Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
24 juin 2016 5 24 /06 /juin /2016 18:10

Le Brexit ébranle l'Union Européenne, le Royaume-Uni et les marchés (Reuters)

Le choix des électeurs britanniques de sortir de l'Union Européenne a déclenché Vendredi 24 Juin 2016 une tempête politique et financière qui dépasse largement les frontières de l'Union Européenne et ouvre une phase d'incertitude sans précédent pour la construction européenne comme pour la cohésion du Royaume-Uni.

Alors que les sondages et les premiers résultats donnaient le maintien dans l’Union Européenne gagnant, Jeudi 23 Juin 2016, la tendance s'est retournée pendant la nuit et la victoire du Leave a été annoncée officiellement par la commission électorale en début de matinée. Près de cinquante deux pour cent des électeurs se sont prononcés en faveur de la sortie du pays de l'Union Européenne.

L'issue du scrutin a déclenché sur les marchés financiers un mouvement de panique sans précédent depuis la crise financière de 2008.

La livre sterling, qui a perdu jusqu'à dix pour cent face au dollar et est tombée à son plus bas niveau depuis 1985, cédait encore 7,5% face au billet vert Vendredi 24 Juin 2016 vers 15 heures 45 GMT. Après Tokyo, qui a clôturé en recul de 7,92%, les bourses européennes ont également plongé. La bourse de Londres a fermé en baisse de 1,66%, la bourse de Paris a chuté de 8,04% et la bourse de Francfort a chuté de 6,82%. Wall Street a ouvert sur un repli moins marqué et le Dow Jones cédait 2,59%.

L'heure était à la mobilisation dans les grandes banques centrales de la planète, la banque d'Angleterre, la Banque Centrale Européenne (BCE) et la réserve fédérale américaine se sont déclarées prêtes à injecter si nécessaire des liquidités sur les marchés. De son côté, la banque nationale suisse est intervenue sur le marché des changes pour freiner la hausse du franc suisse, dopé par son statut de valeur refuge.

David Cameron va démissionner

Le premier ministre britannique, David Cameron, qui avait promis le référendum en 2013 dans l'espoir d'enrayer la montée des eurosceptiques au sein du parti conservateur mais a vu cette manoeuvre se retourner contre lui, a annoncé Vendredi 24 Juin 2016 en début de matinée qu'il démissionnerait d'ici le mois d’octobre 2016.

« Je ne crois pas qu'il soit opportun que je sois le capitaine qui mène notre pays vers sa prochaine destination », a-t-il expliqué.

L’ancien maire de Londres Boris Johnson, principal animateur de la campagne du Leave, est donné favori pour lui succéder au dix Downing Street.

David Cameron a précisé qu'il laisserait à son successeur le soin d'enclencher la procédure de divorce avec les européens. Boris Johnson a estimé qu'il n'y avait « aucune raison de se précipiter à invoquer le cinquantième article » du traité européen de Lisbonne qui encadre le retrait d'un état membre que seul ce dernier peut solliciter.

Initiatives européennes

Mais les principaux responsables des institutions européennes ont souligné vouloir entamer rapidement les négociations avec Londres.

François Hollande a quant à lui annoncé des initiatives françaises en vue de provoquer un sursaut européen. « Le vote des britanniques met gravement l'Europe à l'épreuve », a-t-il dit en soulignant une « perte de confiance des peuples dans le projet qu'elle porte. Aujourd'hui, c'est l'histoire qui frappe à notre porte, ce qui se joue c'est la dilution de l'Europe », a-t-il dit.

Angela Merkel, François Hollande, l'Italien Matteo Renzi et Donald Tusk, le président du conseil européen, se retrouveront Lundi 27 Juin 2016 à Berlin, avant le conseil européen des vingt huit pays européens, Mardi 28 Juin et Mercredi 29 Juin 2016.

« L'Allemagne a un intérêt particulier et une responsabilité particulière à faire en sorte que l'unité européenne soit un succès », a déclaré la chancelière allemande.

Dès Samedi 25 Juin 2016, les ministres français et allemands des affaires étrangères proposeront une union plus flexible à leurs homologues des quatre autres pays fondateurs de la communauté européenne, réunis à Berlin, a-t-on appris de source diplomatique. Le projet préparé par Frank-Walter Steinmeier et Jean-Marc Ayrault envisage notamment d'offrir un espace aux pays qui ne sont pas prêts à approfondir l'intégration.

La Lettonie, qui prendra la présidence tournante de l'Union Européenne dans quelques jours, a dit vouloir organiser un sommet extraordinaire le mois prochain.

Chez les eurosceptiques, l'euphorie est de mise. « L'Union Européenne est en train de mourir », s'est félicité Nigel Farage, chef de file du parti anti-européen UKIP, après avoir dit « oser rêver que l'aube se lève pour un Royaume-Uni indépendant ».

En France, Marine Le Pen, la présidente du Front National, parlant sur Twitter de « victoire de la liberté », a demandé l'organisation du « même référendum en France et dans les pays de l'Union Européenne ». Le néerlandais Geert Wilders, dont le parti est en tête des intentions de vote en vue des élections législatives du mois de mars 2017, a annoncé qu'il ferait du Nexit l'axe central de sa campagne.

Les écossais et les nord irlandais veulent rester

L'Union Européenne sortira donc forcément affaiblie, tant politiquement qu'économiquement, d'une procédure de divorce longue et difficile qui la privera d'un état membre représentant environ quinze pour cent de son poids économique.

En quittant l'Union Européenne, dont elle est membre depuis 1973, la Grande-Bretagne perdra pour sa part l'accès au marché unique européen et devra négocier de nouveaux accords commerciaux bilatéraux avec ses partenaires dans le monde entier.

Sur le plan politique, au-delà du sort de David Cameron, le résultat du vote risque de déchirer durablement le parti conservateur britannique.

Après quatre mois d'une campagne violente, marquée par de fortes divisions et le meurtre de la députée travailliste et pro-européenne Jo Cox, le camp du Remain aura été impuissant à empêcher la vague anti-système et les désillusions envers une Europe jugée distante, bureaucratique et engluée dans des crises sans fin.

Désormais, comme le montrent les cartes électorales et les premières réactions, c'est la cohésion même du Royaume-Uni qui est en question.

En Ecosse, où soixante deux pour cent des électeurs ont voté pour le maintien dans l'Union Européenne, la première ministre, Nicola Sturgeon, s'est prononcée en faveur de la tenue d'un nouveau référendum d'auto détermination, moins de deux ans après l'échec de la consultation du mois de septembre 2014.

La situation est comparable en Irlande du Nord, où le Remain a obtenu cinquante six pour cent des suffrages et où le Sinn Féin, principal parti nationaliste irlandais, a réclamé un référendum sur l'unification de l'Irlande.

Le parti travailliste britannique, majoritairement pro-européen, se voit lui aussi divisé par l'issue du référendum, deux de ses membres ont déposé une motion de défiance contre leur chef de file, Jeremy Corbyn, en mettant en cause sa gestion de la campagne.

Partager cet article
Repost0

commentaires