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24 août 2014 7 24 /08 /août /2014 15:04

http://www.lemonde.fr/international/article/2014/08/21/en-iran-les-conservateurs-multiplient-les-attaques-contre-le-president-rohani_4474251_3210.html


En Iran, les conservateurs multiplient les attaques contre le président Rohani

Par Ghazal Golshiri

Des cris de joie se sont fait entendre au sein du parlement iranien lorsque son président, Ali Larijani, a annoncé la révocation du ministre de l'enseignement, Reza Faraji Dana, Mercredi 20 Août 2014. Au terme d'une séance publique de questions, transmise à la radio nationale et qui a duré six heures, cent quarante-cinq députés sur deux cent soixante- dix présents ont approuvé la motion de censure, contre cent dix qui ont accordé leur confiance au ministre et quinze qui ont préféré voter blanc.

Par cette révocation, le parlement, constitué majoritairement de députés conservateurs, a remporté une victoire face au président modéré Hassan Rohani, au pouvoir depuis août 2013, qui, pendant sa campagne, prônait davantage de libertés dans la société.

Reza Faraji Dana a été accusé d'avoir donné libre cours à la « naissance de nouvelles séditions », le terme sédition étant utilisé pour désigner les mouvements de contestation nés à la suite de la réélection de Mahmoud Ahmadinejad en juin 2009. Le ministre avait notamment autorisé la réintégration de certains étudiants et enseignants, expulsés en raison de leurs activités ou appartenances politiques pendant la présidence de Mahmoud Ahmadinejad entre 2005 et 2013.

L'annulation des bourses universitaires, attribuées à des proches de l'ancien gouvernement, était une autre raison à sa convocation.

Mise en garde

La motion de censure contre Reza Faraji Dana a été au centre des débats du parlement depuis la nomination du ministre en octobre 2013.

Mais sa convocation n'a été envoyée au président du parlement que Mardi 12 Août 2014, au lendemain des déclarations étonnamment dures du président Rohani contre les détracteurs des négociations engagées avec les occidentaux sur le dossier nucléaire de Téhéran. Cela laisse penser qu'il s'agissait avant tout pour les conservateurs d'adresser une mise en garde au président.

L'aile dure des conservateurs multiplie les dénonciations contre le « laxisme » des négociateurs iraniens, surtout depuis l'accord intérimaire, conclu en novembre 2013 à Genève avec les pays du « P 5 + 1 » (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine, et Allemagne).

« Certains crient des slogans, mais ce sont des froussards politiques », avait martelé Hassan Rohani, Lundi 11 Août 2014, lors du séminaire annuel tenu avec les diplomates iraniens réunis à Téhéran. « Dès que les négociations commencent, ils disent qu'ils tremblent. Au diable, trouvez-vous un endroit au chaud ».

Ces propos « outrageants » ont hérissé certains députés, qui ont tenu une session extraordinaire au lendemain de l'intervention du président.

Mais Hassan Rohani ne s'est pas laissé intimider. Le président a surenchéri Mercredi 13 Août 2014, mettant en garde ceux qui ne cherchaient « qu'à détruire et à saboter » et qui sont passés à une phase « opérationnelle après la réflexion ». Sans être plus précis, il a déclaré qu'il était « au courant de leurs agissements » et qu'il n'allait pas « rester silencieux ».

Dans une démarche inédite, un document a été distribué, Dimanche 17 Août 2014, au sein du parlement, émettant des doutes quant à la véracité du doctorat d’Hassan Rohani, obtenu à l'université de Glasgow en 1995.

Campagne d’attaques

Bien que ces passes d'armes entre le président et ses détracteurs conservateurs au sein du parlement se fassent au grand jour, certains sites internet proches des réformateurs ont révélé d'autres tentatives de manoeuvres destinées à étrangler Hassan Rohani en coulisses. Le site Saham News a rapporté, Mercredi 13 Août 2014, que le centre du renseignement des gardiens de la révolution, une organisation indépendante du ministère du renseignement qui échappe à l'autorité du président, tente à présent de monter un dossier contre le neveu d’Hassan Rohani, Esmail Samavi, chargé de sa communication.

Toujours selon la même source, les gardiens de la révolution veulent le présenter comme lié au correspondant du Washington Post, l'américano-iranien Jason Rezaian, arrêté le 22 juillet.

Les médias conservateurs accusent ce journaliste d'avoir espionné pour le compte des Etats-Unis. Avec Jason Rezaian, ont également été interpellées sa femme, une journaliste iranienne collaborant au quotidien emirati The National, Yeganeh Salehi, et une photographe irano-américaine, dont la famille a demandé que le nom ne soit pas révélé, ayant travaillé avec de nombreux médias étrangers.

Cette dernière a été libérée mercredi soir. Tous les trois avaient régulièrement accompagné le président Rohani lors de ses déplacements officiels en province, une marque de confiance de la part du chef de l'état. Le fait que ces journalistes ont tous été accrédités par le ministère de la culture et de l'orientation islamique, rattaché à la présidence, met d'autant plus dans l'embarras Hassan Rohani. Rien ne permet, pour le moment, d'affirmer que cette campagne d'attaques a reçu l'aval du guide suprême, Ali Khamenei, numéro un de la république islamique.

Malgré ces attaques et l'échec essuyé par le président au parlement, il ne semble pas prêt à baisser les bras. Quelques minutes après la motion de censure du parlement et dans un geste clairement provocateur, Hassan Rohani a désigné son ancien ministre de l'enseignement comme conseiller présidentiel pour l'éducation. Le chef de l'état a également nommé Mohammad Ali Nadjafi ministre de l'enseignement par intérim.

Un autre défi lancé aux députés conservateurs, car ces derniers avaient rejeté Mohammad Ali Nadjafi en août 2013, lorsqu'il avait été proposé pour le portefeuille de l'éducation.

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