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9 mai 2014 5 09 /05 /mai /2014 16:08

http://www.passeursdhospitalites.wordpress.com/2014/05/07/mengs-medahne-mort-parce-quil-coutait-trop-cher

Mort parce qu’il coûtait trop cher

Mercredi 7 Mai 2014

Mengs Medahne est un de ces mineurs érythréens arrivés récemment à Calais qui habitaient le campement du bassin de la Batellerie. Il est mort en essayant de passer en Angleterre.

S’apercevant que le camion dans lequel il était monté avec deux de ses camarades allait dans la mauvaise direction, il a sauté en marché et a été percuté par les deux véhicules qui suivaient. Il avait seize ans.

À seize ans, il n’aurait pas dû être à la rue. Comme tout mineur en danger, il aurait dû faire l’objet d’une mesure de protection. Il aurait dû être hébergé, accueilli dignement, informé de ses droits. Il aurait dû faire le point avec des professionnels sur ses projets d’avenir. Parce que c’est la loi, et que la loi s’applique à tout mineur en danger, quelle que soit sa nationalité. Il aurait peut-être alors fait le choix de rester en France. Ou, s’il avait persisté dans son projet de partir au Royaume Uni, il l’aurait fait dans de meilleures conditions physiques et psychologiques, et de manière moins risquée.

Mais, sous prétexte qu’ils n’ont pas de projet en France, le conseil général refuse de prendre des mesures de protection en faveur des mineurs qui veulent aller au Royaume Uni, et s’oppose à la création d’un lieu d’accueil pour eux à Calais. Le conseil général viole la loi. Il dit qu’il fait déjà beaucoup, et que ça coûterait trop cher. Alors Mengs a dormi dehors sous un bâche plastique, comme d’autre, parce qu’il n’y a pas assez de tentes, ou serré dans l’une d’elle s’il a trouvé de la place. Il a peut-être attrapé la gale, comme certains de ses voisins. Il a été harcelé par la police. Alors comme d’autres il a pris des risques inconsidérés pour échapper vie, jusqu’au geste inconsidéré de sauter d’un camion en marche. Et Mengs est mort, comme sont morts cinq de ses camarades de campement ces derniers mois.

Le conseil général du Pas-de-Calais, c’est un budget d’un milliard sept cent millions d’euros en 2014. Qui annonce que « les jeunes de seize à trente ans sont la priorité du département ».

Qui consacre deux cent quarante deux millions d’euros en 2013 au pacte jeunesse. Mengs, lui, coûtait trop cher, alors on l’a laissé à la rue.

Le conseil général du Pas-de-Calais, c’est aussi trois mille sept cent enfants accueillis en 2013.

Les trente à soixante mineurs qui peuvent se trouver dans les différents campements représentent moins de deux pour cent de ce chiffre. Et ce seraient eux qui mettraient les finances publiques en péril. Et ce sont eux qu’on laisse à la rue.

Cela fait plus de dix ans qu’associations et militants de terrain alertent les pouvoirs publics sur la situation de ces jeunes et la nécessité de lieux d’accueil pour eux près des lieux de passage.

Depuis l’automne les associations constatent que les exilés prennent de plus en plus de risques, que les accidents et les décès se multiplient, et tirent la sonnette d’alarme. L’apparition de mineurs en nombre croissant au campement du bassin de la Batellerie, dans des conditions matérielles et sanitaires dégradées, a elle aussi fait l’objet d’une alerte.

Mengs est mort comme il est venu, anonyme, un article de faits divers, entre un feu de cheminée et une querelle bruyante de consommateurs éméchés au sortir d’un bar.

Monsieur le président du conseil général, mesdames et messieurs les conseillères et conseillers, quand sortirez-vous de votre passivité ? Quand cesserez-vous de considérer que ces jeunes coûtent trop cher, ou ne sont pas assez payants pour votre popularité ?

Quand prendrez-vous les mesures que commande le bon sens et que la loi prescrit ?

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