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24 mai 2015 7 24 /05 /mai /2015 14:27

Le bipartisme en péril aux élections locales en Espagne (Reuters)

Les élections régionales et municipales qui ont lieu Dimanche 24 Mai 2015 en Espagne devraient faire chuter le bipartisme qui organise la vie politique espagnole depuis le rétablissement de la démocratie.

D'après les sondages, ni le Parti Populaire du président du gouvernement Mariano Rajoy ni le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE), qui dirigent alternativement l'Espagne depuis quarante ans, ne devraient être en mesure de décrocher la majorité dans douze des treize régions appelées aux urnes. Dix sont actuellement gouvernées par le Parti Populaire.

La situation devrait être identique dans la plupart des huit mille villes où les conseils municipaux sont remis en jeu.

La transformation radicale du paysage politique espagnol, marqué par l'émergence de forces comme Podemos ou Ciudadanos, devrait imposer des coalitions à la tête des exécutifs régionaux et donnera un avant-goût de l'incertitude qui devrait prévaloir après les élections législatives attendues cet automne.

« C'est la première fois depuis des décennies que les électeurs auront véritablement la possibilité de changer les choses. Pas seulement changer de gouvernement, mais changer notre démocratie », souligne Carolina Punset, qui dirige la campagne de Ciudadanos dans la région de Valence.

Initialement basée en Catalogne, cette formation centriste a émergé sur le plan national. En multipliant par dix le nombre de ses adhérents, à vingt-deux mille, et comptant une centaine de milliers de sympathisants, le parti d'Albert Rivera ne ressemble plus guère à la petite formation qu'il était à sa création, il y a neuf ans.

Podemos, le parti de la gauche radicale issu du mouvement des indignés de la Puerta del Sol, en 2011, s'est également installé dans la classe politique. Après avoir réuni huit pour cent des voix lors des élections européennes d'il y a un an, deux mois seulement après sa création, le parti a progressé dans les sondages, même si, fragilisé par des dissensions internes, il est à présent talonné par Ciudadanos.

FRAGMENTATION

Ces deux partis aspirent une partie de l'électorat en exploitant le rejet des politiques menées par les deux grandes formations traditionnelles. Même si la croissance est repartie en Espagne, le chômage frappe encore vingt-quatre pour cent de la population active. Les scandales de corruption qui visent tant le Parti Populaire que le PSOE favorisent également leur émergence.

« La fragmentation va être énorme », estime Narciso Michavila, directeur de l'institut de sondage GAD3. « Le Parti Populaire pourrait affirmer qu'il a remporté les élections, mais ce qui viendra ensuite, les pactes ou la couleur des gouvernements régionaux et locaux, sera crucial. Le Parti Populaire va souffrir », ajoute-t-il.

Certains politologues estiment même qu'il faudra retourner devant les urnes dans certaines villes ou régions.

En Andalousie, où les élections avaient lieu en mars 2015, le parlement régional est bloqué.

Au pouvoir depuis trente-deux ans dans cette province du sud de l'Espagne, le PSOE reste la première force politique mais avec quarante-sept sièges sur les cent neuf que compte l'assemblée régionale il ne peut gouverneur seul. Le Parti Populaire, après de lourdes pertes, se retrouve avec trente-trois sièges. Podemos est troisième avec quinze sièges, suivi par Ciudadanos avec neuf sièges.

Susana Diaz, chef de file régionale du PSOE, a indiqué lors d'une récente interview qu'elle pourrait opter pour l'organisation d'un nouveau scrutin et a souligné qu'en Andalousie comme à l'échelle nationale, le paysage politique espagnol tournait au « chaos ».

A Madrid, Podemos a joint ses forces à plusieurs mouvements sociaux regroupés derrière la bannière Ahora Madrid, Maintenant Madrid, et font campagne derrière l’ancienne juge Manuela Carmena, soixante et onze ans.

A Barcelone, Podemos a opté pour une stratégie similaire, se rangeant derrière la candidature d'Ada Colau, fondatrice de la plate-forme des victimes d'hypothèques qui milite contre les expropriations immobilières. « Les situations terribles que beaucoup ont vécu ont conduit les gens à réaliser que pour que les choses changes, ils devaient s'impliquer », explique cette dernière.

Signe de cette remobilisation, la proportion d’espagnols se déclarant « très intéressés » par la politique a doublé entre 2006 et 2012, selon l'enquête European Social Survey.

Dans le même temps, le Parti Populaire et le PSOE se sont effondrés dans l'électorat. Alors qu'ils représentaient, ensemble, quatre-vingt-quatre pour cent des voix aux élections législatives de 2008 et encore soixante-treize pour cent en 2011, ils pèsent désormais moins de la moitié des voix dans les sondages.

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