Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
1 mai 2014 4 01 /05 /mai /2014 15:55

http://www.anticapitalistas.org/IMG/pdf/Manifiesto-Mover-Ficha.pdf

http://www.nuevosrepublicanos1905.blogspot.fr/2014/01/manifiesto-mover-ficha-convertir-la.html

http://www.npa2009.org/content/manifeste-de-podemos-une-nouvelle-force-dans-letat-espagnol

Manifeste de Podemos

Bouger les lignes

Transformer l’indignation en changement politique

Mardi 14 Janvier 2014

Comme lors d'autres moments dans l'histoire, nous voyons aujourd'hui un continent européen plongé dans la perplexité. Alors que la majorité regarde avec nostalgie le passé révolu, des minorités puissantes, qui n'ont d'autre objectif que leur propre perpétuation, démontrent que l'enrichissement est leur drapeau et l'impunité leur but. Jamais en Europe il n'y a eu autant de mécontents à cause de la perte des droits et en même temps jamais il n'y a eu moins de perspective de pouvoir canaliser cette indignation grâce à des choix électoraux qui nous enflamment et qui, à la fois, soient en capacité de représenter les majorités meurtries et de gérer efficacement et fidèlement afin de rendre possibles les meilleures options. Pour un grand nombre, il est intolérable que lors de la plus grande crise du système depuis le crack de 1929, les forces progressistes montrent leur grande faiblesse, condamnant la majorité de nos pays à une espèce de mélancolie qui mène à la résignation et à la dépression politique. Mais nous avons eu à faire face à des moments bien pires et nous avons été capables de surmonter les difficultés. Pourquoi en irait-il autrement maintenant?

Les élections au parlement européen vont avoir lieu dans un moment de profonde crise de la légitimité de l'Union Européenne. Quant à nos, nous sommes face à une perte inestimable de la crédibilité du régime issu de la constitution de 1978. Des mouvements d'indignation politique comme celui du 15 mai étaient en phase avec une réelle volonté populaire, ne pas sacrifier d'autres droits sur l'autel des marchés guidés par la spéculation et la rapine.

L'impuissance ou le laissez faire des gouvernements, l'incapacité volontaire des partis politiques de gouvernement, la transformation des parlements en organismes bureaucratiques et sans pouvoir politique et la déroute des syndicats ont laissé les citoyens seuls face à leur sort. Comme dans tant d'autres pays, la perplexité est utilisée pour convertir les dettes privées en dettes publiques, pour transférer à des groupes particuliers les biens communs gagnés pendant des dizaines d'années et consacrer les dernières ressources publiques au financement d'intérêts entrepreneuriaux limités. Nous sommes face à un coup d'état financier contre les peuples du sud de la zone euro. Ceux qui sont aux commandes sont en train de vendre le pays et notre avenir à la découpe. L'augmentation de la répression (avec des lois plus autoritaires, la multiplication des amendes dans un cadre d'appauvrissement économique y compris les difficultés d'exercer les droits civiles et politiques) achève de compléter un paysage dominé par l'aggravation des inégalités sociales, sexuelles et une plus grande dégradation des ressources naturelles. Le pessimisme et le défaitisme de groupes n'est pas étrange et pourtant il leur suffirait d'une étincelle d'utopie pour sortir du piège du désespoir.

Les lois de sécurité citoyenne (qui transforment en délit les modes de protestation inaugurés par le 15 mai), le retour de la répression contre la liberté des femmes, la limitation de la démocratie dans les sphères de la politique locale, le contrôle accru des medias et de la justice visent à créer un lieu où la peur interdit la démocratie. Ce sont des conceptions qui mènent vers des régimes autoritaires enrobés dans des processus électoraux vidés de plus en plus de leur contenu. Est-il concevable que quatre vingt dix pour cent de la population qui souffre de ces politiques ne se dote pas d'outils pour créer un futur plus lumineux?

Mais il n'est pas certain que nous soyons contraints à la déroute. Malgré ces tentatives, nous voyons que ce mur n'est pas infranchissable et que, d'en bas, il est possible de freiner ces processus de régression de notre démocratie. Aujourd'hui notre exigence d'une politique qui vienne de la rue, qui parle comme la majorité des gens qui en ont assez est une réalité. Notre exigence d'une plus grande générosité de nos représentants, d'une horizontalité et de la transparence, d'un retour aux valeurs républicaines de la vertu publique et de la justice sociale, de la reconnaissance de notre réalité pluri nationale et pluri culturelle est plus forte que jamais.

