avril 2009, le théâtre Haydar, dans le septième arrondissement de Paris, a programmé une après-midi récréative, sous les auspices du Secours Populaire Français (SPF), au programme, des humoristes, des chanteurs et autres animations artistiques, la recette du spectacle devant aider les nombreux enfants hospitalisés à Gaza, suite à la terrible agression israélienne du début de l’année 2009, l'opération dite « plomb durci », qui avait fait mille quatre cent morts et cinq mille blessés.

L’affiche de promotion du spectacle insiste d’ailleurs sur le caractère uniquement caritatif de l’opération, « nous ne faisons ni politique, ni débat, notre seul but est d’apporter une aide aux enfants meurtris dans leur chair à Gaza », y écrivent les organisateurs.

Mais le 12 avril 2009 à 17 heures 30, une meute de trente à quarante membres de la LDJ, venus en voitures et en scooters, arrive soudain sur les lieux et se déchaîne immédiatement, à coups de matraques, de bâtons et de casques de moto, sur les rares personnes stationnant devant l’entrée.

Le chanteur de raï Hatim, vingt et un ans à l’époque, en sera la principale victime. « J’ai cru mourir. Combien étaient-ils à me lyncher, aux cris de sale arabe, tiens, prends çà pour Gaza, alors que j’étais déjà au sol, une demi-douzaine ou bien une douzaine ? Impossible à dire, je prenais des coups de partout. Après, j’ai perdu connaissance », témoigne la victime, relevée avec des fractures et contusions multiples et toujours traumatisée sept ans après les faits.

Grâce aux plaintes, aux déclarations précises et concordantes des témoins et au travail minutieux des services de police, une partie substantielle des membres de la bande fasciste seront assez rapidement identifiés et confondus par des preuves matérielles, il s’agissait bien de blessures volontaires, en réunion, avec armes, à raison de l’appartenance ethnique présumée de leurs cibles, « des arabes ».

Omerta juridique et médiatique

Curieusement, le procès ne s’est finalement tenu que quasiment sept ans après les faits, alors que les éléments principaux de l’infraction et de ses principaux auteurs étaient disponibles depuis longtemps. La faute aux juges d’instruction qui se sont relayés sur l’affaire et qui ont manifestement placé ce dossier en dessous de leur pile.

Les principaux médias, jamais avares de titres sensationnels quand la victime de violences, ou prétendues violences dans certains cas, se prévaut d’une identité juive, ont pratiqué l’omerta, tout comme les gouvernements successifs.

Il n’empêche que la longue séance du Jeudi 10 Mars 2016 au TGI de Paris, où un seul journaliste professionnel, Nadir Dendoune, du « courrier de l’Atlas » était présent, aura été fort instructive.

Festival de balances

On le doit beaucoup à la maîtrise dont a su faire preuve le président du tribunal qui, sans jamais hausser le ton, est revenu dans le détail sur chacun des mensonges des accusés présents. Soient les nommés Jason Tabi, Rudy Lalou et Azar Cohen, tandis qu’un quatrième prévenu Yoni Sulman, déjà condamné à plusieurs reprises, notamment pour le saccage de la librairie Résistance au cours de la même année 2009, était représenté par un avocat, l’individu a pris entre temps tranquillement le chemin d’Israël, et que deux autres, Maxime Schafier et Yohav Bensimon, avaient carrément séché la séance.

Le spectacle donné par Jason Tibi, Rudy Lalou et Azar Cohen fut pathétique, en particulier, parce qu’on assista à un véritable festival de « balances », chacun cherchant à se défausser sur son voisin des accusations les plus gênantes, « ce n’est pas moi qui avais une matraque, c’est lui » et « non, je suis bien arrivé sur les lieux, mais je n’avais pas l’intention de frapper quiconque ». « Je n’étais pas d’accord avec cette ratonnade », dira encore, piteux, l’un d’entre eux.

Dominique Cochain, qui représentait Hatim partie civile au procès, pointera pour sa part l’un des mensonges les plus impudents de Jason Tibi, qui venait de déclarer quelques instants plus tôt à la barre que ses équipées sauvages avaient cessé après 2009 et qu’il avait tourné la page, comment se fait-il alors qu’en juin 2011, c’est encore lui qui conduit un « commando » de la LDJ de Paris à Marseille, dans le but proclamé d’attaquer les participants à l’opération « un bateau pour Gaza » ? Dominique Cochain soulignait également que quatre ans après avoir été condamné pour une autre agression, Jason Tibi n’avait toujours pas indemnisé ses victimes et qu’on pouvait donc avoir les doutes les plus sérieux sur les « regrets » du bout des lèvres que le président du tribunal venait de lui arracher.

Un drôle de réquisitoire

Devant un exposé aussi précis de l’agression du 12 avril 2009, la représentante du parquet, une institution hiérarchiquement soumise au gouvernement, que l’Union Européenne ne considère donc pas comme une juridiction indépendante, faut-il le rappeler, fut bien obligée de constater les faits.

Oui, les délits en cause sont bien ceux de violences et blessures volontaires, avec toutes les circonstances aggravantes que sont les violences en réunion, préméditées avec armes, perpétrées à raison de l’appartenance présumée des victimes à une race ou ethnie, « arabe », dans le cas présent.

C’est bien pourquoi tous les membres de le meute encourent, indépendamment du nombre de coups portés par chacun pris isolément, une peine pouvant atteindre sept, voire dix années d’emprisonnement, d’autant que plusieurs des prévenus ont déjà des casiers judiciaires passablement fournis pour violences, trafic de stupéfiants et escroquerie.

Mais après cette envolée plus ou moins lyrique, la procureure baisse le ton. Se tournant vers Hatim, elle lui dit que « je sais qu’après ce que je viens de déclarer, vous allez trouver plus que minimes les peines que je vais requérir ».

De fait, après avoir balbutié quelques inepties, cherchant à expliquer que les « jeunes », en fait tous déjà adultes en 2009, étaient devenus « des hommes dont on espère qu’ils ont muri », elle proposait des peines de quelques mois avec sursis, sauf pour Yoni Sulman, pour qui elle réclamait de la prison ferme, sachant pertinemment que l’intéressé lui fera un bras d’honneur depuis le territoire israélien.

Le tribunal rendra son jugement dans quelques jours. A suivre donc.

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