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3 octobre 2010 7 03 /10 /octobre /2010 18:13

 

Conférence de solidarité et rencontre syndicale européenne avec les travailleurs grecs,

Athènes , 17 et 18 septembre 2010

Intervention de Jean-Pierre Page

ancien membre de la commission exécutive de la CGT

ancien chef du département international de la CGT

Il faut se féliciter de cette rencontre à l'initiative de PAME. 

Elle témoigne si il le fallait de l'influence grandissante  et de la crédibilité  acquise par le mouvement syndical de lutte de classes en Grèce. En se situant aux avants postes de la lutte contre les décisions réactionnaires d'un gouvernement socialiste aux ordres du FMI et de la commission européenne, les travailleurs de Grèce avec PAME ont montré la voie et sont devenus pour les travailleurs européens une source d'inspiration à leurs propres combats. 

Comme cela a été démontré ici il n'est d'autres alternatives pour le monde du travail que le choix de la lutte, de la lutte de classes contre le Capital. Affirmer cela ce  n'est pas  rhétorique ou incantation c'est affirmer une exigence incontournable à laquelle l'expérience historique le montre on ne saurait échapper.

Nous connaissons une situation nouvelle en Europe , elle est tout à la fois riche de possibilités mais elle est aussi caractérisée par des risques considérables pour les peuples et donc pour les travailleurs.

Avec le Traité  de Lisbonne , les gouvernements ont décidé  d'imposer la constitution européenne et cela quel qu'en soit le prix.  Pour les millions d'hommes et de femmes qui ont di NON à une Europe des inégalités ces derniers vont dans un contexte aggravé par la crise capitaliste devoir en subir les effets. Droits sociaux fondamentaux, services publics, laïcité,droits de l'homme, défense et sécurité. Il n'est pas inutile de rappeler à ceux qui vivent de leur travail de garder en mémoire ceux qui portent la responsabilité de la signature de ce Traité aux cotés de la droite , les socialistes, les verts et au plan syndical la CES.

C'est dans ce contexte que le Capital a décidé de pousser son offensive tout particulièrement sur les système de retraites , de santé, les libertés! 

Pour masquer les décisions unilatérales qu'imposent la Commission  de Bruxelles, les gouvernements de l'UE s'en prennent aux libertés  démocratiques, se déshonorent comme en France ou Sarkozy fait expulser dans des conditions inhumaines des milliers de Roms au point qu'on a pu parler d'"holocauste raciste", et  menacent de déchoir de leur nationalité des citoyens français. 

Cette période enfin  est propice  à accélérer également  l'intégration euro atlantique , cette vassalisation des nations européennes au service de l'Impérialisme Nord Américain dont l'agressivité fait courir à l'humanité une menace réelle de cataclysme nucléaire.

Dans ces conditions et face à de tels enjeux , on peut dire que le Mouvement syndical est confronté à des taches et des responsabilités inédites . Voila pourquoi nous nous devons de répondre à ce qu'exige cette situation radicalement nouvelle! Nous le devons  par la recherche d'initiatives, de dialogue, d'échanges au service exclusif de l'action.

Cette démarche suppose l'unité sur un contenu d'objectifs d'autant plus élevé que c'est l'ampleur de la crise et de la lutte de classes qui l'impose. Cette recherche de l'unité est d'autant plus indispensable que nul ne saurait prétendre seul faire face si il veut lutter victorieusement , cela  suppose aussi  clarté, lucidité, et loyauté.

Par conséquent, ce qui est nouveau en Europe,  ce n'est pas la collaboration de classes,le partenariat social, le pseudo dialogue social, l'accompagnement et la négociation du programme du capital décidé par Bruxelles et les institutions financières internationales comme ne cesse de le revendiquer la CES et les dirigeants des principales confédérations européennes. La solution ce n'est pas comme ils le préconisent  accélérer  l'application du Traité de Lisbonne! Toujours et encore plus d'Europe ce qui serait pour la CES et son secrétaire général John Monks la seule voie a suivre! Soyons clairs cette orientation cherche en fait à masquer le bilan accablant de celle-ci depuis 25 ans, un bilan en forme de faillite. 