Il y a des années que notre désir de prendre nous même nos décisions, de répondre nous mêmes aux questions que nous nous posons n'a jamais été aussi réel. La caste nous conduit à l'abîme au bénéfice de ses intérêts égoïstes. La solution ne peut venir que des citoyens, comme la protection de l'emploi, la défense des familles expulsées, ou la garantie des services publics, petites victoires mais significatives. La mobilisation populaire, la désobéissance civile, la confiance en nos propres forces sont indispensables mais aussi de forger des clefs pour ouvrir les portes que l'on veut nous fermer aujourd'hui, que la voix et les exigences de cette majorité sociale qui ne se reconnait pas dans l'Union Européenne ni dans un régime corrompu qui ne peut se régénérer, arrive jusqu'aux institutions.

Aux prochaines élections au parlement européen il faut qu'il y ait une candidature qui s'offre à la vague d'indignation populaire qui étonna le monde. Nous nous réjouissons de la progression des forces de gauche mais nous sommes conscients qu'il faut faire quelque chose d'autre pour mettre en route les changements dont nous avons besoin. C'est l'heure du courage, de ne pas laisser se fermer la fenêtre des opportunités qui se sont ouvertes. Nous avons besoin d'une candidature unitaire et de rupture, menée par de gens qui expriment d'autres rapports à la politique et qui soit une réelle menace pour le régime de bipartisme du Parti Populaire et du PSOE et pour ceux qui nous ont volé notre démocratie. Une candidature qui sache à la fois gérer les affaires publiques et aussi associer la majorité à l'élaboration de son propre avenir.

Une candidature qui apporte une réponse a cette jeunesse que l'on invite à quitter le pays, à des travailleurs qui voient chaque jour leurs droits amputés, à des femmes qui doivent à nouveau réclamer ce qui leur revient, à des personnes âgées qui ont lutté et travaillé une vie entière. Une candidature qui avance en s'appuyant sur les conquêtes et qui avance par dessus la paralysie actuelle. Une candidature qui fasse bouger les lignes pour convertir le pessimisme en optimisme et le mécontentement en volonté populaire de changement et d'ouverture démocratique.

Une candidature pour la récupération de la souveraineté populaire, ce sont les citoyens qui doivent décider, non pas la minorité égoïste qui nous a amené là où nous en sommes. Ce qui prévaut ce sont les besoins des gens. L'austérité et les coupes budgétaires asphyxient l'économie et nos vies. Il faut supprimer l'article cent trente cinq de la constitution espagnole et établir un moratoire pour mener à bien un audit de la dette qui détermine quelle en est la part illégitime, les dettes illégitimes ne doivent pas être payées. Il faut une politique alternative qui établisse un impôt sur les transactions financières et le contrôle sur les mouvements de capitaux, ainsi que la nationalisation des banques privées. L'administration, qui dans notre pays a appliqué les recettes de l'austérité, est la preuve de son incapacité à résoudre les problèmes des gens. Nous voulons une candidature qui s'oppose en conséquence aux restrictions que font au nom de l'austérité le gouvernement du Parti Populaire mais aussi du PSOE et d'autres partis des gouvernements des provinces autonomes. Nous voulons une autre Europe, juste, celle des droits et de la démocratie, non pas celle de la rapine et du mépris des peuples.

Une candidature qui, face aux gouvernements au service d'une minorité de un pour cent, revendique une « démocratie réelle » fondée sur la souveraineté des peuples et sur le droit à décider librement et solidairement de son avenir. Nous les démocrates, la démocratie ne nous fait pas peur, nous sommes enchantés lorsque des écossais et des catalans peuvent parler et dire quel avenir ils souhaitent. Et donc, une candidature qui soutient la consultation qui aura lieu en Catalogne le 9 novembre.

Une candidature qui défende des salaires et des pensions dignes, une fiscalité progressive pour que ceux qui ont le plus payent le plus, qui poursuive la fraude fiscale, qui refuse les licenciements dans les entreprises qui font des bénéfices, et qui fasse le pari du partage du travail y compris le travail domestique et de soins non rémunérés. Il est fondamental de défendre des conditions de travail dignes pour une jeunesse condamnée à la précarité éternelle ou à l'exil.

Une candidature pour le droit à un logement digne. Il faut mettre sur pied un parc de logements sociaux ainsi qu'un modèle de loyer social sûr et digne. On peut et l'on doit en finir avec le drame humain des expulsions, en les arrêtant toutes et en acceptant le paiement rétro actif comme l'exige la plateforme des victimes des hypothèques.

