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14 avril 2018 6 14 /04 /avril /2018 19:15

 

 

http://questionmarx.typepad.fr/question-marx/2018/04/nddl-non-a-la-violence-de-letat-contre-les-communs-.html

 

Non à la violence de l'état contre les communs

 

Par Pierre Dardot et Christian Laval

 

La destruction violente des communs de la Zone A Défendre (ZAD) de Notre Dame Des Landes (NDDL) par le gouvernement français est un acte infâme et révoltant. L’actuelle offensive policière, menée par plusieurs milliers de gendarmes et de Compagnies Républicaines de Sécurité (CRS), avec engins blindés et hélicoptères, n’est que l’exercice de la violence étatique la plus pure contre un ensemble de pratiques collectives en cours ou en gestation, dont les fragiles conditions matérielles, bâtiments, lieux de réunion, outils de travail et troupeaux, sont anéanties par les bulldozers et les escouades policières.

Dès la première journée d’assaut contre la ZAD de NDDL, la destruction de la ferme des Cent Noms constituait une véritable déclaration de guerre sociale et politique. La destruction de ce lieu ne s’imposait nullement au regard des critères invoqués par le gouvernement dans sa communication. Nicole Klein, préfète des pays de Loire, justifie l’opération policière en prétendant que les habitants de la ferme des Cent Noms n’avaient pas déposé de projet agricole. Ce qui est de toute évidence faux. Les habitants de cette ferme étaient porteurs d’un projet agricole alternatif et certains d’entre eux avaient déposé une demande de régularisation.

Quelle est la véritable raison de cette rage destructrice ? Ce n’est pas l’absence de projet, c’est la nature des projets qui est en cause. Ce que ne supportent pas l'état et ses représentants c’est que s’expérimentent depuis dix ans des formes de vie qui préfigurent ici et maintenant ce que pourrait être une société libérée de l’emprise de la logique propriétaire sous toutes ses formes.

De ce point de vue, la proposition des habitants et des défenseurs de la ZAD pour la prise en charge de la gestion collective des terres et des espaces par l’assemblée des usages est de la plus haute valeur symbolique. Cette solution présentait l’avantage de prolonger directement l’expérience initiée et poursuivie durant tant d’années et de faire prévaloir la logique de l’usage commun, qui est une logique de soin et d’entretien, sur la logique propriétaire, qui est une logique destructrice et mortifère.

Ce n’est pas l'état de droit qui se défend, comme le soutient le premier ministre, c’est un état de force qui veut éliminer le plus vite et le plus complètement possible tout ce qui pourrait relever du principe en acte du commun, associations, coopératives de consommation et de production, projets agricoles et artisanaux et modes d’échange et de vie conviviaux.

L'état veut empêcher par ses moyens policiers démesurés ce qui est une véritable invention dans la manière de produire et de vivre. Il veut faire table rase d un modèle de vie collective et écologique dont nous avons besoin aujourd’hui.

L'état apparaît ici sous son vrai visage. Il n’est pas simplement le garant de la propriété privée. Il est lui-même soumis de fond en comble à la logique propriétaire. Il est l'état propriétaire en guerre contre les communs. Il faut lui faire échec coûte que coûte pour préserver le trésor menacé des communs.

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