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30 novembre 2019 6 30 /11 /novembre /2019 18:26

 

 

https://www.equinoxmagazine.fr/2019/11/29/six-journalistes-ecrivent-la-verite-sur-le-processus-independantiste-catalan/

 

Six journalistes écrivent la vérité sur le processus indépendantiste catalan

Par Nico Salvado

Vendredi 29 Novembre 2019

Tota la Veritat est le livre politique événement de cette fin d’année 2019, publié aux éditions Ara Llibres. Six journalistes venus d’horizons différents racontent les coulisses du processus indépendantiste du mois de septembre 2016 au mois de juillet 2018.

L’ouvrage se base sur les recherches des auteurs, des témoignages et des documents originaux. Totalement factuel et neutre politiquement, le livre a été écrit par Ferran Casas, directeur de Nació Digital, par Odei Etxearte, journaliste de Vilaweb, par Marc Martinez, chef du service politique de la radio catalane, par Roger Mateos, chef du service politique de l’agence EFE, par Gerard Pruna, chef du service politique d'Ara, et par Neus Tomàs, directrice adjointe du Diario.

Le livre commence le 5 septembre 2016, vingt trois jours avant que Carles Puigdemont annonce devant le parlement de Catalogne la convocation d’un référendum unilatéral d’indépendance. Les secteurs les plus modérés de l’indépendantisme, dont le parti d’Artur Mas, espèrent une ouverture de l'état espagnol. La majorité souhaite que le référendum soit autorisé par Madrid, quitte à changer la question, qui ne porterait pas directement sur l’indépendance de la Catalogne. L’idée est d’attirer à la cause Podemos et Ada Colau, qui sont favorables au référendum, mais pas à l’indépendance. En revanche, les profils les plus radicaux, notamment l’extrême gauche de la Candidature d'Unité Populaire (CUP), expliquent qu’aucune marche arrière n’est possible.

Le 14 février 2017, dans le restaurant Siete Portes de Barcelone, les équipes d'Esquerra Republicana de Catalunya (ERC) du vice-président catalan Oriol Junqueras expliquent à Carles Puigdemont qu’il faudra peut-être faire une pause dans la feuille de route vers la république catalane. La métaphore employée par le conseiller d'Oriol Junqueras, Sergi Sol, et racontée en détails dans le livre, mettra Carles Puigdemont dans une colère noire. A ce moment, Oriol Junqueras sait déjà qu’il risque la prison. En coulisse, ERC tergiverse, mais ne le fera jamais en public. Si le processus indépendantiste déraille, des élections catalanes seront organisées et ERC ne veut pas en porter la responsabilité électorale. Cette course à l’échalote, qui explique la fuite en avant de l’indépendantisme, est un fil rouge du livre.

La paranoïa du monde indépendantiste, amplifiée par la répression espagnole et le bashing médiatique de Madrid, est l’état dans lequel se trouve les séparatistes. A tel point que le numéro deux d’Artur Mas, Francesc Homs, sera expulsé de l'état major, le groupe confidentiel des hommes influents qui organise le référendum. Il est alors suspecté d’avoir fait fuiter certaines informations à la presse. Ecrit chronologiquement, le livre raconte avec beaucoup de détails la descente de police à la vice-présidence catalane le 20 septembre 2017 et les violences policières lors du référendum du premier octobre 2017. L’ouvrage narre comment Josep-Luís Trapero est resté le major des Mossos d’Esquadra totalement par hasard.

Après le premier octobre 2017, il est flagrant que le gouvernement de Carles Puigdemont n’a aucune ligne directrice. L’indépendantisme dans sa grande majorité pensait que le premier ministre espagnol Mariano Rajoy proposerait une négociation après le référendum du premier octobre 2017. Face au mutisme du gouvernement et la maison royale, l’indépendantisme est désorienté.

Les pages du livre détaillent tous les scénarios imaginés par les dirigeants séparatistes, déclaration d’indépendance, élections régionales et élections constituantes. Artur Mas émettra même l’idée de proposer que le roi d’Espagne reconnaisse la Catalogne officiellement comme une colonie. C’est ici l’une des richesses principales du livre, l’accès à tous les brouillons et à tous les plans imaginés par le camp indépendantiste qui n’ont jamais vu le jour.

Le 10 octobre 2017 arrive. Devant le parlement, Carles Puigdemont proclamera la république pendant huit secondes avant de la suspendre. Une vraie déclaration d’indépendance officielle était prévue ce jour-là, mais elle a été annulée de peur que l’Espagne envoie l’armée dans les rues de Barcelone. « Je ne serais pas le président des morts dans la rue », explique Carles Puigdemont à ses proches. Le discours de la déclaration d’indépendance que devait prononcer Carles Puigdemont, écrit par Quim Torra, est reproduit intégralement dans le livre.

Dans les jours précédents le 27 octobre 2017, le vote d’une motion parlementaire incluant l’indépendance, le chaos est total. Les dirigeants indépendantistes sont persuadés que la police peut faire irruption à n’importe quel moment au Palau de la Generalitat pour incarcérer Carles Puigdemont et éventuellement ses ministres. Anecdote soulignant l’exceptionnalité du moment, une caméra miniature avait été cachée dans une statue à l’entrée du Palau de la Generalitat pour filmer le président menotté par la police.

Jusqu’à la dernière seconde, avant le fatidique jour du 27 octobre 2017, Carles Puigdemont oscille pour trouver une alternative à la déclaration d’indépendance. Le président avait deux priorités, ne pas aller en prison et ne pas devenir le représentant d’une république virtuelle. Là aussi le livre raconte avec beaucoup de détails l’exil de Carles Puigdemont et les scénarios alternatifs jamais mis en place.

La dernière partie est la plus conventionnelle. Elle narre la campagne électorale après la déclaration d’indépendance et l’investiture de Quim Torra comme le cent-trente-et-unième président de la Catalogne. Tota la Veritat, un livre qui restera dans l’histoire du journalisme catalan.

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30 novembre 2019 6 30 /11 /novembre /2019 17:56

 

 

https://www.elwatan.com/edition/actualite/situation-des-libertes-en-algerie-depuis-le-22-fevrier-2019-les-dessous-de-la-resolution-pro-hirak-du-parlement-europeen-30-11-2019

 

Situation des libertés en Algérie depuis le Vendredi 22 Février 2019, les dessous de la résolution du parlement européen pour le hirak

Le parlement européen a adopté, Jeudi 28 Novembre 2019, une résolution sur la situation des libertés en Algérie pour soutenir le hirak et pour dénoncer la dégradation de l’état des libertés fondamentales depuis le début de la révolution citoyenne du Vendredi 22 Février 2019.

Le texte, voté à une large majorité en plénière, a condamné vivement l’arrestation arbitraire et illégale, la détention, les intimidations et les attaques contre les journalistes, les syndicalistes, les avocats, les étudiants, les défenseurs des droits de l’homme, les défenseurs de la société civile et tous les manifestants pacifiques qui participent aux manifestations pacifiques du hirak.

L’assemblée européenne a exhorté les autorités algériennes incarnées, depuis la démission de Abdelaziz Bouteflika, par Abdelkader Bensalah, occupant la fonction de chef de l'état, et le commandement militaire, dirigé par le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, exerçant ouvertement le pouvoir dans le pays, de trouver une solution à la crise sur la base d’un processus politique pacifique et ouvert.

Pour ce faire, toujours selon ladite résolution introduite dans le cadre des débats au sein du parlement européen sur des cas de violation des droits de l’homme, de la démocratie et de l'état de droit à travers le monde, il faudrait la libération immédiate et inconditionnelle de toutes les personnes inculpées pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression, militants politiques, journalistes et défenseurs des droits de l’homme.