Une candidature qui refuse la privatisation des services publics et des biens communs, l'éducation, la santé, la justice, les transports, l'information, le logement et la culture, qui défende leur réintégration et fasse le pari d'une gestion démocratique. Ce sont des droits et ils doivent être sous contrôle public. Une candidature qui défende une démocratie radicale où les référendums et les ILP fassent partie d'une nouvelle disposition juridique après un processus constituant.

Une candidature qui combat la violence machiste et défend le droit des femmes de disposer de leur corps et, par là même, le droit de décider si elles veulent ou non interrompre leur grossesse. Qui défend aussi la liberté de choisir son orientation sexuelle contre toute sorte de discrimination et d'homophobie. Une candidature pour le droit d'être et d'aimer selon sa volonté.

Une candidature qui s'appuie sur un changement de modèle de production qui soit au service des gens grâce à une reconversion écologique de l'économie, sur la nationalisation et la socialisation des entreprises énergétiques et sur l'autonomie alimentaire.

Une candidature qui défende les droits civiques pour tous et toutes et exige la suppression des lois visant les étrangers. Une candidature pour un pays où toutes et tous nous soyons citoyens, où personne ne soit invisible, ne soit la proie de la surexploitation, de la persécution ou de la marginalisation à cause de la xénophobie érigée en institution.

Une candidature qui refuse les interventions militaires, qui défend la sortie de l'OTAN et qui défende avec fermeté les relations solidaires entre les peuples.

Une candidature, résultat d'un processus participatif ouvert aux citoyens pour l'élaboration du programme, pour la composition de la liste paritaire comprenant des militants sociaux, politiques et culturels, avec rotation des postes et des indemnités basées sur le salaire moyen.

Une candidature qui s'engage à la transparence, à rendre des comptes et dont les ressources soient indépendantes des banques privées et des lobbies.

Les signataires de ce manifeste nous sommes convaincus qu'il est temps de faire un pas en avant et qu'ainsi nous nous retrouverons beaucoup plus nombreux. Ceux d'en haut nous disent qu'il faut se résigner et, tout au plus, choisir parmi les couleurs habituelles. Nous pensons que ce n'est pas le moment de renoncer mais de faire bouger les lignes et offrir des outils à ceux qui s'indignent et qui désirent le changement. Dans les rues on répète avec insistance « oui, on peut », nous nous disons « nous pouvons ».

Signataires

Pablo Iglesias Turion, professeur de sciences politiques de l’Université Complutense de Madrid ; Juan Carlos Monedero, professeur de sciences politiques de l’Université Complutense de Madrid ; Alberto San Juan, acteur ; Marta Sibina, éditrice de la revue Café amb Llet ; Santiago Alba Rico, écrivain ; Candido Gonzalez Carnero, syndicaliste des Asturies ; Jaume Asens, avocat ; Albano Dante Fachin, éditeur de la revue Café amb Llet ; Jorge Riechmann, poète et militant écologiste ; Jaime Pastor, professeur de sciences politiques de l’UNED ; Cecilia Salazar Alonso, militante de la Marée Verte de Madrid ; Teresa Rodriguez, professeur de secondaire, déléguée syndicale et membre de la Marée Verte d’Andalousie ; Francisca Camacho, femme de ménage de l’université de Cadiz et déléguée syndicale ; Laura Mingorance, étudiante de l’université de Cadiz et membre de l’association étudiante contre la précarité ; Jesus Jaen, militant de la Marée Blanche de Madrid ; Carmen San José, militante de la Marée Blanche de Madrid ; Javier Cordon, militant de la Marée Blanche de Madrid ; Sixto Casado, syndicaliste cheminot ; Anton Gomez Reino Varela, militant social de Galice ; Jorge Moruno, sociologue ; Elena Maeso, association des précaires de Madrid ; Isabel Serra, militante sociale de Madrid ; Tristan Meyer (la Tuerka) ; Bibiana Medialdea, professeur d’économie de l’UCM ; Olga Abasolo, sociologue ; Raimundo Viejo Vinas, professeur de sciences politiques de l’UDG ; German Cano, professeur de philosophie de l’université d’Alcala ; Rita Maestre, étudiante ; Alejandro Garcia, délégué syndical de Mac Donalds de Grenade

Partager cet article
Repost0

commentaires