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4 octobre 2012 4 04 /10 /octobre /2012 17:00

 

Heurts à Téhéran après la chute du rial

 

DUBAI (Reuters) - Des heurts ont éclaté à Téhéran mercredi entre la police anti-émeute et des centaines de manifestants qui protestaient contre la forte baisse du rial, la devise nationale, qui a perdu quarante pour cent de sa valeur en une semaine face au dollar.

 

Les forces de l'ordre ont fait usage de grenades lacrymogènes pour les disperser, ont rapporté des témoins, en signalant la présence d'agents de change parmi eux.

 

Les manifestants scandaient des slogans hostiles au président Mahmoud Ahmadinejad, accusant sa politique d'avoir aggravé la crise économique.

 

"Mahmoud, traître, tu as ruiné le pays", "N'ayez-pas peur, n'ayez-pas peur, nous sommes tous ensemble", criaient-ils, selon le site d'opposition Kaleme. Les journalistes de Reuters n'ont pas actuellement l'autorisation de travailler en Iran.

 

Selon l'agence officieuse Mehr, les rassemblements les plus importants ont eu lieu autour des points de transaction de dollars sur l'avenue Ferdowsi, au carrefour d'Istanbul et sur la place Khomeini.

 

L'ayatollah Ali Khamenei, Guide suprême de la Révolution islamique, a répondu par la fermeté aux manifestants. "La nation iranienne n'a jamais cédé aux pressions et ne le fera jamais. Voilà pourquoi l'ennemi est en colère", a-t-il dit lors d'un discours.

 

La République islamique souhaite supprimer le marché libre du rial, alors qu'il semble que les échanges sur la monnaie iranienne en dehors d'un bureau de change dûment patenté par l'Etat aillent en s'asséchant, a rapporté une agence de presse citant le ministre iranien de l'Economie.

 

Cette information a été publiée au lendemain d'une chute de la monnaie iranienne à un plus bas historique de trente sept mille cinq cent rials pour un dollar. Le rial a cédé environ quarante pour cent de sa valeur en l'espace d'une semaine, alors que le gouvernement a ouvert un "bureau de change" censé le stabiliser en fournissant des dollars aux importateurs de produits de première nécessité.

 

Au lieu de stabiliser la devise, ce nouveau service a renforcé le lien entre le taux de change payé par les importateurs et celui, en chute libre, pratiqué sur le marché.

 

ACHAT MASSIF DE DEVISES

 

Le rial a perdu depuis juin 2011 les deux tiers de sa valeur. Les sanctions occidentales liées au programme nucléaire iranien touchent les revenus à l'exportation tirés du pétrole, d'où les difficultés de la banque centrale à soutenir le rial.

 

Les Iraniens, cédant à la panique, se sont empressés d'acheter des devises fortes, poussant encore davantage leur monnaie à la baisse. Le taux officiel d'inflation atteint vingt cinq pour cent environ et la faiblesse du rial a fait chuter le niveau de vie des Iraniens, menaçant d'aggraver la récente recrudescence des licenciements dans le secteur industriel.

 

"Tout le monde veut acheter des dollars et il est clair que ça ressemble à une panique bancaire", dit un diplomate occidental en poste à Téhéran. "L'annonce d'Ahmadinejad, qui veut mobiliser la police contre les agents de change et les spéculateurs n'a aidé en rien, et les gens sont encore plus inquiets maintenant".

 

Le grand bazar de Téhéran, dont les commerçants avaient joué un rôle clé dans la révolution de 1979, est resté fermé mercredi, selon des habitants. Les manifestations se sont concentrées dans les environs du bazar et se sont étendues, selon Kaleme, à la place de l'imam Khomeini et à l'avenue Ferdowsi, théâtres de sanglants affrontements après la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad en 2009.

 

"AU BORD DE L'EFFONDREMENT"

 

Un "bazari" en articles ménagers a déclaré à Reuters que l'instabilité liée à la baisse du rial empêchait les commerçants d'indiquer les prix corrects.

 

Ahmad Karimi Esfahani, responsable du grand bazar, a dit à une agence de presse locale que le marché avait été fermé pour des raisons de sécurité, mais qu'il rouvrirait jeudi.

 

Selon certains observateurs, les manifestants constituent davantage une menace pour le président Ahmadinejad que pour le gouvernement, même si son second et dernier mandat s'achève en juin.

 

Mahmoud Ahmadinejad a rendu mardi les sanctions lancées par les Etats-Unis responsables de la crise, assurant toutefois que le pays en sortirait. Il a appelé les Iraniens à ne pas acheter de dollars et précisé que les forces de sécurité devaient agir contre vingt deux "chefs de gang" sur le marché des changes.

 

La chute du rial traduit l'efficacité des sanctions occidentales sur l'économie iranienne.

 

Dimanche, le ministre israélien des Finances, Yuval Steinitz, a déclaré que cette dernière était "au bord de l'effondrement".

 

Beaucoup d'hommes d'affaires et de citoyens iraniens considèrent le gouvernement comme en partie responsable de l'actuelle crise monétaire.

 

L'agence parlementaire Icana, qui cite Mohammad Bayatian, membre de la commission de l'industrie et des mines au Parlement, a annoncé que toutes les signatures nécessaires avaient été réunies pour questionner le président devant le Majlis au sujet de la chute du rial.

 

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