Soulignant l'importance fondamentale d’une justice indépendante pour le fonctionnement d’une démocratie, les rédacteurs dénoncent des détentions arbitraires, rappelant que les activités sont autorisées par le droit algérien et qu'elles sont conformes aux instruments internationaux en matière de droits de l’homme que l’Algérie a ratifiés.

Sur ce même sujet, tout en saluant la reconnaissance constitutionnelle de tamazight comme langue officielle en 2016 et encourageant son application concrète, les députés européens demandent la libération immédiate et inconditionnelle des quarante deux manifestants arrêtés pour avoir brandi le drapeau amazigh.

Ils ont, ensuite, appelé le gouvernement algérien à respecter ses engagements en matière de respect et de garantie des libertés d’expression, de la presse, d’association et de manifestation.

En outre, le texte de la résolution a rejeté toute forme de recours excessif à la force envers les manifestants et les opposants. C’est pourquoi, il lance un appel aux autorités algériennes pour procéder à une enquête indépendante sur tous les cas de recours excessif à la force par les membres des forces de sécurité et à traduire en justice leurs auteurs et il invite le service européen pour l’action extérieure, la commission européenne et les états membres à soutenir les groupes de la société civile, les défenseurs des droits de l’homme, les journalistes et les manifestants, notamment par l’organisation de visites en prison, le suivi des procès et des déclarations publiques.

Au-delà de son contenu, consultable dans son intégralité sur le site du parlement européen, le vote de cette résolution a alimenté les débats pendant plusieurs jours, d’abord sur sa pertinence, son contexte et son utilité pour le hirak, notamment à cause des accusations d’ingérence, puis sur son orientation générale et sa valeur juridique, aucunement contraignante pour les gouvernements nationaux européens.

Elle a donc, au moins, le mérite de dévoiler l’hypocrisie des démocraties occidentales et les dessous du fonctionnement des institutions européennes quand il s’agit de traiter le dossier algérien, mettant les intérêts économiques, parfois privés, au-dessus de toutes les autres considérations.

« Depuis des mois, nous avons voté sur des sujet divers, mais nous n’avons eu aucun mot sur la formidable révolution du peuple algérien, pas un mot de soutien aux millions d'algériens qui défilent dans Alger et dans les autres villes pour la démocratie, la justice et la dignité, et pas un mot sur les arrestations, les pressions, les violences et les cas de torture, désormais avérés. Ce silence complice, savamment entretenu par des lobbies puissants, ne peut plus durer. La résolution de solidarité que nous avons votée n’est pas une ingérence, mais c’est la fin d’une immense injustice. Il est temps de montrer que nous sommes du côté du peuple algérien. Alors comme on dit chez moi, un, deux, trois, vive l’Algérie », a déclaré Raphaël Glucksmann, député et premier auteur du texte de la résolution, à l’ouverture des débats entre les différents orateurs des groupes politiques du parlement européen.

Marie Arena, sa collègue au sein de l’Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates (APSD), a expliqué de son côté que l’objectif des porteurs du projet était de rappeler aux autorités algériennes leur engagement « à respecter les droits humains fondamentaux en étant signataires de plusieurs traités internationaux, dont la déclaration universelle des droits de l’homme et le pacte international relatif aux droits civils et politiques. Et pourtant, des dizaines de personnalités sont en détention pour avoir simplement exprimé une opinion sous prétexte de porter atteinte à l’unité nationale. Des médias sont mis sous pression et ont dû cesser leurs activités ainsi que plusieurs Organisations Non Gouvernementales (ONG). A travers notre résolution, le parlement européen exhorte les autorités algériennes à libérer tous les prisonniers politiques et d’opinion. Les libertés et les droits fondamentaux doivent être assurés. L’Algérie est un pays ami de l’Europe, mais nous sommes surtout amis avec le peuple algérien. Il est donc de notre devoir de rappeler nos priorités du partenariat adopté au mois de mars 2017, dans lequel les deux parties ont réaffirmé leurs engagements à respecter les valeurs universelles de la démocratie, de l’état de droit et des droits humains ».

Pour réussir à dire et écrire ce genre de phrases dans le texte de la résolution, qui peuvent paraître évidentes, il aura quand même fallu aux initiateurs de la résolution faire un travail titanesque de réécriture et de compromis afin de contourner les pressions des lobbies économiques et de la droite conservatrice européenne.

Ce qui fait que même des députés très engagés en faveur de la révolution du sourire, à l’image du groupe  écologiste de l’Alliance Libre Européenne (ALE), ont rejeté carrément l’idée d’une résolution sur l’Algérie, même s’ils ont fini par la voter afin de ne pas paraître comme ayant fait obstruction à l’expression d’une solidarité avec le hirak. Salima Yenbou, oratrice du groupe lors du débat, a expliqué sa position de la manière suivante, « nous avons refusé de soutenir l’inclusion d’une résolution d’urgence sur l’Algérie à l’ordre du jour de cette séance plénière pour les raisons suivantes, le choix de l’agenda politique qui s’inscrit juste avant les élections présidentielles du Jeudi 12 Décembre 2019, le risque de politiser les droits humains, le risque de dégrader la légitimité et la crédibilité de l’opposition et de tous les algériens qui manifestent depuis neuf mois, le risque d’alimenter la rhétorique du régime sous prétexte de prétendues ingérences étrangères et la conviction que l’Algérie mérite plus qu’une simple résolution, surtout que celle-ci comporte plusieurs insuffisances et des références hors de propos ».

Ce qu’elle appelle références hors de propos renvoient surtout à l’évocation de l’arrêt des violations de la liberté de culte des minorités religieuses, ahmadis et protestants.

Cette question aurait été intégrée dans le texte après le forcing de la droite conservatrice européenne, partant notamment du constat de la fermeture de plusieurs églises, dont la plupart appartiennent à l’église protestante d’Algérie.

Certains députés d’extrême droite ont même proposé trois amendements à la résolution, qui ont été néanmoins rejetés, dans le but de consacrer plus de place à la liberté du culte dans le texte et de la réintégrer dans le titre de la résolution. Voulant détourner le débat, le ramenant consciemment ou inconsciemment à des sujets qui font l’affaire des lobbies économiques et rendent service à la rhétorique du régime, ils ont tenté une dernière approche, celle d’exploiter le fonctionnement intérieur de l’hémicycle européen.

Alors qu’à la base, il n’y avait que les orateurs des huit groupes politiques et la haute représentante de la commission européenne qui devait prendre la parole, le président du parlement européen a autorisé sept prises de parole à titre individuel lors des débats, recours à la procédure dite du carton bleu. Or, la majorité de ces interventions, à l’instar de celles des orateurs des groupes conservateurs, ont porté sur la question des minorités religieuses, dénaturant ainsi le sens des discussions autour de la résolution aux yeux de l’opinion publique algérienne et internationale.

Pour enfoncer le clou, stérilisant quasiment l’effet de cette démarche de solidarité des députés européens avec le hirak, la commission européenne et l’Union Européenne ont rapidement réagi, à travers une déclaration au sein de la plénière du parlement européen et un communiqué, pour renouveler leur attachement aux relations d’amitié et de partenariat avec l’Algérie, c'est-à-dire avec le régime algérien.

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30 novembre 2019 6 30 /11 /novembre /2019 17:19

 

 

https://www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/irak/irak-six-questions-pour-comprendre-le-mouvement-de-contestation-reprime-dans-le-sang_3723733.html

 

Six questions pour comprendre le mouvement de contestation inédit et réprimé dans le sang en Irak

Alors que plus de quatre cent personnes ont été tués en deux mois, le premier ministre irakien, Adel Abdel Mahdi, a annoncé Vendredi 29 Novembre 2019 qu'il allait présenter sa démission au parlement.

