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16 juillet 2017 7 16 /07 /juillet /2017 15:56

 

https://blogs.mediapart.fr/jean-marc-b/blog/150717/trois-positions-dans-fo-face-aux-ordonnances-de-macron

 

https://www.anti-k.org/2017/07/15/dans-la-cgt-force-ouvriere-fo-trois-positions-en-presence-face-aux-ordonnances-de-macron/

 

Trois positions dans la Confédération Générale du Travail (CGT) Force Ouvrière face aux ordonnances d'Emmanuel Macron

 

Samedi 15 Juillet 2017

 

La dite guerre éclair d'Emmanuel Macron pour une contre-réforme qui aboutisse à une deuxième loi travail repose sur un certain type de gestion institutionnelle autoritaire ainsi que sur l’appui accordé à cette politique par la direction de la Confédération Française Démocratique du Travail (CFDT) de Laurent Berger et par celle de la CGT Force Ouvrière.

 Le dirigeant de la CGT Force Ouvrière, Jean-Claude Mailly, tout aussi chef qu'Emmanuel Macron, s’accorde avec le gouvernement d’Edouard Philippe et la présidence d'Emmanuel Macron. Ces derniers gèrent conjointement la négociation clé de l’ouverture du quinquennat.

Elle est menée officiellement par la Directrice des Ressources Humaines (DRH) Muriel Pénicaud, l’actuelle ministre du travail. Muriel Pénicaud a déjà répondu favorablement, comme patronne de Business France, aux demandes d'Emmanuel Macron, lorsqu’il était ministre de l'économie et du numérique, du mois d'août 2014 au mois d'août 2016, pour l’organisation et le financement, pour trois cent quatre vingt mille euros, de la French Tech Night de Las Vegas, du 6 janvier 2016. Une aide qui risque de lui retomber sur les pieds dans les semaines qui viennent. Elle risque d’avoir un contrat de projet au gouvernement.

Le soutien des deux appareils syndicaux, la CFDT et la CGT Force Ouvrière, est important. Toutefois, l’opposition à cette contre-réforme irrigue, de manière différenciée certes, un ensemble syndical allant de l’Union Nationale des Syndicats Autonomes (UNSA) à la CGT en passant par l’Union Syndicale Solidaire (USS).

L’issue de ce possible affrontement social dépendra de la mobilisation sociale, dès maintenant, sous des formes diverses et avec la constitution d’un bloc social qui pourrait bien inclure un secteur des étudiants et des enseignants, suite au coupes budgétaires, et divers mouvements sociaux. Sous une telle pression, les différenciations au sein de la CGT Force Ouvrière ne sont pas négligeables. C’est ce qu’analyse cette contribution qui permet de ne pas rester scotché à l’information de la grande presse et à la communication très contrôlée d'Emmanuel Macron.

Les ordonnances d'Emmanuel Macron sur la contre-réforme du code du travail se préparent et chacun sait très bien quel va être leur contenu. L’intérêt de la classe ouvrière, c’est que les directions confédérales rompent le soi-disant dialogue social au sommet et mettent leur force dans la bataille pour la grève générale du 12 septembre 2017, de façon à aller vers la réalisation du tous ensemble pour affronter Emmanuel Macron et son gouvernement, qui veulent adopter les ordonnances le 20 septembre 2017.

Loin des projecteurs médiatiques, une bataille importante se joue à l'intérieur de la CGT Force Ouvrière.

Son dirigeant Jean-Claude Mailly prétend qu’une vraie négociation se déroule avec le gouvernement. Il fait croire que la hiérarchie des normes dans le droit du travail n’est pas en péril. Il ne parle plus de la première loi travail si ce n’est pour dire qu'Emmanuel Macron et Edouard Philippe s’y prennent bien mieux que François Hollande et Manuel Valls parce que, avec eux, on est entendu. Il affirme que le soi-disant Contrat de travail à Durée Indéterminée (CDI) de projet n'est pas un réel danger et il accepte par avance les mesures annoncées à l’encontre des conseils des prud’hommes et des Comités d'Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail (CHSCT). Il désavoue, dans l’Humanité du 2 juin 2017, les unions départementales qui, comme à Paris, ont manifesté à la fin du mois de juin 2017 aux côtés de la CGT, de la Fédération Syndicale Unitaire (FSU) et de l'USS, en parlant d’initiatives isolées, alors que ces unions départementales sont les plus nombreuses. Tout cela fait beaucoup, excusez du peu, même s’il tente de nous rassurer en prétendant que, au final, il se déterminera en toute indépendance selon ce que sera, ou pas, le contenu des ordonnances.

Cette tentative d’accrocher la CGT Force Ouvrière au char gouvernemental produit une opposition montante, sans nul doute majoritaire, parmi les syndicats et les militants.

La seconde position en présence est très simple, c’est la position de classe. Il faut afficher l’exigence de retrait des ordonnances d'Emmanuel Macron tout en maintenant celle d’abrogation de la première loi travail. Il faut cesser de raconter des fadaises sur le dialogue social au sommet. Ce qui doit se discuter, c’est qu’il faut mettre fin à ce qui est le contraire d’une négociation. Il faut préparer la grève unitaire et totale pour le 12 septembre 2017. Il faut la démocratie et le débat. Un Comité Confédéral National (CCN) de la CGT Force Ouvrière est nécessaire tout de suite.

