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2 mai 2014 5 02 /05 /mai /2014 18:36

http://www.bakchich.info/medias/2014/04/25/chez-liberation-la-censure-de-marcelle-continue-63287

http://www.altermonde-sans-frontiere.com/spip.php?article25775

Europe, on n’est pas là pour se faire engueuler

Par Pierre Marcelle

Vendredi 25 Avril 2014

Dans un mois, jour pour jour, donc, les élections européennes, et, faute de mieux en matière d’argumentaire, chez les maîtres-penseurs, c’est reparti comme en 2005, à boulets roses et au canon de marine, le retour des « ouiistes » d’alors, les mêmes exactement, sans vergogne et assez impavides pour n’avoir jamais seulement envisagé de changer un tout petit peu d’avis, ne serait-ce que dans l’expression de leurs certitudes.

Entendons-nous, que mes voisins de chronique, respectivement en charge de « diplomatiques » et de « politiques », réactualisent leur morgue avec leurs convictions, rien à dire. Nul ne répugne, dans ces pages, à s'afficher péremptoire.

Parlant ici d’un point de vue européiste, j’ai, moi aussi, eu désir d’une constitution qui n’aurait pas abdiqué tous pouvoirs aux marchés, se serait préoccupée de social et de fédéralisme, aurait construit les moyens de son émancipation et porté haut les principes démocratiques dont mensongèrement elle se réclamait. Pourtant, neuf ans après certaine campagne pour le oui à ce « traité établissant une constitution pour l’Europe » mais qu’un référendum sanctionna en 2005 d’un non sans appel, six ans après ses cyniques réécriture et ratification constitutionnelle en « traité de Lisbonne », et deux années après que la promesse de campagne présidentielle hollandaise de le renégocier eut été ­jetée aux orties, on aurait apprécié qu’un bilan en fût tiré, et sa propagande à tout le moins reconsidérée. Au lieu de quoi, rien que l’arrogante et lancinante répétition, dans le même dogme, des mêmes injures et des mêmes oukases.

Bernard Guetta, avec sa chronique du 16 avril titrée « coupable occident, forcément coupable », ouvrait le bal à propos d’Ukraine et de Rwanda, en enfermant ses adversaires mal identifiés dans une double caricature. Selon lui, faire doucement remarquer que la politique post coloniale de la France, en Afrique et dans le mitan des années 1990, n’avait pas l’innocence immaculée de l’agneau pascal, c’était prétendre que «la gauche et la droite françaises » auraient, autrement dit, « voulu l’assassinat à la machette de huit cent mille personnes ».

En vertu d’un raisonnement semblablement binaire, constater que l’illisible diplomatie de l’Union Européenne encouragea un partenariat économique avec Kiev, fournissant ainsi à l’expansionnisme poutinien un prétexte à réagir, c’était, selon Guetta, prêter à ladite Union Européenne le désir réfléchi, voire prémédité, de « s’en prendre aux russes ». Ainsi, Mélenchon serait-il identifié comme pro-russe, donc « poutinien », aussi sûrement que Le Pen en Syrie pro al Assad.

Contre celui-ci et celle-là, il ne s’agit que de marteler encore et toujours, envers et contre tout, que l’Union Européenne est par essence libre-échangiste vertueuse autant que les Etats-Unis, et son bilan admirable. Mais, à la question posée en préalable par le chroniqueur, « pourquoi tant de gens qui ne sont pas analphabètes, tant de français qui ne sont, a priori, pas ­demeurés, ont-ils pu dire ou penser tant d’inepties », il ne serait pas répondu.

Dès le lendemain, Alain Duhamel ferait à son compère écho dans sa chronique intitulée Jeudi 17 Avril 2014 « qui va ­défendre l’Europe ». Préjugeant les comportements de chaque parti face à une institution qui, si elle a, certes, du mal à exister, le doit d’abord et surtout à elle-même, l’auteur lui prédit d’abord « le supplice du pilori », de quoi évidemment « Marine Le Pen pavoisera, Jean-Luc Mélenchon s’enfiévrera ». Toujours, dans la balance rhétorique de Duhamel, l’obsession de ces deux là unis, au mépris de toute réalité programmatique, comme un couple (tel celui, symétrique, qu’il forme en l’occurrence avec Guetta).

Et pour qu'il soit bien entendu que cette union de « populistes et démagogues » est de nature diabolique, le lexique autant que la syntaxe sera plus bas appelé à la rescousse, où « le message de l'UMP sera totalement cacophonique, où les cris des souverainistes écraseront les propos trop sages et trop lisses des pro européens, où le Parti Socialiste sera muet, où les écologistes défendront l'Europe comme des adolescents brouillons et les centristes prêcheront stoïquement dans le vide », quid des deux Fronts, national et de gauche, également innommés parce qu'également innommables, et, partant, personnalisés à l'extrême (si j'ose dire) via leurs deux leaders ? La sentence est assénée comme un trait de hache, « Marine Le Pen aboiera, Jean Luc Mélenchon éructera ». Vous ne vous attendiez pas à ce que ceux là s'expriment autrement que comme des animaux, non ?

A la chute de Guetta, « l’occident est impuissant », et à celle de Duhamel, « l’Europe a disparu de notre paysage », ni l’un ni l’autre n’ont rien appris, mais il faut d’ores et déjà supposer que, de cela aussi, les « nonistes » avec les abstentionnistes du 25 mai devront faire repentance.

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