Un mouvement de contestation embrase l'Irak depuis le premier octobre 2019. La révolte populaire s'est propagée à Bagdad, la capitale, mais aussi dans les bastions chiites de Nadjaf et de Kerbala, ainsi que dans les villes du sud du pays, comme Nassiriya. En deux mois, elle a fait plus de quatre cent morts et plusieurs milliers de blessés, selon les chiffres de l'Agence France Presse (AFP) et de Reuters, qui s'appuient sur des sources policières et hospitalières. Pour la seule journée du Jeudi 28 Novembre 2019, quarante trois personnes on été tuées, tombées sous les balles des forces de sécurité.

Sous la pression, notamment du très écouté ayatollah Ali al-Sistani, le premier ministre irakien, Adel Abdel Mahdi, a annoncé Vendredi 29 Novembre 2019 qu'il allait présenter sa démission au parlement.

Après la chute du régime baasiste de Sadam Hussein et l'invasion américaine, en 2003, puis le départ de ces troupes en 2011 et l'implantation, trois ans plus tard, de l'organisation Etat Islamique, défaite à partir de 2017, l'Irak n'a connu que violences et troubles successifs. Or, ce mouvement populaire, qui fédère plusieurs strates de la société irakienne, pourrait marquer le début de la fin de cette page de l'histoire politique irakienne ouverte il y a seize ans.

Le premier octobre 2019, plus d'un millier de manifestants se rassemblent à Bagdad et dans le sud du pays pour manifester contre la corruption, le chômage et la déliquescence des services publics. Déclenchées par des appels sur les réseaux sociaux, les manifestations sont dispersées par des canons à eau, des grenades lacrymogènes et des balles en caoutchouc, puis par des tirs à balles réelles. Le 2 octobre 2019, les autorités ferment la zone verte, le quartier de la capitale où siègent les plus hautes institutions et l'ambassade américaine, et elles instaurent un couvre-feu. Le 3 octobre 2019, les blindés des forces spéciales repoussent la foule, tandis que les forces de l'ordre tirent sur le sol des balles qui ricochent sur les manifestants.

Les manifestations réclamant la chute du régime sont réprimées dans le sang et internet est coupé dans une grande partie du pays. A la fin du mois d'octobre 2019, plus de soixante trois personnes sont tuées en moins de quarante huit heures, en majorité dans le sud, où les manifestants attaquent ou incendient des quartiers généraux de partis, de responsables politiques et de groupes armés.

Après des réunions sous l'égide du puissant général iranien Qassem Soleimani, les partis au pouvoir se mettent d'accord, au début du mois de novembre 2019, pour maintenir le gouvernement d'Adel Abdel Mahdi en place et pour en finir avec la contestation, quitte à recourir à la force.

A Bagdad, les manifestants se sont emparés d'un immeuble à l'abandon, le restaurant turc, devenu le quartier général de la contestation, et ils occupent la place Tahrir ainsi que des ponts du centre-ville. Il y a des barrages routiers, des blocages et des sit-in. Dans le sud du pays, des administrations sont fermées et des consulats iraniens sont attaqués par les manifestants. Ainsi, en dépit d'une répression sanglante, la contestation s'implante et s'organise. 

« Semblable communion n'avait pas été observée en Irak depuis la révolte de 1920 contre l'occupation britannique », s'enthousiame l'écrivain irakien Sinan Antoon, cité par le Monde. Et pour cause, le mouvement est particulièrement hétérogène. Pour Adel Bakawan, directeur du Centre de Sociologie de l'Irak (CSI) à l'université de Soran et interrogé par France Vingt Quatre, la mobilisation rassemble « des jeunes nés autour de l'an 2000 qui n'ont connu qu'un Irak traversé par les milices et la systématisation de la corruption, des élites intellectuelles issues de la société civile, lesquelles essayent de transformer la contestation en mouvement social, et, enfin, des partisans de l'opposition ».

Les jeunes, particulièrement touchés par le chômage, sont en première ligne. Des jeunes marchands de fruits et légumes côtoient ainsi des étudiants sunnites ou des ingénieurs kurdes, décrit un reportage du Monde dans les étages en béton du restaurant turc. Sunnites, chiites, chrétiens, yézidis, kurdes, étudiants et étudiantes, la mobilisation rassemble au-delà des clivages habituels de la société irakienne, clivages entretenus par des années de confessionnalisme politique, un système qui répartit le pouvoir proportionnellement entre les communautés religieuses, accusé de favoriser la corruption et le clientélisme.

Les manifestants, quelles que soient leurs origines ou leur religion, assurent donc se rassembler derrière le seul drapeau irakien. A Bagdad, une seule revendication s'affiche sur les tee-shirts et les fresques, écrit le Monde, « je veux une nation ».

« Depuis 2011, aucune des demandes des manifestants n'a été entendue, qu'il s'agisse de l'accès à l'électricité, à l'eau, à des services ou à des opportunités d'emploi », explique au Monde Sinan Antoon, « ce régime n'a pas de programme de réformes. Beaucoup de scandales de corruption sont désormais connus de tous ». L'Irak est en effet l'un des pays les plus riches de la planète en pétrole, mais aussi l'un des plus corrompus. Un habitant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté tandis que, officiellement, quatre cent dix  milliards d'euros ont été détournés ces seize dernières années, soit deux fois le Produit Intérieur Brut (PIB) du pays. Les manifestants réclament donc le renouvellement du système et de la classe dirigeante.

« Leurs manifestations sont autant d'appels à une vie digne », écrit dans Libération la politologue Myriam Benraad, spécialiste de l'Irak.

Dès le 6 octobre 2019, le gouvernement d'Adel Abdel Mahdi, en place depuis à peine un an, a annoncé des mesures sociales, une aide au logement et une allocation de pension aux jeunes sans emploi, mais aussi la construction de cent mille logements, et il ordonne l'installation de halles pour les vendeurs ambulants, dans une tentative de créer des emplois. Pour Loulouwa al-Rachid, du Carnegie Middle East Center, ces réponses relèvent davantage du déni que de la promesse. « L’Irak est un état rentier qui n'a pas d'économie productive et où le secteur privé ne crée pas d'emplois », explique-t-elle à Libération, pointant une promesse matériellement impossible.

Ainsi, le système est aux abois, explique dans un autre entretien à Libération la politologue Myriam Benraad, « il est tellement dans l'incapacité de répondre aux demandes de la population que sa seule issue est de recourir à la répression violente ».

« La férocité de cette répression est à la mesure de la panique des cercles dirigeants face à une contestation qui remet en cause le principe même de la répartition confessionnelle du pouvoir », écrit enfin l'historien Jean-Pierre Filiu dans son blog du site internet du Monde.

Officiellement, le gouvernement s'est d'abord déclaré ouvert à des discussions avec les manifestants. Mais en pratique, les violences, les arrestations et les enlèvements se poursuivent. Cette escalade fait suite à des discussions entre responsables irakiens et iraniens et à une réunion entre le premier ministre et de hauts gradés militaires, explique le quotidien libanais Daraj, traduit par le Courrier International. Après l'attaque du consulat iranien de Nadjaf, incendié par les manifestants, les autorités ont procédé, Jeudi 28 Novembre 2019, à un nouveau tour de vis. Le commandement militaire irakien a annoncé avoir dépêché des militaires pour appuyer les gouverneurs dans plusieurs provinces du sud. « Une cellule de crise a été mise en place sous la supervision des gouverneurs pour imposer la sécurité et pour restaurer l'ordre », annonce un communiqué.