En effet, le prochain CCN de la CGT Force Ouvrière est pour l’instant fixé à la fin du mois de septembre 2017.

Cette position est en train d’avancer. la Fédération des Transports et de la Logistique ainsi que l’Union Départementale du Finistère avec sa nouvelle secrétaire départementale Nadine Hourmant, issue de la lutte des usine Doux, appellent au 12 septembre 2017.

Mercredi 12 Juillet 2017, le Canard Enchainé, sous le titre « fronde syndicale contre le patron Mailly », a prétendu que toutes les Unions Départementales de Bretagne, ainsi que celles de la Manche, de la Loire-Atlantique, du Rhône et de l’outre-mer, ainsi que la Fédération de l’Équipement, « entretiennent la jacquerie ».

De fait, cet article du Canard Enchaîné entretient un confusion. Il met dans le même sac des Unions Départementales et des organisations qui s’orientent vers la ligne de l'Union Départementale du Finistère, d’autres qui tout simplement veulent maintenir l’unité constituée contre la première loi travail avec la CGT, la FSU et l'USS, comme l'Union Régionale de l'Ile-de-France (URIF) et les Unions Départementales de Seine-Maritime et de l’Allier, et d’autres qui entendent bien protéger Jean Claude Mailly.

De plus, en employant le terme de « jacquerie contre Jean Claude Mailly », il contribue aux manœuvres internes visant à décrédibiliser les opposants, d’autant plus que ceux-ci, répétons-le, sont potentiellement majoritaires. Ce terme contient aussi une référence aux bonnets rouges de 2013, une étape très importante de la lutte des classes de ces dernières années sur laquelle il faudrait revenir.

Le Canard Enchaîné a ajouté aux Unions Départementales de Bretagne plusieurs Unions Départementales ayant adopté des textes de ce genre, des piqûres de rappel qui ne mangent pas de pain, ainsi que des Unions Départementales dans lesquelles ces questions sont clairement en discussion.

L'argumentaire des protecteurs de l’appareil confédéral est le suivant. Il ne faut pas s’en prendre aux personnes et donc il est interdit de nommer le secrétaire confédéral, c’est pourtant lui, Jean Claude Mailly, qui va voir le gouvernement, qui s’en félicite et qui raconte des bobards de plus en plus énormes, il ne faut pas demander de CCN extraordinaire, autrement dit il faut attendre que les ordonnances soient passées en conseil des ministres le 20 septembre 2017, et il faut juste rappeler les fondamentaux, se référer aux résolutions des derniers CCN et bien dire qu’on veut abroger la première loi travail, ce qui est censé suffire à titre de piqûre de rappel.

Le Canard Enchaîné a donc permis aux défenseurs de Jean Claude Mailly de sortir du bois. L'Union Départementale de Loire-Atlantique, qui historiquement a représenté l’opposition dite anarcho-syndicaliste aux origines de la CGT Force Ouvrière, avant de devenir depuis des décennies la composante combative des majorités confédérales, dont le secrétaire actuel, Michel Le Roch, a pris en 2015 la suite de Patrick Hébert, dirigeant officieux du Parti Ouvrier Indépendant (POI) lambertiste. Leur discours actuel constitue la troisième position en présence dans la confédération après celle du dirigeant tourné vers l’intégration du syndicalisme à l'état et celle, spontanément majoritaire, des organisations et des militants, et qu’exprime ouvertement les appels de l'Union Départementale du Finistère et de la Fédération des Transports et de la Logistique. Cette troisième position est celle de l'aile gauche de l’appareil indispensable comme couverture de celui-ci.

Cette position consiste à dire tout ce que vous voulez, sauf trois choses, des critiques directes contre Jean Claude Mailly, le mot retrait concernant les ordonnances d'Emmanuel Macron et la demande d’un CCN extraordinaire. Au contraire, il est de bon ton de se référer aux CCN précédents, qui sont tous antérieurs aux joyeuses escapades de Jean-Claude Mailly.

En couvrant ainsi Jean Claude Mailly, c’est Emmanuel Macron que ces camarades couvrent.

Que, par ailleurs, le journal du POI, Informations Ouvrières, semble préparer une entrée-dissolution du POI dans le Mouvement de la France Insoumise (MFI) de Jean Luc Mélenchon est parfaitement cohérent avec cette orientation. S'en remettre à un front populaire politique pour combattre Emmanuel Macron est en effet cohérent avec le fait de ne pas défendre l’indépendance des organisations syndicales envers le gouvernement, tout en n’ayant que le mot indépendance à la bouche, ce qui s’appelle de la langue de bois.

Précisons que c’est une orientation politique et syndicale qui est critiquée ici, mais que le POI a parfaitement le droit de développer une orientation et qu’il ne s’agit pas de dénoncer des militants politiques, dont l’orientation, au demeurant, semble de plus en plus dictée par Jean Claude Mailly et par Jean Luc Mélenchon.

D’autres militants politiques, comme ceux du Parti Ouvrier Indépendant Démocratique (POID), une des deux tendances issues de la scission du POI lambertiste, et de l’Union Anarchiste Syndicaliste (UAS), et des milliers de militants uniquement syndicalistes, se positionnent différemment et ils en ont tout aussi le droit.

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