La CES doit assumer aussi  la responsabilité au même titre que les gouvernements et la commission de Bruxelles aux ordres du Capital et ce bilan: c'est chômage, précarité, vie chère, liquidation de nos systèmes de retraites, et de protection sociale, privatisations, atteintes au doit de grève et aux libertés syndicales. Mais également outre le recul social, la division,la désyndicalisation,la perte de crédibilité du syndicalisme !

Comment s'étonner dès lors que le syndicalisme réformiste soit en panne, impuissant, inaudible, déliquescent et qu'il en soit venu à marginaliser par ses positions le monde du travail et la défense de ses intérêts. Par conséquent oui,  il n'y a rien à attendre de ce côté là et il est insultant pour les travailleurs Français qui viennent de réaliser le 7, et le 15 septembre deux importantes journées de lutte, de grèves et de manifestations que pour le 23 septembre ou l'ambition est d'être plus nombreux encore que les 3 millions qui étaient dans la rue, de voir inviter par les secrétaires généraux de la CGT et de la CFDT de France le secrétaire général de la CES .

Non! Ce qui est prometteur et riche de perspectives pour l'avenir même du syndicalisme c'est de se tourner vers les travailleurs pour les encourager à lutter , à contester de toutes les façons possibles le programme du capital. Ce qui est encourageant c'est de voir dans de nombreux pays d'Europe comme nous l'avons vu au Portugal, en Espagne, en Italie, en France, en Grèce  comment cette orientation a réellement commencé à s'enraciner et à prendre une ampleur nouvelle.  Nouvelle surtout par sa détermination , bouleversant ainsi les régles que certains dirigeants syndicaux souhaitaient imposer! Nul maintenant ne peut prévoir ou imposer  sa façon de faire et l'initiative démocratique des travailleurs doit en dernière analyse décidé de la suite de chaque action.

C'est indispensable car la crise capitaliste n'est pas une simple répétition de ce que l'on a connu en d'autres temps. C'est une crise systémique pas seulement financière, mais industrielle,alimentaire, sociale, culturelle, environnementale, politique , une crise de civilisation qui correspond  à la mondialisation capitaliste et qui provoque de fantastiques contradictions . On a transformé l'économie mondiale en casino et le crédit a été utilisé pour freiner la baisse du profit, une bulle financière a éclaté d'autres vont suivre et  au plan productif nous savons que nous sommes rentrés dans une période de récession prolongé.  Le sauvetage dont on nous parle tant est donc  impossible d'autant qu'il n'y a pas assez d'argent public pour combler l'ampleur des pertes et celle-ci ne cessent de s'aggraver comme c'est le cas en Europe et aux Etats Unis. Comme on le voit ici en Grèce il est d'autant plus absurde  d'avancer des dates, des calendriers que personne ne sait si les mesures préconisées vont fonctionner. 

En fait le dénouement de la crise ne saurait dépendre de la crise elle même ; elle ne peut dépendre que de la stratégie des acteurs sociaux et donc du monde du travail! 

Pour ma part je pense qu'il est indispensable de nous saisir de l'opportunité  de cette rencontre pour contribuer à faire progresser non seulement le débat sur le enjeux véritables des luttes et leur contenu pour une issue à la crise mais également pour nous donner les moyens d'y contribuer. Ceci  est d'importance parce que cela doit déterminer une alternative! Ne pas s'en préoccuper serait  faire le choix d'orienter l'action dans une impasse.   Nous avons  je le pense et à partir de ce que nous sommes  à partir des idées que nous défendons un rôle particulier, singulier à jouer dans le débat syndical en Europe pour donner du contenu aux luttes . En aucun cas ce débat  ne saurait rester monopoliser par quelque uns ou être le seul fait des directions syndicales liés à la CES.

Le mouvement syndical de lutte de classes occupe une place originale en Europe et ses forces sont loin d'être négligeables. Je pense que nous devrions contribuer à lui donner la dimension qui lui revient en coordonnant mieux nos efforts , en leur donnant un caractère plus permanent.