Selon le chercheur Hosham Dawod, interrogé par le Point, la répression est menée par des groupes armés constitués à l'époque de l'ancien premier ministre chiite Nouri al-Maliki et « recrutés selon leur appartenance locale et leur dévouement politique. Leur but est plus de protéger le régime politique que la population. Ils ont été épaulés par des services de sécurité militaire, comparables à notre gendarmerie, mais aussi par des forces contre les émeutes et des milices. Trois corps qui dépendent du ministère de l’intérieur irakien, qui est totalement noyauté depuis dix ans par la milice Badr, une structure proche de l'Iran. D'autres milices, membres des unités de mobilisation populaire, formées et armées par l'Iran, sont également derrière la répression des manifestants ».

« Ces dernières témoignent de la mainmise multiforme de Téhéran sur les institutions irakiennes », explique Jean-Pierre Filiu.

« Les manifestants n'ont pas face à eux, comme au bon vieux temps de Saddam Hussein, des troupes d'élite qui massacrent systématiquement et méthodiquement », ironise la spécialiste de l'Irak Loulouwa al-Rachid, citée par Libération, « nous avons affaire à un état plus ou moins voyou qui se réfugie derrière des groupes paramilitaires ou miliciens, mais qui font partie intégrante de l'édifice étatique ».

« Iran dehors » et « victoire à l'Irak », dans les manifestations, les slogans ne présentent aucune ambiguïté. L'attaque du consulat de la république islamique dans la ville de Nadjaf, bastion chiite visité chaque année par des millions de pèlerins iraniens, non plus. « Une écrasante majorité d’irakiens s'estime malmenée par la présence massive d'Iraniens en Irak, notamment à travers les milices chiites », résume dans le Point Hosham Dawod, qui pointe « un rejet de l'ingérence iranienne politique, idéologique et sécuritaire par la société irakienne ».

Car même de ce côté de la frontière, l'Iran est partout. Le 19 novembre 2019, le quotidien américain New York Times et le site d'investigation The Intercept confirmaient que Téhéran menait une guerre d'influence chez son voisin en publiant de nombreux documents provenant du ministère iranien des renseignements. Des fuites qui soulignent la vaste influence de l'Iran en Irak, en particulier depuis le départ des troupes américaines, il y a huit ans.

Ces documents détaillent enfin « des années de travail méticuleux par les espions iraniens pour coopter les leaders du pays, payer des agents irakiens et infiltrer tous les aspects de la vie politique, économique et religieuse de l'Irak », écrit le New York Times, cité par France Vingt Quatre.

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29 novembre 2019 5 29 /11 /novembre /2019 18:55

 

 

https://blogs.mediapart.fr/enseignant-vacataire-en-greve-lyon-2/blog/281119/la-precarite-tue-droit-de-retrait-luniversite-lyon-2

http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article8552

 

La précarité tue, droit de retrait à la deuxième université de Lyon

Jeudi 28 Novembre 2019

La précarité tue. Face à ce danger grave et imminent, nous, enseignants de la deuxième université de Lyon, nous exerçons notre droit de retrait.

Nous exigeons la fin des politiques policières répressives et le déblocage urgent de moyens humains et matériels.

Nous sommes des enseignants, titulaires et non-titulaires, de la deuxième université de Lyon. Nous avons décidé d’exercer notre droit de retrait, pour une durée encore indéterminée. Les conditions actuelles de travail dans notre université présentent, en effet, un nombre suffisant de facteurs indiquant un risque de danger grave et imminent.

Le 8 novembre 2019, un étudiant de notre université a tenté de se donner la mort de manière brutale, en s’immolant devant le bâtiment du Conseil Régional des Oeuvres Universitaires et Scolaires (CROUS), à Lyon, pour protester contre ses conditions de vie précaires. Son pronostic vital est engagé.

Cet acte nous a tous profondément affectés. Il est, depuis, devenu impossible pour nous de continuer à exercer notre métier d’enseignant. La précarité, qui découle des politiques publiques mises en oeuvre depuis quarante ans, nous était, certes, déjà connue. Cet acte ne nous a pas moins obligés à prendre conscience de l’exacerbation du problème chez les étudiants pendant ces dernières années. Les dernières réformes engagées, loi travail de 2016, baisse du montant des allocations pour le logement, loi asile et immigration de 2018 et remise en cause de l’assurance chômage en 2019, ou programmées, comme la réforme des retraites, ne peuvent qu’aggraver la précarité et réduire encore davantage les perspectives de vie digne. Le risque qu’un tel acte ne soit amené à se répéter n’est, dès lors, pas du tout écarté dans notre université, où la précarité touche une proportion croissante de nos étudiants. La présidence de l’université a elle-même pointé, dans ses instructions, le risque d’une reproduction de tentatives de suicide, puisqu’elle nous demande « de prêter une attention toute particulière aux absences qui se prolongeraient dans le courant de la semaine ou aux manifestations de mal-être ou de détresse  ». Sur d’autres lieux, des actes similaires se sont d’ores et déjà produits depuis le 8 novembre 2019. A Villemomble, une lycéenne s’est immolée par le feu dans les locaux de son établissement devant ses camarades et, à Clermont Ferrand, un étudiant a été trouvé mort dans sa chambre universitaire du CROUS. La réitération de tels actes demeure probable tant que les politiques publiques continuent à produire de la précarité. Il est donc urgent d’y mettre un terme. Il est urgent d’allouer immédiatement les moyens nécessaires aux étudiants et aux universités.

Notre mal-être psychologique a été aggravé par les instructions que l’équipe présidentielle nous a adressées au lendemain de l’immolation de l’étudiant de notre université. Nous avons, en effet, été enjoints d’être à l’écoute des difficultés matérielles des étudiants et d’être attentifs à leur détresse psychologique, alors même que nombre d’entre nous sommes directement touchés par la précarité, en tant qu’enseignants contractuels et vacataires.

Ces injonctions nous placent aussi, quels que soient nos statuts, dans une posture intenable et génèrent des conflits éthiques insurmontables. Que pouvons-nous répondre à des étudiants dont les préoccupations matérielles sont quotidiennes et immédiates, se nourrir, se loger et se soigner, alors que nous ne disposons pas des moyens nécessaires ?

C’est, en réalité, tout le sens de notre métier d’enseignant que le contexte actuel bouleverse totalement. Si nous avons choisi ce métier et de travailler dans le secteur public, c’est pour des raisons de valeurs, d'égalité, de justice sociale et de croyance dans le caractère émancipateur de l’université, qui sont violemment remises en question par la détérioration des conditions matérielles de vie des étudiants des classes populaires et d’une partie des classes moyennes, ainsi que des enseignants, un nombre considérable d’enseignements étant assuré par des personnels précaires. Plus généralement, les conditions matérielles d’enseignement et d’études se sont beaucoup dégradées à l’université, comme pour d’autres services publics de la santé, de l'éducation et des transports. Nous manquons de plus en plus des moyens indispensables à l’exercice de notre métier.

Enfin, les interventions policières, devenues récurrentes, instaurent un climat de tension permanente. La présence régulière, dans l’enceinte de notre université, de policiers détenant des armes, provoque un sentiment d’insécurité psychologique et physique, d’autant que les forces de police ont fait d’innombrables victimes au cours de ces dernières années, parmi les habitants des quartiers populaires, les lycéens et les Gilets Jaunes, provoquant des morts, des mutilations et des blessures irréversibles.

