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14 septembre 2011 3 14 /09 /septembre /2011 19:58

 

http://www.liberation.fr/economie/01012359521-le-defaut-grec-bien-cote

Mardi 13 Septembre 2011

Le défaut grec bien coté

Les marchés parient ouvertement sur une faillite d’Athènes, alimentant la panique

Par Jean Quatremer, correspondant à Bruxelles

 

Pour les marchés, l’affaire est entendue : le défaut de la Grèce n’est qu’une question d’heures, de jours, au mieux de semaines. La valeur des obligations d’Etat grecques continue à s’effondrer et les CDS (credit default swap, assurances contre le défaut d’un État) atteignent des rendements records. L’incapacité d’Athènes à tenir ses objectifs budgétaires a déclenché une nouvelle panique qui s’étend désormais aux banques européennes les plus exposées au risque souverain grec.

 

Robinet. Pourtant, une faillite de la Grèce n’est pas à l’ordre du jour, puisqu’elle ne dépend plus des marchés pour se financer mais de l’Europe et du FMI. Et il est tout simplement exclu qu’ils coupent le robinet du crédit, le risque de contagion aux autres pays sous assistance financière, mais aussi à l’Espagne et à l’Italie, étant trop élevé, avec des conséquences catastrophiques pour l’euro. Bref, les marchés jouent à se faire peur. Reste que leur panique peut fragiliser le secteur bancaire européen si les établissements commencent à refuser de se prêter de l’argent faute de connaître l’état réel de l’exposition de tell ou telle banque au risque souverain.

 

Comme toujours, les politiques en ont rajouté une louche en évoquant un défaut de la Grèce, voire carrément sa sortie de la zone euro, ce qui a donné corps aux craintes des marchés. En effet, certains, notamment en Allemagne, mais aussi dans les pays confrontés à la montée de mouvements populistes, voient d’un mauvais œil «l’union des transferts» financiers qui se met en place depuis deux ans sous les coups de boutoir des marchés : pour eux, payer pour un Etat mal géré ne fait pas partie du contrat de départ. Or ils sont inquiets de voir la majorité de la classe politique allemande basculer dans le camp fédéraliste et se rallier, en maugréant, à l’idée de mutualiser une partie des dettes publiques.

 

Dans le rôle des boutefeux, les Néerlandais excellent. Jeudi, le ministre des Finances néerlandais, Jan Kees de Jager, a mis le feu aux poudres en estimant qu’un pays qui ne respecte pas la discipline budgétaire doit pouvoir être exclu, «en dernier recours», de la zone euro. Même s’il a précisé qu’il faudrait d’abord modifier les traités, les marchés ont considéré que l’hypothèse était bel et bien sur la table. Mais une sortie de l’euro, cela signifie une faillite…

 

Le lendemain, le ministre de l’économie de l’Estonie (membre de la zone euro), Juhan Parts, a surenchéri : «Je ne comprends toujours pas comment un défaut de paiement [des pays surendettés, ndlr] peut être évité.» Quelques heures plus tard, la démission de l’économiste en chef de la BCE, l’ultra orthodoxe Jürgen Stark, ajoutait au trouble alors, qu’en réalité, ce départ signe la défaite des «faucons» allemands. Pis : ce week-end, Der Spiegel a révélé que le ministère des Finances étudiait, au cas où, les conséquences d’une faillite d’Athènes, voire d’une sortie de l’euro. Enfin, dimanche, Philipp Rösler, le ministre allemand de l’économie, patron du très eurosceptique Parti libéral (FDP), allié d’Angela Merkel, a déclaré que «pour stabiliser l’euro, il ne doit plus y avoir d’interdiction de penser à certaines options. Parmi elles, il y a, en cas d’urgence, l’insolvabilité ordonnée de la Grèce.» Hier, son porte-parole a fait machine arrière, sans doute après un rappel à l’ordre de la chancellerie : «L’Allemagne veut qu’Athènes reste membre de la zone euro.»

 

«Alléger». «Cette agitation autour de la Grèce peut la servir, estime un analyste de marché. Ceux qui ont des obligations vont se précipiter pour les échanger contre des titres de moindre valeur, comme cela a été prévu par le sommet européen du 21 juillet, afin de limiter leurs pertes éventuelles. Cela permettra au pays d’alléger sa dette d’une vingtaine de milliards.» Bref, la panique pourrait, au final, aider Athènes à sortir la tête de l’eau.

 

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