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5 mai 2016 4 05 /05 /mai /2016 16:29

http://www.franceinfo.fr/actu/societe/article/disputes-dissensions-et-diffamation-autour-de-nuit-debout-785985

Disputes, dissensions et diffamations autour du mouvement des Nuits Debout

Par Matthieu Mondoloni

Vendredi 29 Avril 2016

Alors qu'ils occupent la place de la République à Paris depuis bientôt un mois, les militants du mouvement des Nuits Debout cherchent désormais à donner un nouvel élan à leur mouvement. Mais depuis quelques jours, deux courants s’opposent fortement sur la suite à donner à la mobilisation et ce jusque sur le terrain judiciaire.

Insultes, accusations et diffamations, deux camps s’opposent aujourd’hui au sein du mouvement des Nuits Debout. Deux visions politiques et une question au cœur des débats, le mouvement des Nuits Debout est-il un mouvement ouvert à tous ?

Au coeur de cette querelle, notamment, on trouve la gestion du site internet et des réseaux sociaux du mouvement. Ce qui pourrait sembler anecdotique ne l’est pas du tout. Le mouvement des Nuits Debout, c’est quelques centaines de personne chaque soir place de la République, mais c’est surtout plus de cent soixante mille abonnés à la page facebook ou au compte twitter.

C’est toute une communauté qui s’est fédérée et se fédère encore autour des réseaux sociaux. Un puissant outil de mobilisation qui relaye les événements, les ateliers ou les assemblées générales qui se tiennent depuis la fin du mois de mars 2016. Un outil que se disputent aujourd’hui deux camps.

D’un côté, le Media Center du mouvement des Nuits Debout, composé d’une quinzaine de personnes, qui se charge de poster sur les réseaux sociaux ou d’administrer le site internet. De l’autre, des militants du collectif pour la convergence des luttes. L’un d’eux a dénoncé, récemment lors d’une assemblée générale, une véritable entreprise de récupération avec une société qui se ferait de l’argent sur le dos du mouvement. La vidéo de sa prise de parole a été vue près de douze mille fois en quelques jours.

« Ces gens-là », ce sont les employés et le fondateur de la société Raiz, une petite start-up aux modestes locaux nichés dans le sous-sol d’un immeuble du douzième arrondissement de Paris. Elle emploie quatre personnes, dont une seule à temps plein, explique son fondateur et dirigeant, Baki Youssoufou, trente sept ans. Depuis plusieurs jours, il est la cible des critiques les plus dures, accusé notamment de gagner de l'argent avec le site www.nuitdebout.fr, et son numéro de téléphone et son adresse ont été publiés sur Internet. Depuis, il raconte les coups de fils anonymes et les insultes de la part de certains militants.

« Je ne peux pas accepter ces méthodes », explique Baki Youssoufou.

« J'ai décidé de porter plainte. Pas contre le mouvement ou un collectif, mais contre ceux qui ont fait fuité mon numéro de téléphone et ceux qui me diffament. Je suis cité nommément dans cette vidéo qui tourne dans laquelle on m'accuse de gagner de l'argent. Vous pensez vraiment que je peux gagner de l'argent avec un site politique et engagé ? Si j'ai acheté le nom de domaine www.nuitdebout.fr, c'est simplement pour éviter que d'autres, mal intentionnés, ne le fassent », se justifie celui qui se décrit comme un militant et un web-activiste de la première heure.

Deux visions politiques

Pour lui, ces attaques sont un prétexte. Leurs vraies raisons sont politiques, poursuit Baki Youssoufou. Derrière cette querelle sur le contrôle des réseaux sociaux, se cache un autre enjeu. Celui de l'avenir à donner au mouvement.

Car il y a en fait aujourd’hui deux visions du mouvement des Nuits Debout qui s’affrontent, deux camps qui ne partagent pas les mêmes buts. Le premier, auquel appartiennent Baki Youssoufou et les membres du Media Center, prône une vision ouverte et non partisane du mouvement. Tout le monde doit pouvoir venir écouter, discuter et débattre place de la République. Le second se veut plus politisé. C’est la ligne défendue par l’économiste Frédéric Lordon, l’une des figures emblématiques du mouvement des Nuits Debout. Mercredi 20 Avril 2016, il a pris la parole lors d’une réunion pour donner sa vision du mouvement.

Tout le monde n'est pas le bienvenu dans le mouvement des Nuits Debout.

Une allusion notamment à la venue d’Alain Finkielkraut qui avait été chassé de la place de la République il y a une quinzaine de jours. Entre ces deux camps, la rupture est réelle. Les insultes fusent et les débats sont tendus.

Avec leur idée d’ouvrir le plus possible le mouvement, grâce notamment aux réseaux sociaux, les membres du Media Center sont accusés de faire entrer les loups dans la bergerie. Les loups, ce sont les militants d’extrême droite, des crypto fascistes, des rouges bruns et des sympathisants de Dieudonné ou d’Alain Soral. Eux se défendent en parlant d’animation citoyenne.

Deux jambes, un seul mouvement

Leila Chaibi, membre du Parti de Gauche, préfère elle tempérer les propos des uns et des autres. Et surtout recentrer le débat. « Ces débats et ces divergences de points de vue sont sains », explique celle qui fait parti des premiers à avoir lancé le mouvement des Nuits Debout.

« Ce sont en fait les deux jambes d'un même mouvement. L'important, c'est de réfléchir ensemble à la suite et à ce que nous ferons demain. Et de ne pas oublier notre premier objectif, le retrait du projet de loi travail. Après, l'appétit viendra en mangeant. D'autres combats suivront ».

Les deux jambes de ce mouvement sont au moins d’accord sur un point, le mouvement des Nuits Debout ne doit pas s’inscrire dans le calendrier électoral. Pas de parti, pas de candidats en 2017, disent-ils. L'important aujourd'hui, c'est de faire converger les luttes, de se rassembler et de s'unir.

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