À l’université, les interventions policières constituent un danger pour les étudiants, en particulier étrangers sans carte de séjour, car risquant d’être transférés dans les Centres de Rétention Administrative (CRA), mais pas seulement. En raison de ce climat répressif, des étudiants nous sollicitent pour les accompagner afin d’effectuer les allers et les retours entre les salles de cours et les sorties des campus. Les nombreuses interpellations policières mettent en péril la santé psychologique et les parcours scolaires des étudiants, dont certains font l’objet de poursuites judiciaires, une plainte ayant été déposée contre eux par la présidence de la deuxième université de Lyon. Ils risquent trois années de prison et une amende de plusieurs milliers d’euros. La présence policière et la gestion répressive de la crise contribuent, au final, à précariser encore davantage les étudiants, à rompre la confiance entre ces derniers et l’institution universitaire et à accentuer le mal-être des jeunes, ceux-là mêmes dont on nous a demandé de prendre en charge les problèmes dits psychologiques et autres. A cela il faut ajouter la multiplication des agents de sécurité à l’intérieur de l’université, qui renforce encore ce climat de suspicions, de tensions et de violences.

En raison de tous ces risques psychosociaux et physiques, générés par des politiques publiques d’une part de creusement des inégalités entre les plus riches et les plus pauvres et, d’autre part, de criminalisation des mouvements sociaux, nous avons décidé d’exercer notre droit de retrait.

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29 novembre 2019 5 29 /11 /novembre /2019 18:27

 

 

https://www.mesopinions.com/petition/politique/accusons-ministre-interieur-castaner/76751

 

Nous accusons le ministre de l'intérieur Christophe Castaner

Samedi 16 Novembre 2019, la police a tendu une souricière aux manifestants place d'Italie malgré l'autorisation délivrée par la préfecture de police de Paris.

Samedi 16 Novembre 2019 vers 13 heures, les forces de répression encerclent les Gilets Jaunes et les bloquent sur la place sans possibilité de se dégager de cette nasse et de ce traquenard tendu pour empêcher la manifestation prévue Samedi 16 Novembre 2019 à 14 heures.

Les organisateurs ne seront informés de l'interdiction qu'au moment du départ, ne pouvant prévenir les participants de cette décision surprenante.

Dès ce moment, nous assistons au déchaînement des violences policières, tirs de Lanceurs de Balles de Défense (LBD), pluie de grenades lacrymogènes, nuages de gaz asphyxiants, coups de matraques et utilisation des canons à eau.

Par centaines, les manifestants subissent cette répression inédite. Beaucoup seront blessés. Étonnamment, celles et ceux qui essaient de s'extraire de ce piège sont bousculés et interdits de quitter la nasse.

Chaque jour qui passe nous éclaire sur les brutalités et les sévices subis. Les vidéos témoignent de la violente répression aveugle qui s'est développée Samedi 16 Novembre 2019 durant près de quatre heures.

Les principes républicains ont été piétinés, tabassages sans discernement, tirs à l'aveugle et tirs ciblés.

Le préfet de Paris Didier Lallement prétexte des exactions commises par des groupes de personnes étrangères à la manifestation des Gilets Jaunes pour justifier la répression sauvage qui s'est abattue toute la journée du Samedi 16 Novembre 2019 dans différents points de la capitale.

Il est évident que la gestion du maintien de l'ordre a failli. La chaîne de commandement est responsable de ce désordre. Ceux qui ont donné les ordres doivent assumer leurs responsabilités et ils ne doivent pas se défausser sur les forces policières.

Personne ne nous fera croire que le préfet de Paris a donné les ordres sans l'aval du ministre de l'intérieur. Le fonctionnement républicain de nos institutions implique la responsabilité du politique sur l'administration. En conséquence, nous demandons la démission du ministre de l'intérieur.

Nous exigeons l'arrêt de l'utilisation des LBD et des Grenades à Main de Désencerclement (GMD) pendant les manifestations et les rassemblements.

Faire baisser la tension, renouer les fils de l'action républicaine et assurer le bon fonctionnement de la vie démocratique doit être la tâche essentielle du gouvernement et de la présidence du pays.

Cela passe par le rétablissement des libertés fondamentales, notamment le respect du droit de manifester, et par la protection des manifestants, droits qui sont malmenés depuis quelques mois.

Nous demandons la mise en place d'une commission parlementaire pour enquêter, informer et éclairer la vérité.

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29 novembre 2019 5 29 /11 /novembre /2019 18:11

 

 

https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/11/29/presidentielle-en-algerie-la-campagne-electorale-creuse-le-fosse-entre-le-hirak-et-le-pouvoir_6021044_3212.html

 

Elections présidentielles en Algérie, la campagne électorale creuse le fossé entre le hirak et le pouvoir

Les arrestations de manifestants, de militants et de journalistes, se multiplient à l’approche du scrutin du Jeudi 12 Décembre 2019, tandis que les candidats sont fortement chahutés.

Au moins vingt cinq manifestants ont été arrêtés, Vendredi 29 Novembre 2019, à Alger, avant même le début de la traditionnelle marche contre le pouvoir en place. Plusieurs centaines de personnes s’étaient très tôt rassemblées dans le centre de la capitale, aux cris de « nous jurons qu’il n’y aura pas de vote » et « c'est notre pays, c’est nous qui décidons ». Un quarante et unième vendredi consécutif de protestation qui n’échappe pas à la pression croissante des autorités, bien décidées à faire taire les critiques contre les élections présidentielles du Jeudi 12 Décembre 2019.

Arrêté mardi, le dessinateur Amine Benabdelhamid, dit Nime, a été placé en détention préventive, Jeudi 28 Novembre 2019, par un tribunal d’Oran, en Algérie. Une de ses caricatures, intitulée l'Elu et inspirée du conte de Cendrillon, montrait les cinq candidats aux élections présidentielles attendre leur tour pour essayer une chaussure tenue par le chef d’état-major de l’armée, Ahmed Gaïd Salah, actuel homme fort du pays. Jeudi 28 Novembre 2019, le procureur du tribunal de Sidi M’Hamed, à Alger, a requis deux ans de prison contre le jeune militant Mohamed Tadjadit, surnommé le poète de la casbah, poursuivi pour atteinte à l’intérêt national et emprisonné depuis le Lundi 11 Novembre 2019.

La liste des détenus d’opinion, régulièrement mise à jour par le Comité National pour la Libération des Détenus (CNLD), s’allonge quotidiennement. Selon un décompte non exhaustif publié par le CNLD, plus de cent quarante personnes, manifestants, militants ou journalistes, ont été incarcérées depuis la fin du mois de juin 2019. La Ligue Algérienne de Défense des Droits de l'Homme (LADDH) fait état de centaines d’arrestations depuis le début officiel de la campagne électorale, Dimanche 17 Novembre 2019. « A défaut d’organiser une campagne électorale, le pouvoir se contente d’une campagne d’arrestations massives », a-t-elle dénoncé sur son compte Facebook.

A Tlemcen, quatre manifestants arrêtés lors d’un passage d’Ali Benflis, ancien premier ministre et l’un des candidats aux élections présidentielles, ont été jugés en comparution immédiate, Lundi 18 Novembre 2019, et ils ont été condamnés à dix-huit mois de prison.

Vendredi 22 Novembre 2019, les manifestants se sont arrêtés sous les murs de la prison et ont scandé leurs noms. La vidéo de la scène a été largement partagée sur les réseaux sociaux.

Alors que le principe même des élections présidentielles est contesté par le hirak, le mouvement populaire qui a éclaté Vendredi 22 Février 2019, avec des manifestations qui ne se limitent plus aux mardis, celles des étudiants, et aux vendredis, les cinq candidats retenus, Ali Benflis, Abdelmadjid Tebboune, Azzedine Mihoubi, Abdelaziz Belaïd et Abdelkader Bengrina, ont le plus grand mal à mener campagne. Leurs sorties, encadrées par les services de sécurité, sont fortement chahutées. Des meetings sont organisés laborieusement dans des salles fermées, alors qu’aux alentours les opposants scandent des slogans hostiles.

