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9 mars 2016 3 09 /03 /mars /2016 20:33

Vives critiques au parlement européen contre l’accord entre l’Union Européenne et la Turquie (Reuters)

Le projet d’accord entre l’Union Européenne et la Turquie sur le sort des réfugiés syriens a été accueilli par des réserves, voire de vives critiques Mercredi 9 Mars 2016 au parlement européen, certains groupes politiques évoquant un « ignoble marchandage ».

Le texte, qui a été discuté Lundi 7 Mars 2016 à Bruxelles et qui doit être finalisé au conseil européen du Jeudi 17 Mars et du Vendredi 18 Mars 2016, prévoit qu’Ankara reprenne tous les migrants arrivés en Europe via son territoire en échange d'une aide financière accrue et d'une accélération des négociations d'adhésion à l’Union Européenne.

Pour chaque syrien reconduit en Turquie depuis la Grèce, un autre syrien de Turquie serait par ailleurs accueilli dans un état membre de l'Union Européenne.

Le Parti Populaire Européen (PPE) et le Parti des Socialistes et des Démocrates (PSD), les deux principales formations représentées à Strasbourg mais aussi à la tête des gouvernements des vingt huit pays de l’Union Européenne, se sont félicités du résultat tout en affichant leurs réserves.

« Pour une fois, il semble qu’une solution globale soit à portée de main », a souligné l’allemand Manfred Weber, président du groupe PPE. Angela Merkel, la chancelière allemande, s’est beaucoup investie dans l’accord avec la Turquie.

« Mais attention à ne pas tout mélanger. La crise des migrants, c’est un sujet que nous devons traiter ensemble. Celui de l’adhésion c’est tout à fait autre chose », a-t-il ajouté en rappelant le « scepticisme » de son groupe vis-à-vis de cette perspective.

Un refoulement collectif

L’italien Gianni Pitella, son homologue à la tête du PSD, s’est fait plus précis.

« L’accord avec la Turquie est un pas nécessaire mais cet accord ne peut pas être un marchandage sur la peau de réfugiés. Sur les droits de l’homme, sur la liberté de la presse et sur la liberté d’expression, on ne négocie pas », a-t-il affirmé en rappelant la prise de contrôle du journal d’opposition Zaman par les autorités turques et le sort fait à la minorité kurde bombardée par l’armée dans le sud-est du pays.

Mais d'autres groupes sont beaucoup plus critiques.

« Nous délocalisons nos problèmes. Le sultan Recep Tayyip Erdogan détiendra désormais les clés de la porte de l’Union Européenne », s’est insurgé Guy Verhostadt, à la tête de l’Alliance des Libéraux et des Démocrates Européens (ALDE).

L’ancien premier ministre belge voit dans le projet « un refoulement collectif interdit par la convention de Genève » et juge « très problématique » le fait de déléguer la gestion des réfugiés à un pays qui n’a pas ratifié tous les protocoles relatifs au droit d’asile.

Le directeur du Haut Commissariat pour les Réfugiés (HCR) de l’Organisation des Nations Unies (ONU), Filippo Grandi, s’était lui-même inquiété, la veille à Strasbourg, des risques d’une telle procédure « sans que toutes les mesures de sauvegarde et de protection des réfugiés soient mises en place et respectent le droit international ».

L’allemande Gabriele Zimmer, présidente de la Gauche Unitaire Européenne (GUE) a qualifié l’accord « d’ignoble marchandage » et le belge Philippe Lamberts, co-président du groupe Europe Ecologie Les Verts (EELV), de faillite morale. « Au lieu de le sanctionner, on déroule le tapis rouge à un régime qui soumet la justice et la police à la vindicte d’un seul homme, qui musèle et emprisonne toute presse libre, qui disqualifie toute opposition démocratique et qui, pour gagner une élection, relance la guerre civile et bombarde sa propre population », a-t-il dit en référence au conflit kurdo-turc.

Il a invité les Pays Bas, qui président actuellement l’Union Européenne, mais aussi la France, à respecter leur tradition de défense des libertés.

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