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1 août 2015 6 01 /08 /août /2015 16:31

http://uk.reuters.com/article/2015/07/30/uk-mideast-crisis-turkey-kurds-idUKKCN0Q416120150730

Recep Tayyip Erdogan entraîne la Turquie dans la guerre pour venger les victoires kurdes

Le leader de l'opposition pro-kurde de Turquie a accusé le président Recep Tayyip Erdogan, Jeudi 30 Juillet 2015, de lancer des frappes aériennes en Syrie et en Irak pour éviter des gains territoriaux et politiques kurdes et d’utiliser la guerre contre l'Etat Islamique comme une couverture.

La Turquie a lancé des frappes aériennes quasi simultanées contre les camps du parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le nord de l'Iraq et contre les combattants de l'État Islamique en Syrie, Vendredi 24 Juillet 2015, dans ce que le premier ministre, Ahmet Davutoglu, a appelé une « lutte synchronisée contre la terreur ».

Les alliés occidentaux, y compris l'OTAN et les États-Unis, ont exprimé leur soutien politique pour les actions de la Turquie mais plusieurs pays ont également exhorté à ne pas utiliser une force excessive et à ne pas provoquer l’effondrement des années d'efforts de paix avec les militants kurdes.

Dans une interview à Reuters, Selahattin Demirtas, leader du parti démocratique des peuples (HDP), parti turc pro kurde, a déclaré que le principal objectif de la campagne n’était pas de lutter contre les djihadistes islamistes mais d’empêcher les kurdes d'unifier les zones qu'ils contrôlent en Syrie.

« La Turquie a effectué des frappes aériennes contre l'Etat Islamique juste pour le spectacle, sans lui causer de graves dommages, ni qu’il sente une pression sérieuse de la Turquie », a-t-il dit.

« Les opérations de la Turquie ne visent pas à prendre des mesures contre l'État Islamique. L'objectif principal est d'empêcher la formation d'une entité kurde dans le nord de la Syrie ».

Selahattin Demirtas, un ancien avocat charismatique des droits de l'homme, a conduit le HDP dans la campagne des élections législatives en juin 2015 dans lesquelles il a obtenu assez de sièges pour priver le parti de la justice et du développement (AKP), fondé par Recep Tayyip Erdogan, d'une majorité de travail pour la première fois en plus d'une décennie.

Le HDP a été entraîné par Selahattin Demirtas dans une campagne sur une plate-forme évolutive qui a porté le parti au-delà de ses origines dans le nationalisme kurde, faisant appel à un éventail plus large des minorités et des opposants au parti musulman de l’AKP.

Recep Tayyip Erdogan a entraîné la Turquie dans la guerre pour se venger, a dit Selahattin Demirtas, cherchant à discréditer le mouvement kurde avant de possibles nouvelles élections.

L'AKP est en négociation pour trouver un partenaire de coalition mais, en cas d'échec, Recep Tayyip Erdogan pourrait appeler à un nouveau vote dans lequel il espère que l’AKP retrouvera sa majorité.

« L’AKP entraîne le pays dans une période de conflit, cherchant à se venger de la perte de sa majorité aux élections législatives du mois de juin 2015 », a déclaré Selahattin Demirtas.

« Le dépassement du seuil de dix pour cent par le HDP et la perte de la majorité parlementaire de l’AKP sont utilisés comme un prétexte pour la guerre ».

Le bureau du procureur en chef de la province principalement kurde de Diyarbakir a ouvert une enquête contre Selahattin Demirtas, Jeudi 30 Juillet 2015, accusé d’avoir « provoqué et armé » des manifestants lors des manifestations de l'année dernière dans le sud-est, ont dit les médias locaux.

Recep Tayyip Erdogan a exhorté le parlement cette semaine à lever l'immunité des hommes politiques ayant des liens présumés avec des militants et a fait part clairement de son mépris personnel pour Selahattin Demirtas.