Trop risquée sur le terrain, la campagne est surtout portée par les médias audiovisuels publics et privés où l’opposition, vilipendée, n’a pas droit de cité. Les cinq candidats, qui ont tous été des proches ou des soutiens du président déchu Abdelaziz Bouteflika, ne se différencient, aux yeux de beaucoup d'algériens, que par l’âge. Tous défendent que les élections présidentielles sont le moyen le plus sûr de sortir de la crise et ils essaient de se prévaloir du hirak, un discours peu audible dans un climat de tension de plus en plus palpable.

Jeudi 28 Novembre 2019, le parlement européen a d’ailleurs adopté une résolution, sans valeur contraignante, sur la situation des libertés en Algérie, qui condamne les récentes arrestations arbitraires, incarcérations et attaques contre les journalistes, les militants et les manifestants. Cette initiative des députés européens a été qualifiée par Alger d'immixtion flagrante dans les affaires internes du pays et de promotion d’un agenda du chaos provoqué, une occasion pour le pouvoir algérien de se lancer sur le thème classique du rejet de l'ingérence étrangère. L’Union Générale des Travailleurs Algériens (UGTA) a ainsi annoncé l’organisation, Samedi 30 Novembre 2019 à Alger, d’une marche de dénonciation de ces ingérences et de soutien aux élections.

La distance entre le hirak et le pouvoir ne fait que s’accentuer. A la question classique de savoir qui est le candidat du pouvoir, beaucoup répondent sans hésitation que ce sont les élections présidentielles. Un responsable de la LADDH, Saïd Salhi, s’est inquiété du bras de fer qui s’installe sur fond d’escalade dangereuse et il a réclamé l’annulation du scrutin. Le sociologue Lahouari Addi et Djamel Zenati, ancien député du Front des Forces Socialistes (FFS), ont lancé un appel aux consciences pour empêcher la tenue de cette aventure électorale. Des requêtes qui demeurent sans écho au sein du pouvoir. Le général Ahmed Gaïd Salah, qui a imposé la tenue du scrutin présidentiel, maintient le cap. Il a appelé le peuple algérien à une participation massive.

Dans ce contexte, le ministre de la justice a annoncé l’organisation, Lundi 2 Décembre 2019, à dix jours du scrutin, d’un premier procès pour des affaires de corruption, où doivent comparaître les deux anciens premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, ainsi que plusieurs autres ministres. Ils sont poursuivis notamment pour octroi d'avantages indus dans l’intérêt d’autrui, abus de fonction, trafic d’influence et violation de la réglementation des marchés publics, une offensive judiciaire visant à donner des gages à la contestation en faisant défiler au tribunal des grandes figures du système d'Abdelaziz Bouteflika.

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29 novembre 2019 5 29 /11 /novembre /2019 17:42

 

 

https://fr.news.yahoo.com/premier-ministre-irakien-pression-annonce-125800041.html

 

Le premier ministre irakien, sous pression, annonce sa démission (Reuters)

Le premier ministre irakien Adel Abdoul Mahdi a annoncé Vendredi 29 Novembre 2019 qu'il allait présenter sa démission au parlement après deux mois d'une contestation aux contours inédits dont le bilan dépasse désormais les quatre cent morts.

Dans un communiqué, il précise que sa décision est une réponse directe à un appel au changement lancé dans la matinée par le grand ayatollah Ali al Sistani.

« En réponse à cet appel et afin de faciliter le changement aussi vite que possible, je soumettrai au parlement une demande de démission de la direction de l'actuel gouvernement », écrit-il dans un communiqué diffusé par ses services.

Figure majeure de l'islam chiite, le grand ayatollah Ali al Sistani avait déclaré un peu plus tôt dans la journée du Vendredi 29 Novembre 2019 que le gouvernement semblait avoir été incapable de faire face aux événements de ces deux derniers mois et il avait appelé les parlementaires à réexaminer leur soutien au gouvernement d'Adel Abdoul Mahdi, en place depuis le mois d’octobre 2018.

L'Irak est en proie depuis deux mois à un vaste mouvement de contestation remettant en cause la corruption des élites et les ingérences étrangères, notamment iraniennes, dans le pays.

Ce mouvement inédit a donné lieu à de nombreux accrochages et débordements, qui ont franchi un nouveau cap cette semaine avec l'attaque et l'incendie du consulat iranien à Nadjaf et de violents affrontements qui ont fait soixante deux morts, Jeudi 28 Novembre 2019, journée parmi les plus sanglantes de la période.

Depuis le début de la crise, le bilan des violences établi auprès de sources médicales et policières dépasse désormais les quatre cent morts, pour la plupart des manifestants jeunes et défilant sans armes.

Dans son adresse relayée à la télévision par un de ses représentants, le grand ayatollah Ali al Sistani a mis en garde contre le risque de troubles civils et de tyrannie, appelant les forces de l'ordre à cesser de tirer contre les manifestants et ces derniers à rejeter toute forme de violence.

Mais il s'est aussi aventuré très nettement sur un terrain plus politique, faisant dire que le gouvernement « semble avoir été incapable de faire face aux événements de ces deux derniers mois. Le parlement, dont est le gouvernement actuel est issu, doit reconsidérer ses choix et faire ce qui est dans l'intérêt de l'Irak », a-t-il poursuivi.

Jamais depuis le début de la contestation cette figure à la très forte influence sur l'opinion irakienne, majoritairement chiite, n'était allé aussi loin dans la remise en cause du gouvernement. Le premier ministre n'a pas tardé à en tirer les conséquences.

L'appel d’Ali al Sistani et l'annonce de la démission du premier ministre interviennent au terme d'une semaine durant laquelle la situation s'est aggravée. De nouveaux affrontements entre manifestants et forces de sécurité ont éclaté Vendredi 29 Novembre 2019 à l'aube à Nassiriya, où trois manifestants au moins ont été tués par balles.

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28 novembre 2019 4 28 /11 /novembre /2019 19:47

 

 

https://blogs.mediapart.fr/antoine-montpellier/blog/281119/paris-montpellierplus-que-jamais-avec-la-lutte-democratique-de-la-catalogne

https://petitioncat.blogspot.com/2019/11/meeting-de-solidarite.html

 

Meeting de solidarité pour la Catalogne

Mardi 3 Décembre 2019 à 19 heures, Bourse du Travail de Paris, salle Eugène Hénaff, 29 Boulevard du Temple 75 003 Paris, Métro République

Les intervenants seront les suivants

Elisenda Paluzie, présidente de l'Assemblée Nationale Catalane (ANC)

Dominique Noguères, vice présidente de la Ligue des Droits de l'Homme (LDH) et observatrice au procès de Madrid contre les dirigeants politiques et associatifs catalans

Marie Pierre Vieu, ancienne députée européenne, ayant participé à la plateforme de dialogue du parlement européen sur la Catalogne et ayant rendu visite aux prisonniers

Christian Mahieux, de l'Union Syndicale Solidaire (USS) et du Réseau Syndical International de Solidarité et de Luttes (RSISL)

Sergio Coronado, ancien député des français de l'étranger entre 2012 et 2017

Mariana Sanchez et Xisco Riera, du collectif des signataires de la pétition pour la libération des prisonniers politiques catalans

Lundi 14 Octobre 2019, l'inique sentence du Tribunal Suprême de Madrid s'est abattue, condamnant neuf dirigeants politiques et associatifs catalans à de lourdes peines de prison, de neuf ans à treize ans, cent quatre années au total, pour l'organisation pacifique d'un référendum, pour avoir ainsi accompli leur mandat et pour avoir permis à plus de deux millions de catalans d'exercer pacifiquement leur droit de vote le premier octobre 2017.

