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24 mars 2015 2 24 /03 /mars /2015 18:57

http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/03/24/podemos-et-les-cinq-lecons-du-scrutin-andalou_4600264_3214.html

Podemos et les cinq leçons du scrutin andalou

Par Sandrine Morel, correspondante permanente du Monde à Madrid

Mardi 24 Mars 2015

Le résultat de Podemos en Andalousie est-il un succès ?

Avec quinze pour cent des suffrages et quinze des cent dix députés du parlement régional andalou, Podemos fait une percée remarquable dans le principal bastion socialiste et s’affirme comme la troisième force politique. C’est un succès si l’on considère que ce parti est né il y a un an à peine, qu’il a mené sa campagne avec des moyens limités, essentiellement grâce à trois cent cinquante mille euros de micro-crédits citoyens, et sans l’appareil politique des socialistes ou des écolo-communistes d’Izquierda Unida, indispensable pour mobiliser les électeurs dans les zones rurales.

Podemos parvient-il à rivaliser avec les deux grands partis ?

On attendait davantage de Podemos. Il se révèle incapable de vaincre l’hégémonie du Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE), qui ne perd que quatre points, avec 35,5 % des voix et quarante-sept députés, malgré les scandales de corruption et un taux de chômage record, trente-quatre pour cent des actifs. Il n’est pas non plus parvenu à disputer la deuxième position au Parti Populaire, loin devant lui, avec vingt-sept pour cent des suffrages et trente-trois députés.

On est loin du tsunami politique, similaire à celui de Syriza en Grèce, qu’annonçaient certains sondages et que revendiquait le chef de file de Podemos, Pablo Iglesias, auto-proclamé « leader de l’opposition ».

C’est donc sans triomphalisme mais au contraire avec une certaine déception que les résultats andalous ont été accueillis. « Ce premier pas n’a pas été suffisamment long pour mener le processus de transformation sociale nécessaire », a ainsi reconnu, Lundi 23 Mars 2015, Carolina Bescansa, la responsable de l’analyse politique et sociale de la jeune formation, spécialiste d’études d’opinion.

Son résultat en Andalousie est-il extrapolable à l’échelle nationale ?

La région la plus peuplée d’Espagne est aussi le seul territoire qui n’a jamais connu d’alternance depuis le retour de la démocratie. Bastion socialiste imprenable depuis trente-trois ans, ses particularités, l’importance du tissu rural, l’ancrage socialiste et les taux records de chômage et d’abandon scolaire, sont telles qu’extrapoler les résultats de dimanche à l’échelle nationale serait une erreur.

Podemos est un parti qui séduit essentiellement dans les grandes villes, domine largement chez les jeunes et a un succès limité chez les plus de soixante-cinq ans. Si l’on compare les résultats avec ceux que Podemos avait réalisés dans la région andalouse pour les élections européennes, il est parvenu à multiplier par trois le nombre de ses électeurs. « Cela nous situerait à vingt-cinq pour cent d’intention de vote sur l’ensemble du pays », a assuré Carolina Bescansa.

D’où viennent les électeurs de Podemos ?

Podemos a obtenu cinq cent quatre-vingt-dix mille voix lors du scrutin andalou. Dans l’attente d’une étude concrète sur la provenance de ces votes, on peut déduire des résultats qu’une partie importante provient des écolo-communistes d’Izquierda Unida, qui a perdu cent soixante mille voix, et du PSOE, qui a perdu cent trente mille voix.

D’où viennent les trois cent mille restants, majoritairement des abstentionnistes. La participation a augmenté de trois points, ce qui correspond à cent trente mille électeurs supplémentaires. Il est possible qu’une partie des électeurs du Parti Populaire, qui a perdu cinq cent mille voix, en majorité au profit de Ciudadanos, nouveau parti centriste qui récolte trois cent soixante-dix mille voix, ait voté pour Podemos. Mais il est plus probable qu’ils soient passés à l’abstention, d’où seraient venus d’autres électeurs déçus de la gauche. C’est d’autant plus probable que le parti socialiste andalou a perdu plus de sept cent mille électeurs depuis 2008.

Quels sont les prochains rendez-vous électoraux ?

Les élections municipales et régionales du 24 mai 2015 constitueront le véritable test pour Podemos. Cette semaine seront élus, en ligne, les candidats du nouveau parti de la gauche radicale dans les différentes villes et régions autonomes, à l’exception de la Catalogne, où des élections anticipées sont prévues en septembre 2015, et du pays basque, où elles ne sont prévues qu’en 2016. Puis, en décembre 2015, auront lieu les élections générales.

D’ici-là, Podemos va chercher à définir davantage son programme, dans l’espoir d’attirer les électeurs. A trop vouloir capitaliser sur l’indignation régnant en Espagne, la formation a négligé de renouveler son discours depuis un an. Si elle ne veut pas s’essouffler, elle doit à présent transformer le vote sanction contre les grands partis en un vote d’adhésion à ses propres idées, encore mal définies.

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