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29 janvier 2015 4 29 /01 /janvier /2015 19:51

http://www.alencontre.org/laune/grece-la-victoire-le-gouvernement-et-syriza.html

Grèce, la victoire, le gouvernement et Syriza

Déclaration de la gauche internationaliste ouvrière (DEA)

Le renversement politique de la coalition d’Antonis Samaras de la Nouvelle Démocratie et d’Evangelos Venizelos du Pasok aux élections législatives du Dimanche 25 Janvier 2015 est surtout une victoire politique des forces de la résistance sociale. C’est-à-dire les forces de la classe ouvrière et des masses populaires qui, en Grèce, se sont battues depuis le déclenchement de la crise et le début des mémorandums en 2010 contre les accords passés par la classe dirigeante grecque avec la troïka de la Banque Centrale Européenne, de l’Union Européenne et du Fonds Monétaire International et contre les créanciers qui ont imposé une politique d’austérité brutale. C’est le résultat de grèves générales, de journées d’actions, des manifestations, du mouvement d’occupation des places, des luttes sectorielles et des combats locaux décisifs qui ont eu une certaine continuité, malgré le repli de la grande vague de résistance qui a atteint son pic entre 2010 et 2012.

Durant cette période, ceux et celles qui luttaient depuis « en bas » ont constitué un ensemble de revendications, de souhaits et d’espoirs qui possède encore un caractère actif. La vigueur de ce cadre revendicatif réside dans l’exigence d’une politique contre l’austérité qui, malgré les coups portés par les médias dominants, s’est exprimée en confiant et en déposant leurs espoirs dans et à la gauche. Cela constitue le fondement de la victoire politique de Syriza, qui a pris des dimensions massives, de même que dans le maintien du parti communiste grec (KKE).

Le déplacement massif des couches populaires vers la gauche, tel qu’il s’est exprimé dans les urnes, Dimanche 25 Janvier 2015, donne à Syriza un élan politique plus dynamique que celui qui se traduit par l’obtention de cent quarante-neuf sièges au parlement, un nombre fort proche des cent cinquante et un sièges qui auraient assuré à Syriza une majorité absolue. La Nouvelle Démocratie d’Antonis Samaras, malgré l’infâme et puissant soutien des forces à l’échelle nationale et internationale, est tombée à 27,8%, soit un record à la baisse de son influence.

Toutefois, le plus important est que la Nouvelle Démocratie est sortie de la bataille électorale profondément blessée au niveau politique et stratégique. Les différences internes entre le courant d’extrême droite dit populiste, avec un accent mis sur le nationalisme, la xénophobie et le racisme, et les « ferments sociaux » du centre-droit traditionnel fleuriront à nouveau, inévitablement, dans le parti de la Nouvelle Démocratie. Pour l’instant, il n’y a pas de réponse à la question portant sur l’unité du champ et du cadre politiques de la droite conservatrice.

La décision de la direction de Syriza pour une coalition avec ANEL, le parti des grecs indépendants, de Panos Kammenos sous-estime à tort cette dynamique. Ce n’était pas la réponse obligatoire liée aux résultats des élections et à la situation qui en découlait. En effet, existait le chemin consistant à réclamer un vote de « tolérance » par le parlement, individuellement cent cinquante et un députés ou plus pouvaient exprimer un vote de confiance au gouvernement d’Alexis Tsipras, sur la base des engagements de Thessalonique du 14 septembre 2014 ainsi que du programme du congrès fondateur de Syriza.

La décision du congrès de Syriza, qui a confirmé sa déclaration de fondation, a repoussé ainsi la recherche d’alliances politiques avec le centre gauche, le Pasok et les forces qui ont voté les mémorandums. Cette option, nous le croyons, s’applique aussi et beaucoup plus pour le centre droit.

Les « lignes rouges » sont en contradiction avec l’état d’esprit et les sentiments d’une grande partie de membres de Syriza et elles agissent comme une sorte de courroie de transmission du système sur le gouvernement de la gauche.

Dans ces conditions, l’accord de coalition gouvernementale avec ANEL compromet le projet politique pour un gouvernement de gauche développant une politique et une stratégie de transition.

Pour les membres et les partisans de Syriza, pour toute la gauche et pour les militants des mouvements sociaux, une nouvelle situation existe.

La mise en œuvre des engagements de Thessalonique sera une première « étape », remettre le salaire minimum au niveau d’avant la crise, le retour de la treizième allocation pour les retraités à faible revenu, sept cent euros et moins, la réinstallation des contrats collectifs, la non-imposition des revenus annuels jusqu’à douze mille euros, l’abolition d’Enfia, impôts immobiliers des plus injustes, et des taxes sur le fuel domestique. Cela formulera le premier message politique fort de blocage de l’austérité.

Avec le mouvement de masse aux premiers rangs, nous devrions ouvrir la voie pour un rejet complet de la politique d’austérité, pour tout regagner. Dans cette perspective, les revendications de grévistes de la radio et télévision nationale ERT, fermée de manière autoritaire en juin 2013 par Antonis Samaras et occupée durant des mois, des femmes de ménage du ministère des finances, des licenciés, des « évalués » et des fonctionnaires mis « en disponibilité », pour un an, avant d’être licenciés, seront également des messages importants, envoyés à la fois à tous ceux et celles qui sont des nôtres et aussi à l’opposition de droite.

Dans ces nouvelles circonstances, le rôle du « parti » Syriza est irremplaçable.

Le fonctionnement de ses organes et des membres dans leurs cercles, la collégialité du fonctionnement des instances élues et la démocratie à l’intérieur du parti ne sont pas une option facultative, mais une condition indispensable pour la victoire finale de Syriza, pour la victoire finale de l’ensemble de la gauche et des masses laborieuses.

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