Face à cette injustice, le peuple catalan s'est à nouveau massivement rassemblé, il a manifesté et il manifeste encore. L'indignation suscitée a déclenché une vague ou plutôt un Tsunami Démocratique de mobilisations citoyennes réaffirmant le droit à manifester que la justice et le gouvernement espagnol veulent museler par la jurisprudence du verdict rendu. En effet à travers cette sentence et l'accusation de sédition, c' est bien le peuple catalan et son aspiration majoritaire à exercer son droit à décider, qui sont visés, mais aussi finalement toutes celles et tous ceux qui veulent lutter contre l' application de lois injustes et non démocratiques.

La seule réponse du gouvernement espagnol à ces centaines de milliers de citoyens manifestant pacifiquement leur réprobation contre ce jugement, a été un déchaînement répressif. Quatre personnes ont perdu un oeil à cause des armes utilisées et dont l'utilisation est pourtant interdite aux forces de l'ordre en Catalogne, plus de six cent blessés, près de cinquante détenus et mille personnes poursuivies pour avoir manifesté.

Toutes ces actions  se réclamant de la désobéissance civile non violente sont assimilées à des actes de terrorisme par l'état espagnol qui a promulgué le 5 novembre 2019 un décret d' exception digitale visant en fait très spécialement la Catalogne, fermeture des réseaux et des services de communication électroniques sans décision judiciaire. Nous savons que ces pratiques sont déjà en vigueur en Turquie, en Chine ou en Arabie Saoudite. Cela permet de mesurer la dérive autoritaire qui menace.

Nous ne pouvons pas laisser s'installer à nos portes sans réagir une telle régression démocratique. Une telle judiciarisation inacceptable de la vie politique ne menacerait pas seulement les catalans, mais aussi toutes celles et tous ceux qui manifestent ailleurs en Europe et qui pourraient être accusées elles aussi de terrorisme pour le simple fait d'exercer leur droit à manifester ou d'exprimer la moindre dissidence.

Seul l' arrêt de la répression et des atteintes aux droits des personnes peut ouvrir une voie démocratique et renvoyer la résolution du conflit au terrain de la politique, donc du dialogue, comme l' ont lancé de nombreux élus et personnalités dans notre pays et dans plusieurs pays d'Europe.

C'est pourquoi nous vous invitons à participer et à faire connaître largement le meeting de solidarité que le Collectif pour la Libération des Prisonniers Politiques Catalans (CLPPC) organise Mardi 3 Décembre 2019 à 19 heures à la Bourse du Travail de Paris.

Pour l' abandon des poursuites, pour la libération des prisonniers, pour l' amnistie et pour la défense des libertés démocratiques, rassemblons nous le plus nombreux possible.

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28 novembre 2019 4 28 /11 /novembre /2019 19:22

 

 

https://www.liberation.fr/debats/2019/11/25/retraites-contre-l-individualisme-nous-choisissons-la-solidarite_1764953

 

Contre l’individualisme, nous choisissons la solidarité

Lundi 25 Novembre 2019

Plusieurs partis de gauche, Europe Ecologie Les Verts (EELV), le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), le Mouvement de la France Insoumise (MFI) et Générations, soutiennent les mobilisations syndicales et les appels à la grève annoncés pour le Jeudi 5 Décembre 2019.

Les forces politiques et les personnes soussignées s’opposent totalement au projet de retraites d’Emmanuel Macron et soutiennent les mobilisations syndicales annoncées pour le mettre en échec, Jeudi 5 Décembre 2019, ainsi que les appels à la grève reconductible.

Emmanuel Macron parle de droits universels, ils seraient en réalité individualisés et réduits.

C’est au parlement de Versailles au mois de juillet 2018 qu'Emmanuel Macron a proclamé son projet. Il veut « un état providence du vingt et unième siècle, émancipateur et universel, et protéger nos concitoyens, non selon leur statut et leur secteur d’activité, mais de manière plus juste ».

Pour l’assurance-chômage, le président avait déjà promis l'universalité. Or avec sa réforme, plus d’un million de personnes verront leurs droits amputés et paieront de leurs poches trois milliards huit cent millions d’économies imposées par l'état jupitérien. C'est une très belle émancipation.

Dans le monde selon Emmanuel Macron, les statuts collectifs disparaissent. Il ne reste que l’individu face à son destin, évoluant sur le marché, traversant la rue pour obtenir un emploi et surveillant son compte de retraite à points pour arbitrer entre la prolongation de son travail et son niveau de pension. A condition bien sûr de ne pas être au chômage, en maladie ou en invalidité, comme beaucoup de salariés après soixante ans.

Emmanuel Macron oublie que le projet du Conseil National de la Résistance (CNR) visait une sécurité sociale universelle, mais avec des droits en progrès. Il veut que nous oublions que ces conquêtes résultent d’une mobilisation populaire obtenant qu’une part plus élevée de la richesse soit attribuée aux retraites et à la santé, donc au bien vivre. Il a fallu pour cela augmenter la part du Produit Intérieur Brut (PIB) accordée aux retraites, de quatre pour cent à quatorze pour cent, pour améliorer le taux de remplacement entre la pension versée et les meilleurs salaires. Ce taux atteignait soixante quinze pour cent, avant les contre-réformes accumulées depuis 1993. Ainsi la retraite a représenté une prolongation de son revenu pour des activités nouvelles et libres. Cette répartition de la richesse a permis d’universaliser des droits pour des retraités plus nombreux et un progrès de l’espérance de vie.

Cependant, une forte injustice persiste en raison de la scandaleuse inégalité salariale entre les femmes et les hommes, réduisant en moyenne les pensions des femmes de quarante pour cent par rapport à celles des hommes. Or l’application effective de l’égalité salariale permettrait un afflux de ressources de six milliards d’euros au moins. Il est donc tout à fait possible d’améliorer ce qui existe. Et aussi de réduire les inégalités inacceptables dues à la pénibilité du travail. Même Edouard Phillipe a reconnu qu’il n’y a pas vraiment de déficit et que le système actuel est encore bon.

Alors pourquoi s’acharner à le démanteler ? Parce que ce gouvernement veut à tout prix obliger les travailleurs, femmes et hommes, y compris les indépendants, à s’adapter aux règles du libéralisme. Les droits coûteraient trop chers parce qu’ils sont socialisés et qu'ils incluent une solidarité collective, carrières incomplètes, années de chômage et enfants. Au lieu d’une retraite où la prestation est d’avance garantie, ce pouvoir cherche à imposer un système où seule la cotisation est définie.

Chacun sait ce qu’il cotise pour acquérir des points, mais personne ne sait quelles prestations seront versées. La conversion des points en pension pourra évoluer en fonction de la marche générale de l’économie. Le gouvernement aura la haute main sur ce choix à chaque budget annuel de la sécurité sociale. La caisse des retraites où siègeront les syndicats ne pourra donner qu’un avis.

La propagande du gouvernement sonne bien, mais elle est une tromperie.

« Un euro cotisé donnera les mêmes droits pour tous », peut-être, mais appauvris. En effet le calcul des droits à pension s’effectuerait sur toute la carrière, alors que, actuellement, il se fait sur les vingt cinq meilleurs salaires dans le privé et les derniers mois dans le public. Conséquence, la moyenne des salaires baissera en incluant les mauvaises années. La pension baissera en proportion. Le recul de l’âge de la retraite est aberrant alors que, à soixante deux ans, quarante pour cent des seniors sont inscrits à Pôle Emploi.