Ainsi en France une important discussion est engagée sur les objectifs du mouvement sur les retraites. On connaît la position du gouvernement Français qui entre autre souhaite allonger l'âge de départ a la retraite et donc les années de cotisations. Cette position n'est pas originale c'est celle de la plupart des gouvernements européens et celle du patronat.Pour Sarkosy et le patronat cette réforme doit s'imposer au point même de contester au parlement le droit d'en discuter pour l'amender! Pour les directions syndicales principalement celle de la CGT, de la CFDT, de FO de la FSU sans contester la réforme par elle même  elles revendiquent le droit de débattre et de négocier ce qui au fond n'est pas négociable, d'autant que tout le monde est d'accord pour reconnaître qu'il s'agit d'un recul social sans précédent.. Pour une majorité de travailleurs la solution c'est le rejet et l'abandon pur et simple de ce que l'on veut leur imposer,
c'est aussi la position que nous sommes nombreux à défendre! N'y a t'il pas là un sujet sur lequel il y aurait intérêt à échanger et sur lequel également s'exprimer collectivement?

Il en va de même en ce qui concerne la tactique et la stratégie des luttes , nous avons ce débat en France entre ceux qui entendent décider de journées d'action espacés dans le temps et ceux qui souhaitent les inscrire sur la durée, leur renouvellement décidé par les travailleurs eux mêmes et leur élargissement.

Nous avons par ailleurs à chercher les moyens d'élargir nos échanges à tous ceux qui dans les organisations syndicales en Europe tout en ne partageant pas toutes nos options expriment leur désaccords avec les orientations stériles de la CES et des directions confédérales nationales qui soutiennent celle-ci. Certains sont adhérents à la CES et d'autres sans affiliations européenne ou internationale! Tous sont souvent dans les minorités mais occupent parfois des positions majoritaires dans des Fédérations d'industrie, des Régions, des localités et surtout dans des entreprises. Je pourrai évoquer ici le cas de nombreuses organisations de la CGT dont la représentativité ne sauraient être contesté et  qui sont en désaccords avec les orientations préconisées par Bernard Thibaut . Ne faut il pas faire preuve d'un esprit plus offensif et plus ouvert pour aller au débat avec tous ces camarades qui sont souvent disponibles plutôt que de faire preuve d'étroitesse , d'exclusive de jugement à priori.

Cette initiative de PAME est importante au delà de l'occasion qu'elle nous donne de témoigner  notre solidarité aux travailleurs de Grèce, parce qu'elle nous interpelle sur notre propre capacité à  nous appuyer sur le Mouvement revendicatif à l'échelle européenne comme dans chaque pays et plus largement pour donner une opinion de classe  et contribuer à donner un nouvel élan aux luttes émancipatrices pour leur débouchés. N'avons nous pas à réfléchir sur l'exemple même de PAME forum syndical lieu de débats et d'actions au service de la lutte, comme forme d'organisation flexible particulièrement adapté et anticipatrice aux besoins des syndicats de lutte de classes comme au syndicalisme militant, et dont l'efficacité a été particulièrement mis en valeur à travers les luttes de ces derniers mois.

Réfléchir par conséquent à comment maintenir un lien permanent entre nous sans exclusive d'affiliation internationale ou régionale peut favoriser notre action au service de la lutte de classes d'autant qu'en définitive notre objectif n'est il pas pas être de faire progresser des conceptions au service de la lutte et faire régresser celles de collaboration de classes. Il existe un espace qui s'est ouvert du fait de l'aiguisement des contradictions au sein de la société capitaliste . Cela nous créer des obligations , des exigences, cela appelle aussi des comportements militants en rapport avec les possibilités. On ne choisit pas l'époque dans laquelle on vit , il nous revient d'être à la hauteur de ce qu'elle exige , il se fait chers camarades que la notre exige beaucoup!

Chers camarades, je vous remercie de votre attention. 






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