« Il ne peut pas prendre position contre le PKK, qui est reconnu comme une organisation terroriste par l'Europe et les Etats-Unis », a déclaré Recep Tayyip Erdogan à des journalistes en Chine, lorsqu'ils lui ont posé des questions sur Selahattin Demirtas, dont le frère Nurettin Demirtas a été emprisonné dans le passé et a combattu avec les forces kurdes dans les montagnes de l'Irak.

« Son frère a été formé dans les montagnes, il irait lui-même dans les montagnes s’il pouvait en trouver l’occasion », a déclaré Recep Tayyip Erdogan.

Victoires kurdes en Syrie

Les assauts de la Turquie contre le PKK ont jusqu'ici été beaucoup plus forts par rapport à ses frappes contre l’Etat Islamique, ce qui alimente les soupçons kurdes que son véritable agenda est de tenir en échec les ambitions politiques et territoriales kurdes, ce que le gouvernement nie.

La progression régulière des forces kurdes syriennes du parti de l’union démocratique (PYD) contre l’Etat Islamique, soutenue par les frappes aériennes américaines, pose un problème à Ankara.

Environ la moitié des neuf cent kilomètres de la frontière entre la Syrie et la Turquie est maintenant contrôlée par les kurdes.

Recep Tayyip Erdogan et l'AKP craignent que ces avances encouragent la minorité kurde de Turquie forte de quatorze millions de personnes et ravivent l’insurrection depuis trois décennies du PKK, considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, les Etats-Unis et l’Europe.

Après l’acceptation par Ankara de l’ouverture de ses bases aériennes à la coalition menée par les Etats Unis la semaine dernière après des années de réticence, la Turquie et Washington travaillent sur des plans pour fournir une couverture aérienne aux rebelles syriens et pour faire sortir les combattants de l'État Islamique d'une zone du nord de la Syrie à la limite de la frontière turque.

Mais l’objectif est aussi de veiller à ce que le territoire ne tombe pas dans les mains du PYD, empêchant les kurdes de Syrie d’unifier des zones sous leur contrôle dans ce qui pourrait devenir une bande de terre kurde allant de la frontière irakienne à la Méditerranée.

« Recep Tayyip Erdogan a souligné dans le passé qu'il ne permettrait jamais l'unification des cantons kurdes dans le nord de la Syrie. Jarablus est le seul obstacle à cette unité », a déclaré Selahattin Demirtas, se référant à une ville syrienne au bord de la « zone de sécurité » proposée.

Les responsables turcs ont déclaré que l'objectif en Syrie est de pousser l’Etat Islamique loin de la frontière et que leurs opérations ne sont pas des opérations contre les groupes kurdes syriens.

Ils disent que les frappes contre les camps du PKK dans le nord de l'Irak, en attendant, sont une réponse à l'augmentation de la violence militante au cours des dernières semaines, y compris une série d'assassinats ciblés du groupe militant kurde contre des policiers et des soldats.

Au moins douze membres des forces de sécurité ont été tués la semaine dernière par des militants kurdes présumés.

Recep Tayyip Erdogan a entamé des négociations en 2012 pour tenter de mettre fin à l'insurrection du PKK dans le sud-est à majorité kurde et qui a tué quarante mille personnes depuis 1984. Un cessez-le feu, bien que fragile, tient depuis mars 2013.

Selahattin Demirtas, dont le parti a été un facilitateur dans les négociations, a déclaré que les appels d’Ahmet Davutoglu pour que le PKK dépose les armes et quitte le pays étaient « unilatéraux et impossibles à atteindre ». Mais il a dit qu'il était trop tôt pour déclarer la fin du processus de paix et que le PKK doit respecter tout appel à une trêve.

Le groupe militant a dit que les frappes aériennes sont une tentative pour « écraser » le mouvement politique kurde et pour créer un « système hégémonique autoritaire » en Turquie.

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