L'état providence du vingt et unième siècle serait un état appauvri. La part des retraites dans la richesse nationale serait plafonnée à quatorze pour cent du PIB, alors que depuis 1945 elle a progressé. Les cotisations ont augmenté. Les actifs et les retraités sont solidaires pour déterminer la part de valeur qui va au bien commun. Ce n’est pas aux propriétaires financiers et de dividendes de décider, alors qu’ils s’approprient toujours plus de richesses sans aucun effet sur le chômage.

Des droits dès le premier euro, le gouvernement promet que les jeunes auraient des droits au premier euro cotisé. Mais si la part totale des retraites est gelée, toute avancée des uns sera prise sur les autres. Nous aurons une division accrue au lieu de droits égaux. Ainsi, les pensions de réversion vont diminuer, ce qui pénalisera encore les femmes. Emmanuel Macron veut en réalité rendre naturelle la précarité des temps partiels et des Contrats de travail à Durée Déterminée (CDD) au lieu de les combattre.

Un système plus juste, c'est faux. Emmanuel Macron veut rayer le mot de la pénibilité du travail du vocabulaire, alors même que celle-ci participe largement à réduire l’espérance de vie en bonne santé. Que de retraites volées à celles et ceux qui en auraient le plus besoin.

La retraite par points, le secteur privé la connaît déjà, avec les retraites complémentaires par points qui ne cessent de se dégrader. Les retraites complémentaires sont le cheval de Troie introduit pour habituer à un système individualiste. Comme c’est le cas aussi en Suède souvent portée en exemple. En France, sous la pression du mouvement des entreprises de France (MEDEF), les pensions complémentaires ont été gelées de 2016 à 2018 et une baisse de dix pour cent est prévue à partir de 2019. Ni Emmanuel Macron ni les patrons ne veulent plus parler de hausse de cotisations.

L'état providence serait plutôt un tremplin vers la capitalisation pour les plus riches. En effet, la baisse programmée du montant des retraites incitera ceux qui en ont les moyens à se tourner vers les fonds de pension. Les salaires au-dessus de cent vingt mille euros annuels ne cotiseraient plus au régime à points, mais ils pourraient souscrire une épargne privée. Le ver serait dans le fruit.

Au total, la contre-réforme des retraites participe d’un plan de destruction des systèmes de solidarité, suppression des services publics, réforme punitive de l’assurance chômage, privatisations et attaques contre tous les statuts salariés.

Contre ce bouleversement de société, notre alternative repose sur un socle de droits universels, une retraite à soixante ans avec un taux de remplacement à soixante quinze pour cent indexé sur les meilleurs salaires, garanti pour tous, mais aussi un droit collectif à un départ anticipé en fonction de la pénibilité du travail, pour une retraite en bonne santé. Cela exige une augmentation des cotisations socialisées incluant les profits financiers et une baisse du chômage par la réduction du temps de travail apporterait aussi des ressources.

Les mobilisations syndicales unitaires seront décisives à partir du Jeudi 5 Décembre 2019. Nous appelons la population à leur apporter un soutien massif.

Premiers signataires

Sandra Regol, Alain Coulombel, Clémentine Autain, Myriam Martin, Jean François Pellissier, Gérard Filoche, Anne de Haro, Guillaume Balas, Claire Monod, Emma Justum, Olivier Besancenot, Christine Poupin, Philippe Poutou, Aline Mouquet, Gilles Pontlevoy, Catherine Apourceau-Poly, Pierre Dharreville, Véronique Lamy, Christian Pierrel, Eric Coquerel, Danielle Simonnet, Sergio Coronado, Jean Lafont, Elise Lowy, Bénédicte Monville, Marinette Bache, Lucien Jallamion, Mariane Journiac, François Ruffin

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28 novembre 2019 4 28 /11 /novembre /2019 18:46

 

 

https://www.elwatan.com/a-la-une/situation-des-libertes-en-algerie-le-parlement-europeen-vote-une-resolution-de-soutien-au-hirak-28-11-2019

 

Situation des libertés en Algérie, le parlement européen vote une résolution de soutien au hirak

Le parlement européen a adopté, Jeudi 28 Novembre 2019, une résolution sur la situation des libertés en Algérie, particulièrement depuis le début de la révolution citoyenne du Vendredi 22 Février 2019. Le texte, voté à une large majorité en séance plénière, « condamne vivement l’arrestation arbitraire et illégale, la détention, les intimidations et les attaques contre les journalistes, les syndicalistes, les avocats, les étudiants et les défenseurs des droits de l’homme et de la société civile ainsi que contre tous les manifestants pacifiques qui participent aux manifestations pacifiques du hirak ».

Dans ce sillage, considérant que le hirak constitue le plus grand mouvement de protestation en Algérie, l’assemblée européenne a exhorté les autorités algériennes, qui seraient incarnées, depuis la démission d’Abdelaziz Bouteflika, par Abdelkader Bensalah, occupant la charge et faisant fonction de chef de l'état, et le commandement militaire, dirigé par le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, exerçant ouvertement le pouvoir dans le pays, de « trouver une solution à la crise sur la base d’un processus politique pacifique et ouvert ».

Pour ce faire, toujours selon ladite résolution introduite dans le cadre des débats au sein du parlement européen sur des cas de violation des droits de l’homme, de la démocratie et de l’état de droit à travers le monde, il faudrait « la libération immédiate et inconditionnelle de toutes les personnes inculpées pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression », militants politiques, journalistes et défenseurs des droits de l’homme.

Soulignant l'importance fondamentale d’une justice indépendante pour le fonctionnement d’une démocratie, les rédacteurs dénoncent des détentions arbitraires, rappelant que les « activités sont autorisées par le droit algérien et conformes aux instruments internationaux en matière de droits de l’homme que l’Algérie a ratifiés ». Sur ce même sujet, tout en « saluant la reconnaissance constitutionnelle du tamazight comme langue officielle en 2016 et encourageant son application concrète », les députés européens « demandent la libération immédiate et inconditionnelle des quarante deux manifestants arrêtés pour avoir brandi le drapeau amazigh ».

Ils ont, ensuite, appelé le gouvernement algérien à respecter ses engagements en matière du respect et la garantie du droit à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique et à la liberté des médias, et ils l’ont invité à « mettre fin à toute forme d’intimidation, y compris le harcèlement judiciaire et législatif, l’incrimination ainsi que les arrestations et les détentions arbitraires contre les manifestants pacifiques, les défenseurs des droits de l’homme, les journalistes critiques et les blogueurs, ainsi qu’à prendre les mesures voulues pour garantir leur protection physique et psychologique, leur sécurité et leur liberté de mener leurs activités légitimes et pacifiques ».

En outre, le texte de la résolution a rejeté toute forme de recours excessif à la force contre les manifestants et les opposants. C’est pourquoi il lance un appel aux autorités algériennes pour procéder à une enquête indépendante sur tous les cas de recours excessif à la force par les membres des forces de sécurité et à traduire en justice leurs auteurs et il invite le service européen pour l'action extérieure, la commission européenne et les états membres, à soutenir les groupes de la société civile, les défenseurs des droits de l’homme, les journalistes et les manifestants, notamment par l’organisation de visites en prison, le suivi des procès et des déclarations publiques.

Par ailleurs, les élus européens exigent l’arrêt des violations de la liberté de culte des minorités religieuses. Cette question aurait été intégrée dans le texte après le forcing de la droite conservatrice européenne, partant notamment du constat de la fermeture de « plusieurs églises, dont la plupart appartiennent à l'église protestante d’Algérie ».

Nous reviendrons sur les tenants et les aboutissants de cette résolution dans un prochain article, à paraître dans notre édition du Samedi 30 Novembre 2019, accompagné d’une interview exclusive de Raphaël Glucksmann, l’un des députés européens qui ont travaillé activement pour l’adoption du texte.

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