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30 mars 2021 2 30 /03 /mars /2021 11:15

 

 

https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/contre-lunef-une-manoeuvre-politique-indigne-20210330_G35XGKYJYVCJTG3KH7D7CZCCJ4/

 

Contre l’Union Nationale des Etudiants de France (UNEF), une manœuvre politique indigne

Pour ces féministes, syndicalistes et militants, prétexter des réunions non mixtes pour affaiblir la deuxième organisation étudiante est indigne de ministres de la république. La polémique ne vise qu’à empêcher un débat sain sur l’état des inégalités et les moyens pour en sortir.

Mardi 30 Mars 2021

Acteurs du mouvement social, féministes, syndicalistes et militants antiracistes, parfois anciens de l’UNEF, nous avons découvert avec stupeur et colère la polémique organisée par la droite et le gouvernement contre l'UNEF.

Nous sommes indignés que le gouvernement fasse ce choix en pleine crise sanitaire, au lieu d’engager un vrai dialogue avec les organisations étudiantes et la communauté universitaire pour trouver des solutions à la situation catastrophique des étudiants. Alors qu’il stigmatise, met en opposition et banalise la parole raciste, le gouvernement est mal placé pour faire des leçons pour la république. Mais ce qui choque peut-être le plus, c’est le cynisme de la manœuvre qui occulte, caricature et empêche un débat nécessaire. Le calcul électoral est connu et la ficelle est grosse. A l’image de la polémique orchestrée sur l’islamo-gauchisme, l’enjeu est de créer des divisions identitaires pour occulter les questions sociales et organiser ainsi le tête-à-tête avec l’extrême droite en 2022. Une stratégie malsaine et dangereuse, qui n’a d’autre effet que de légitimer les thèses de l’extrême droite.

L’objectif de ce type de polémiques caricaturales est d’empêcher un débat sain sur l’état des inégalités et des discriminations et les moyens pour en sortir. Nous avons en commun la volonté farouche de construire une société mixte et égalitaire et de transformer les rapports sociaux de classe, de genre et de domination, liées au racisme. Mais nous savons que, pour y arriver, il est souvent nécessaire de permettre aux personnes se sentant victimes d’une même discrimination de se retrouver pour oser exprimer leur vécu et leurs attentes et pour enclencher un processus d’émancipation. C’est ce que des organisations progressistes pratiquent ponctuellement. Nous animons ou nous soutenons des collectifs de femmes et de travailleurs sans papiers qui permettent de libérer la parole sur les discriminations subies. De même sur les rapports sociaux au travail, c’est parce qu’ils peuvent s’organiser sans les représentants de la hiérarchie que les salariés peuvent agir contre le management délétère et l’exploitation. Mais, comme l’UNEF, nous avons en commun de nous inscrire dans un combat social, internationaliste et universaliste. Au-delà des rapports de domination qui se cumulent, nous cherchons à rassembler tous ceux qui souhaitent agir contre l’exploitation et l’oppression et gagner une société plus juste.

Prétexter de réunions non mixtes pour appeler à dissoudre la deuxième organisation étudiante, forte de cent dix ans d’histoire, en créant un parallèle avec les jeunesses identitaires, est indigne de ministres de la république. C’est honteux et inédit, à l’image du relent de maccarthysme de la commission d’enquête sur les recherches prétendument islamo-gauchistes. S’interroge-t-on sur tous les cadres prétendument mixtes qui en fait ne le sont pas du tout ?

Chacun est libre de partager ou non les choix et positionnements de l’UNEF et nous considérons d’ailleurs que les étudiants doivent être les seuls juges sur ce point. Nous avons de nombreux sujets de débat entre nous et nous pensons que, sur des questions aussi complexes que la lutte pour le féminisme et la laïcité, contre le racisme et l’homophobie, la discussion est nécessaire. L’enjeu est de rendre visibles des inégalités et de s’organiser pour y mettre fin, sans assigner ni enfermer dans les identités stéréotypées que nous combattons.

L’enjeu est également de trouver le bon équilibre pour articuler, sans prioriser ni occulter, la lutte contre les différentes dominations et les rapports d’exploitation de classe. Les inégalités se cumulent mais elles ne s’effacent pas. La lutte contre le sexisme ne doit pas occulter la lutte contre le racisme et vice-versa, par exemple. Les questions sont complexes et les réponses que nous y apportons peuvent différer, mais nous nous rassemblons pour soutenir la direction de l’UNEF face à la violence des mises en cause dont elle fait l’objet et nous condamnons les attaques infâmes, sexistes et racistes, dont est victime sa présidente Mélanie Luce.

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