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17 janvier 2016 7 17 /01 /janvier /2016 16:23

http://www.lepoint.fr/europe/cologne-les-refugies-manifestent-pour-lutter-contre-les-amalgames-17-01-2016-2010686_2626.php#xtor=CS3-190

Les réfugiés manifestent pour lutter contre les amalgames

Accompagnés de quelques allemands, des demandeurs d'asile pour la plupart d'origine syrienne ont dénoncé « le racisme, la violence et le sexisme ».

Par Frédéric Therin, envoyé spécial du Point à Cologne

Dimanche 17 Janvier 2016

Son bonnet vissé sur la tête, il se tient droit comme un i avec un message qu'un de ses amis lui a griffonné sur une feuille de papier, « non à la violence contre les femmes ». Wassam al Hallak était au même endroit durant la Saint-Sylvestre. « Je vis à une heure de Cologne et je suis arrivé à la gare à 22 heures pour retrouver un ami », explique ce syrien de vingt neuf ans, diplômé en ingénierie informatique. « Je me suis alors retrouvé au milieu d'une foule compacte composée principalement d'étrangers, avec des jeunes qui se tiraient des fusées d'artifice les uns sur les autres. J'étais choqué. J'ai vite dit à mon copain de venir et nous sommes partis immédiatement. Je ne comprends toujours pas pourquoi la police n'a pas arrêté les fauteurs de trouble plus rapidement. Cette situation était un véritable désastre, mais c'est seulement le lendemain, en regardant les informations, que j'ai découvert ce qui s'était passé plus tard dans la nuit ».

Wassam al Hallak, qui est arrivé en Allemagne il y a tout juste huit mois, après quatre semaines d'un long et dangereux périple, a rejoint Samedi 16 Janvier 2016 la bonne centaine de demandeurs d'asile qui ont bravé le froid et la neige fondue pour affirmer qu'ils n'avaient rien à voir avec les agressions sexuelles dont ont été victimes près de deux cent femmes durant la nuit du nouvel an. Plusieurs portent le masque des membres d'Anonymous. Leurs pancartes affirment toutes plus ou moins les mêmes messages, « ensemble contre la violence », « non au racisme, non au sexisme », « contre la violence dans le monde », « les syriens contre le racisme ». Tous ces manifestants ont répondu à des appels lancés sur les réseaux sociaux pour rassurer les allemands, qui craignent que l'arrivée de centaines de milliers de migrants n'augmente l'insécurité dans leur pays. « Je suis venu spécialement de Bonn pour dire que je suis contre les attaques de la Saint-Sylvestre. Le harcèlement sexuel n'a pas lieu d'être. Je suis venu ici pour travailler et pour rien d'autre », affirme Diyar, un informaticien de vingt deux ans originaire du Kurdistan irakien.

L'Allemagne doit s'assurer que ces criminels soient renvoyés chez eux

Certains étrangers sentent que ces attaques ont changé le regard que certains allemands portaient sur eux. « Elles ont eu un impact déplorable pour les réfugiés », regrette Wassam al Hallak, qui vient de Damas. Sur un million cent mille demandeurs d'asile qui sont arrivés l'an dernier dans le pays, il y a forcément des criminels. Et les réfugiés sont ceux qui souffrent le plus de la présence de ces personnes, car nous vivons avec eux dans les foyers. J'encourage donc l'Allemagne à modifier ses lois, pour qu'elle s'assure que ces criminels soient renvoyés chez eux sans attendre. Si rien n'est fait, les extrémistes de tous bords vont continuer de profiter des incidents qui se produisent pour faire de la propagande ». Ce risque est bien réel.

Les partis populistes, xénophobes et nationalistes ont vu leur cote de popularité exploser ces dernières semaines en Allemagne. La majorité de la population continue toutefois d'avoir un regard bienveillant envers les migrants. « Les allemands ont toujours une bonne image de nous », pense Wessam. « Je n'ai pas encore vécu d'acte de racisme à mon encontre, mais je comprends la peur que certaines personnes peuvent ressentir ». Diyar affirme, lui aussi, ne pas avoir senti d'hostilité contre sa personne.

Toute timide, la jolie Danu Rehban apparaît comme un rayon de soleil sous le ciel plombé de cet après-midi hivernal. « Le sexisme et les violences contre les femmes n'ont rien à voir avec la nationalité des criminels », explique cette étudiante allemande de dix huit ans, qui pose devant les caméras avec sa meilleure amie. « Lorsque j'ai entendu parler des attaques du nouvel an, j'ai tout de suite pensé qu'elles allaient être instrumentalisées par les médias et les partis politiques. Et cela s'est produit. Je suis donc venue ici pour dire qu'il ne fallait pas tout mélanger ».

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