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29 avril 2024 1 29 /04 /avril /2024 15:17

 

 

https://linsoumission.fr/2024/04/29/nazi-melenchon-reponse-retailleau/

 

Réponse de Jean Luc Mélenchon à Sylvie Retailleau

Lundi 29 Avril 2024

Le président de l’université de Lille n’est pas un nazi. Si je pensais qu’un nazi présidait l’université de Lille, je le dirais, sans peur de vous et de vos plaintes. Je ne pense pas que le président actuel le soit. Je l’ai même qualifié de brave homme dans mon discours. Je ne dirai jamais d’un nazi qu’il est un brave homme. J’ai dénoncé la lâcheté qui conduit au mal comme l’a décrit Hannah Arendt, car il s’est plaint dans son communiqué des pressions qu’il a subies.

Pourquoi y a-t-il cédé ? Quelles sont ces menaces et qui les a proférées ? Sa décision est si peu justifiée qu’un des conseils de faculté de cette université l’a récusée. D’ailleurs avez-vous entendu parler dans une seule des universités ou j’ai présenté mon livre Faites Mieux avant Lille de propos ou d’incidents qui aient troublé l’ordre public ?

À votre tour, vous vous défaussez de vos responsabilités dans la défense des libertés universitaires. Qui a menacé de faire du désordre pour exiger l’interdiction de notre conférence à Lille ? Pourquoi le président de la région Nord Pas De Calais (NPDC) a-t-il exigé que je sois interdit de parole dans toutes les universités ? Pourquoi la député Renaissance de Lille a-t-elle appelé au désordre contre nous ? Votre action en justice est une diversion pour faire parler de vous et pour faire oublier le crime que nous combattons, le génocide des palestiniens.

Vous décidez d’une plainte qui n’aura aucune conséquence, car elle est sans objet réel, et vous le savez. Vous faites cela parce que vous avez peur. Des meutes de rustres vous rendent responsable du dégout général qui s’exprime dans toutes les universités françaises contre l’abject génocide de Gaza et contre ceux qui tâchent de faire taire la protestation qu’il exige pourtant comme un devoir moral et politique absolu. Dans le monde entier et notamment aux États-Unis, les étudiants le clament par milliers. La jeunesse française honore sa patrie républicaine en le faisant à son tour aux yeux du monde. La jeunesse a toujours raison de lancer ses alertes à ses ainés et ceux qui la répriment ont toujours tort.

Dimanche 28 Avril 2024, j’ai déjeuné avec Mathilde Panot avant l’épisode de la ministre qui porterait plainte contre moi. Nous faisions le point. Elle-même était de retour de son émission sur je ne sais plus quelle chaine. Des questionneurs automatiques y avaient suivi l’ordre des banalités ordinaires dans une rencontre médiatique avec une personnalité insoumise. Ceux-là ont fait un usage plus distrayant de leur grossière inculture en innovant pour demander à Mathilde Panot pourquoi elle n’appelait pas un génocide les bombardements de Bachar al Assad il y a dix ans. Le pays s’interrogeait en effet. Les voir se repeindre en amis de l’Etat Islamique nous a fait rire. Dimanche 28 Avril 2024, je fêtais mon huitième jour sans télévision française.

Comme pour les cigarettes en période de sevrage autrefois je n’avais fait que deux exceptions. Je faisais une première exception, Lundi 22 Avril 2024, avant mon départ pour Erevan, pour voir ce que donnerait sur une grande chaîne de télévision la soirée de ma conférence à l’Institut d’Etudes Politiques (IEP) de Paris. Je faisais une deuxième exception pour assister Vendredi 26 Avril 2024 au naufrage d’une autre grande chaine continue quand l’IEP fut occupée puis évacuée. Je regardais en même temps Câble News Network (CNN) et la British Broadcasting Corporation (BBC) sur le même sujet. Je n’en dis pas plus, car j’avais honte de voir ce qu’est devenue l’information à la française. Lundi 22 Avril 2024, avant mon arrivée Rue Saint-Guillaume, une information de l’intérieur nous avait mis en garde.

Quatre leaders jeunes de l’extrême droite et de la droite donnaient rendez-vous dans un bistrot à des journalistes de télévision. Ils iraient ensemble devant l’IEP pour provoquer les étudiants insoumis qui m’attendaient. À l’heure dite, ils y étaient. Leur rêve était de créer une ambiance de violences et de tensions contre la récupération. Ce fut un bide pour eux. Pour finir, une fois sur place seuls Quentin Coton et Alice Cordier se montrèrent à visage découvert.

Ils glapirent et vociférèrent pour la joie des caméras excitée par le buzz ainsi offert. « Le Mouvement de la France Insoumise (MFI) pris à partie par les manifestants », a dit à l’écran un journaliste d’une chaine liée à la manipulation. L’opération tourna court parce que la masse des étudiants présents à l’intérieur et à l’extérieur de l’IEP réduisait à néant l’angle choisi à propos d’une minorité agissante pour la Palestine et parce que le malheureux Quentin Coton ayant ciblé une jeune femme pour rouler les mécaniques et pousser des hurlements fut mis en déroute par l’intéressée. Elle lui demanda d’aller en cours, mais Quentin Coton n’est pas étudiant dans cet établissement comme la télévision veut le faire croire. Il est donc retourné au bistrot préparer son prochain diplôme de provocateur. Les autres comploteurs sont restés discrets. Moi je n’ai rien vu de tout cela, sauf la main d’un type qui a essayé de me frapper sur mon passage en disant que j’étais un ami du Hamas.

