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18 mai 2014 7 18 /05 /mai /2014 15:54

http://www.lemonde.fr/europe/article/2014/05/17/en-espagne-les-indignes-tentent-une-percee-electorale_4420510_3214.html

En Espagne, les « indignés » tentent une percée électorale

Par Sandrine Morel, correspondante permanente du Monde à Madrid

Dans les jardins publics du quartier populaire de Canillejas, dans le nord est de Madrid, plusieurs centaines de personnes se pressent devant l’estrade où les candidats du nouveau parti politique Podemos (« Nous pouvons ») exposent leur programme pour les élections européennes. Il est 19 heures, Jeudi 15 Mai 2014, et la date n’est pas anodine. Madrid célèbre le troisième anniversaire du mouvement des « indignés » qui, le 15 mai 2011, avait rempli les places publiques du pays d’espagnols se plaignant des lacunes du système démocratique, clamant aux politiques « no nos representan » (« vous ne nous représentez pas ») ou dénonçant le pouvoir des banques et des marchés financiers. Podemos, dont le slogan propose de « transformer l’indignation en changement politique », est directement issu du mouvement du 15 mai.

Le programme de Podemos résume les revendications de la rue, lutte contre la corruption, croissance, emplois, restructuration de la dette publique qualifiée « d’illégitime », fin des expulsions immobilières et interdiction des délocalisations hors d’Europe. Né il y a seulement deux mois, il récolterait, selon le sondage du centre de recherche sociologique, un siège au parlement européen.

« L’Europe est gouvernée par des absolutistes »

En Espagne, les élections européennes devraient marquer le recul du Parti Populaire (PP, droite au pouvoir) et Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE), qui cumuleraient soixante cinq pour cent des voix contre quatre vingt pour cent, en 2009. La gauche unie (Izquierda Unida, écolo communiste) en profiterait particulièrement, à laquelle les sondages attribuent entre neuf pour cent et onze pour cent d'intention de vote et cinq à sept sièges (3,7 % et deux sièges en 2009).

Les électeurs socialistes n'ont pas pardonné à l'ancien chef du gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero le tournant de la rigueur de 2010, qui a fait naître l'idée que le Parti Populaire et le PSOE étaient, en fait, les deux faces d'une même pièce de monnaie et que l'Espagne et l'Europe étaient de « fausses démocraties », gouvernées par les marchés financiers.

« L'Europe est gouvernée par des absolutistes et nous allons être leurs sans culottes », avait résumé en mars, lors du lancement de Podemos, son chef de file, Pablo Iglesias, trente six ans, ancien sympathisant d'Izquierda Unida, professeur de sciences politiques à l'université Complutense de Madrid et invité fréquent des plateaux de débats télévisés.

Ses candidats, du chercheur au chômeur, en passant par l'ancien procureur anti corruption Carlos Jimenez Villarejo, se sont engagés à ne percevoir que trois fois le salaire minimum espagnol, soit mille neuf cent euros. Le reste (le salaire d'un député européen est d'environ huit mille euros brut) devrait être versé au parti ou à des ONG.

« Pas une colonie de l’Allemagne »

Le 8 mai, Pablo Iglesias a fait campagne à Berlin, à la rencontre des « exilés de la crise », ces milliers de jeunes contraints, pour trouver un emploi, de quitter l'Espagne, où le chômage des moins de vingt cinq ans dépasse les cinquante pour cent. « Nous ne pouvons pas être une colonie de l'Allemagne », s'est-il insurgé. Pour lui, « le débat n'est plus entre gauche et droite, mais entre caste politique et citoyens ». Son discours a fait mouche, en particulier sur les réseaux sociaux. Près de cent mille personnes ont donné, sur internet, leur aval pour qu'il se présente aux élections européennes.

Podemos n'est pas le seul à tenter de recueillir le vote de l'indignation. Avec comme tête de liste l'informaticien franco-italien Hervé Falciani, à l'origine des révélations sur les comptes de milliers de clients de la banque HSBC en Suisse, le parti X a fait de la lutte contre la corruption et pour la rénovation de la démocratie ses principaux chevaux de bataille.

Ces deux thèmes sont aussi au cœur du programme du juge Elpidio Silva, à l'origine du parti RED (rénovation démocratique citoyenne). Elpidio Silva est connu pour avoir ordonné l'incarcération de l'ancien président de la caisse d'épargne Caja Madrid, Miguel Blesa, dans le cadre d'une affaire de corruption présumée. Une incarcération qui lui a valu d'être déchargé de l'affaire et accusé d'abus de pouvoir.

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