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12 juin 2016 7 12 /06 /juin /2016 17:16

http://www.clubpolitiquebastille.org/spip.php?article165

Réflexion pour poursuivre le débat

Par Charles Jérémie

Lundi 6 Juin 2016

Lors de la dernière réunion du Club Politique Bastille, l’introduction d’Olivier Besancenot comme la discussion générale étaient passionnantes, la plupart des intervenants se sont interrogés sur la nouvelle situation. Toutes les générations étaient réunies. Les optimistes et ceux qui le sont moins.

Je veux revenir sur deux ou trois problèmes.

Le mouvement est minoritaire mais déterminé, pugnace et imprévisible. Il bénéficie du soutien moral des salariés qui n’y ont pas participé. Ainsi, devant les pompes à essence, dans la file des voitures, la plupart des automobilistes manifestaient leur « compréhension ». Plus les chiens de garde matraquent, plus l’opinion se rebiffe. Et le chantage à l'Euro ne prend pas non plus. Et même les agressions contre la police, que je ne soutiens pas, ne provoquent pas concert de protestations. Trois mois de grèves et de manifestations ont tout modifié. Une nouvelle génération est en voie de politisation.

François Hollande et Manuel Valls sont seuls, hébétés et protégés par les institutions.

La grève s’essouffle et c’est normal. Quelque soit l’issue de la mobilisation contre la loi travail et l'avenir du mouvement des Nuits Debout, les acquis politiques sont considérables.

C'est normal, car le mouvement de masse, constitué par exemple au moment du Contrat Première Embauche (CPE), n’est pas au rendez-vous.

C'est normal car les directions de la Confédération Générale du Travail (CGT) et de la CGT Force Ouvrière font tout ce qu’elles peuvent pour s’opposer à un éventuel « tous ensemble ».

Un mot sur les directions syndicales, du haut, presque jusqu’en bas, par mille liens, elles sont « jumelées » avec l’état et le patronat. Membres des conseils économiques et sociaux, cogérant de fait de la sécurité sociale et des mutuelles, la collaboration de classes dans les organisations « paritaires », la formation et l’octroi des subventions ont depuis longtemps liés le sort des directions syndicales à l’appareil d’état.

Les organisations syndicales ont rompu depuis une éternité avec la charte d’Amiens qui posait tout à la fois la nécessité de la grève générale pour défendre les travailleurs et l’objectif d’abolir le système capitaliste.

C’est dire que, malgré les mots et les postures, ni Jean Claude Mailly, ni Philippe Martinez, n’ont voulu, sérieusement et réellement, mobiliser les salariés pour obtenir simplement le retrait de la loi. S’ils l’avaient fait, cela se serait vu. Pour contenir la mobilisation, ils ont multiplié les journées d’actions. Par contre, si la mobilisation de masse les avait contraints, ils s’y seraient résignés.

Malgré les espoirs des uns et les illusions des autres, c’est la réalité. À certains égards, les Nuits Debout sont également la volonté de combattre pour mobiliser les masses et d'élaborer une opposition plus globale, un début d’auto-organisation politique. Et c’est déterminant. Certains se moquent de certains aspects un peu candides dans le respect de la démocratie. C’est cependant fondamental. Ce processus aura des suites.

Voilà pourquoi les Partis Ouvriers Indépendants, Démocratiques ou pas, Lutte Ouvrière et les autres organisations se sont détournés de ces nuits là pour se réfugier dans la « lutte » à partir et à partir seulement des organisations syndicales, avec ses forces et ses limites.

Sans point de vue idéologique, il faut rappeler que seuls les comités de grève démocratiques peuvent représenter tous les salariés en lutte.

L’unité réelle dans l’action, c’est le comité de grève. Encore, faut-il que militants et salariés en éprouvent le besoin. Ces problèmes sont également abordés dans un texte d’Ugo Palheta et de Julien Salingue.

Aux États-Unis, la candidature de Donald Trump fracasse l’appareil du parti républicain alors que celle de Bernie Sanders provoque une véritable mobilisation populaire et politique contre l’establishment démocrate.

En Grande Bretagne, le parti travailliste se gauchit sur une position verbale antilibérale alors que l’issue du référendum sur le Brexit inquiète.

Enfin la crise politique en Espagne est le résultat de la mobilisation des masses depuis plusieurs années.

N’oublions pas la situation portugaise.

Il y a une question. Et si la France s’inscrivait dans ce cadre international ? Ne sommes-nous pas au début d’une contre-offensive des salariés contre le libéralisme ? Et si le pendule repartait dans l’autre sens ?

La discussion du Club Politique Bastille a largement évoqué l’échéance électorale de 2017. Les dés roulent et nul ne peut savoir ce qui se passera jusqu'aux élections présidentielles. Nous pouvons essayer de tracer quelques perspectives.

La « gauche » de François Hollande et de Manuel Valls est le fourrier de la droite et de l’extrême droite, elle est morte. Le second tour verra donc s’affronter le candidat de la droite et celui du Front National. Et François Hollande, évidemment, appellera à voter pour Alain Juppé ou Nicolas Sarkozy. La grande majorité du salariat refusera de voter pour le Parti Socialiste. Sous la forme que nous lui connaissons depuis le congrès d’Epinay, le Parti Socialiste va disparaître corps et bien. Mais la bourgeoisie aura toujours besoin d’un parti démocrate, d’une alternance et d'une Confédération Française et Démocratique du Travail (CFDT) politique. Sur les ruines du Parti Socialiste, les plus jeunes survivants s’affronteront pour atteindre cet objectif.

De son côté, avant le mouvement contre la loi travail, le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) avait, déjà, désigné son candidat. Aujourd’hui, toute personne sérieuse sait qu’une éventuelle candidature révolutionnaire n’a de sens que si elle est, plus ou moins, reliée à la lutte sociale, l’émanation d’assemblées et de débats, en bas, par les combattants et les militants.

De son côté, Jean Luc Mélenchon a fait « don » de sa candidature au peuple français.

Jean Luc Mélenchon est talentueux, mais, c’est d’abord un professionnel de la politique. Votez pour moi et je ferai le reste. Sénateur à vie, député européen et ancien ministre du gouvernement de Lionel Jospin, par lui caractérisé comme le plus à gauche en Europe, Jean Luc Mélenchon est en fait un mitterrandiste de gauche. N’oublions pas le François Mitterrand partisan de la rupture avec le système capitaliste, propagandiste dans les années 1980, du socialisme. La candidature de l’ancien lambertiste, membre du Grand Orient s’inscrit dans cette histoire et constitue un obstacle de plus à surmonter politiquement.

Ne faudrait-il pas que des initiatives soient prises pour, collectivement, organiser le débat ?

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