Je ne comprends rien à cet ami du Hamas qui m’en voulait. Les médias s’ennuieraient sans moi. J’occupe des pages de délire ici et là et des heures de plateaux de télévision.

Pour leur cinquante et unième article hostile d’affilée, deux malheureuses journalistes du Monde ont fini par rater leur angle faute de motivation au travail. Métier ennuyeux, répétitif, sans prestige qui fait de vous les parias des diners en ville dont nous nous moquons ensuite entre nous et entre collègues qui savent à quoi s’en tenir sur les personnes autant que sur les trajectoires. Selon elles, à l’IEP de Paris, je tentais de me justifier pour avoir cité Hannah Arendt. C’est le contraire.

J’assume et je l’ai répété devant les centaines d’étudiants présents dans l’amphithéâtre de l’IEP de Paris. Donc elles n’ont pas écouté. Elles se sont fait raconter, comme d’habitude. Il est vrai qu’elles venaient de découvrir l’existence d’Hannah Arendt, mais elles n’ont toujours pas compris, cela va de soi, le sujet posé, c’est-à-dire ce que veut dire le mécanisme de la banalité du mal.

Elles auraient pu reprendre à leur compte les critiques de l’époque contre cette thèse. Il était facile de recopier les grands esprits qui, déjà, dans l’Observateur, en 1963, s’étaient demandés si Hannah Arendt ne serait pas nazie. Je donne là un coup de main gratuit aux plumitifs contre le MFI. Au total, si nous passons le moment désagréable pendant lequel, comme d’habitude, les éléments de langage d’une certaine extrême droite sont mis en circulation dans les rédactions, je suis extrêmement satisfait du résultat obtenu. Nombre de personnes et de jeunes sont allés chercher les livres en question.

La consultation de mon discours de 2001 pour la commémoration de la rafle du Vélodrome d’Hiver a été bonne et, surtout, Mercredi Premier Mai 2024, une grande chaîne de télévision met à l’ordre du jour, dans la Grande Librairie, le thème de l’entrée dans la pratique bureaucratique banalisée du mal. D’autres se préparent.

Des intellectuels reprennent la plume. Un secteur de l’université de Lille a osé exprimer après un vote interne une réfutation de l’interdiction de notre conférence. C’est le point décisif. Le but est que dans ces milieux cesse le conformisme et la soumission aux dominants universitaires du moment, qui sont tous idéologiquement marqués et qui ne le cachent plus. Le feu se rallume. Des résistances de cette nature apparaissent dans le monde entier après des mois de sidération et de peur de parler.

A l’Université d’Indianapolis, dans l’Etat de l’Indiana, aux Etats-Unis, la vice-doyenne de l’université, Elizabeth Dunn, est descendue sur le terrain aux cotés des étudiants et des professeurs engagés contre le génocide et elle a dit que « Je pourrais perdre mon emploi à cause de ma présence ici, mais je ne pouvais pas rester assise et attendre ».

L’ambiance a changé aux Etats Unis depuis les débuts des crimes de guerre au mois de novembre 2023 lorsqu’étaient licenciés des doyens des universités hostiles au signaux de génocide car, après tant de jours, la honte commence à s’installer dans les consciences à propos de la lâcheté du silence. La diversion iranienne n’a servi à rien. Les images des fosses communes à Gaza et des malades enterrés vivants, pour ne parler que de cela, et celles qui arriveront avec la prochaine tuerie à Rafah font leur effet.

Le sujet ne s’essouffle pas dans les consciences. En témoigne les contorsions de Jérôme Guedj. Il plaide désormais pour un entre deux entre, d’une part, les génocideurs et, d’autre part, les prétendus partisans de l’effacement d’Israël. Son recul est net. C’est une nouvelle façon de continuer à nous insulter en nous attribuant une position qui n’est pas la nôtre, mais nous voyons clairement une honte émerger de ces couinements.

L’ambiguïté du propos est un signe dans son milieu de fanatisme. L’intéressant est de le voir s’agiter autour du piquet où le retient la laisse de ses adhésions. C’est un nouveau ni-ni sur le mode de la circonspection balancée apprise à l’Ecole Nationale d’Administration (ENA). Bousculé par Meyer Habib sur l’estrade d’une manifestation du Likoud au Trocadéro, Jérôme Guedj sait maintenant qu’il ne serait guère mieux accueilli ailleurs.

Cela lui pend au nez comme les autres. Pour des générations, ils seront les socialistes qui ont couvert un génocide et qui ont renié les principes les plus constants de la gauche du judaïsme en France. Ils sont ceux qui ont ridiculisé l’accusation d’antisémitisme en l’infligeant à tous ceux qui ne se sont pas tenus au garde-à-vous de la solidarité inconditionnelle devant Benjamin Netanyahou.

Du pape au secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU), tout y est passé. Ils sont ceux qui ont permis de voir s’épanouir des dérives communautaristes que leurs pères et que leurs grands-pères avaient combattues toute leur vie, jusqu’au point à présent de voir émerger la proposition de former une milice communautaire en lien avec un ministère israélien. J’en passe et des plus nulles encore. Dans quelques mois, le Parti Socialiste n’osera plus lui-même s’appeler Parti Socialiste. Cette dernière couche d’infamie a ressuscité toutes les autres, elle lui vaut le dégout de tous ceux à qui il a rendu la vie impossible dans notre pays et le vote du Dimanche 9 Juin 2024 ne me démentira pas.

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