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20 juillet 2016 3 20 /07 /juillet /2016 19:41

La Turquie prépare des mesures d'urgence (Reuters)

La Turquie devait annoncer Mercredi 20 Juillet 2016 une série de mesures d'urgence censées permettre le retour à la stabilité et à prévenir des retombées économiques après la tentative avortée de coup d’état du Vendredi 15 Juillet 2016, qui a conduit Ankara à des purges massives au sein de l'armée, de la police, de l'administration et de l'éducation nationale.

Quelque soixante mille soldats, policiers, juges, fonctionnaires et enseignants ont été suspendus, arrêtés ou mis en examen depuis Vendredi 15 Juillet 2016.

La chaîne de télévision publique TRT a rapporté Mercredi 20 Juillet 2016 que le haut conseil de l'enseignement avait interdit à tous les universitaires du pays de se rendre à l'étranger jusqu'à nouvel ordre, une mesure censée empêcher des complices de la tentative de coup d’état de fuir le pays.

« Les universités ont toujours joué un rôle clé pour les juntes militaires en Turquie et certaines personnes passent pour être en contact avec des cellules au sein de l'armée », a déclaré un responsable turc.

Le président Recep Tayyip Erdogan accuse les réseaux du prédicateur Fethullah Gülen, exilé aux Etats-Unis, d'être à l'origine du putsch manqué du Vendredi 15 Juillet 2016, qui a fait plus de deux cent trente morts. Il a promis d'éliminer le virus responsable du coup d’état dans toutes les institutions du pays.

L'ampleur des purges des derniers jours a suscité l'inquiétude chez plusieurs alliés occidentaux d'Ankara, qui craignent que Recep Tayyip Erdogan ne tente d'étouffer toute dissidence potentielle, y compris en visant des opposants sans aucun lien avec le putsch.

Recep Tayyip Erdogan devait présider Mercredi 20 Juillet 2016 un conseil des ministres puis un conseil de sécurité nationale à l'issue desquels une série de mesures d'urgence devait être annoncée.

Les ministres et les principaux responsables concernés n'ont pas été informés à l'avance de la tenue de ces réunions.

Ankara cherche à préserver l’économie

« Le conseil des ministres est classé au plus haut niveau pour des raisons de sécurité nationale. Le palais présidentiel ne donnera un dossier aux ministres que juste avant », a dit un haut responsable à Reuters. « Les ministres ne savent pas encore de quoi il sera question ».

Environ un tiers des trois cent soixante généraux turcs en fonctions ont été arrêtés depuis Vendredi 15 Juillet 2016, a précisé une autre source, précisant que quatre vingt dix neuf généraux avaient été inculpés et que quatorze autres généraux restaient en état d'arrestation.

Le ministère de la défense enquête sur tous les juges et procureurs militaires et a déjà suspendu deux cent soixante deux d'entre eux, a rapporté la chaîne de télévision NTV. On compte parallèlement neuf cent suspensions au sein de la police d'Ankara et la purge vise jusqu'aux fonctionnaires des ministères de l’environnement et des sports.

La menace d'une période prolongée d'instabilité en Turquie, pays membre de l'Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et voisin de la Syrie, ébranle par ailleurs la confiance des investisseurs.

La livre turque est tombée Mercredi 20 Juillet 2016 à son plus bas niveau depuis dix mois et la bourse d'Istanbul a chuté de 9,5% depuis le début de la semaine.

Le vice-premier ministre Mehmet Simsek a déclaré à Reuters que la priorité des mesures examinées Mercredi 20 Juillet 2016 serait d'empêcher une dégradation de la situation économique.

Dans un témoignage publié par le quotidien Hurriyet et corroboré par un responsable turc, un colonel d'infanterie explique que les responsables de la tentative de coup d’état ont tenté de convaincre le chef d'état-major de l'armée, Hulusi Akar, qui était retenu en otage, de se joindre aux putschistes pour renverser Recep Tayyip Erdogan, mais qu'il a refusé.

« Quand il a refusé, ils n'ont pas réussi non plus à convaincre des officiers de haut rang. Le refus d’Hulusi Akar de participer a conduit à l'échec de la tentative de coup d’état », ajoute le procès-verbal publié par le journal.

Plusieurs médias fermés

Le président Recep Tayyip Erdogan, le premier ministre Binali Yildirim, des ministres, des officiers supérieurs et des généraux étaient censés être arrêtés un par un pendant la nuit du coup d’état, précise-t-il.

Si les alliés occidentaux de la Turquie lui ont manifesté leur solidarité et leur soutien, ils ont aussi exprimé leur préoccupation face à l'ampleur et à la sévérité des décisions prises ces derniers jours, rappelant à Ankara la nécessité de respecter les principes démocratiques.

Mardi 19 Juillet 2016, les autorités ont fermé plusieurs médias présentés comme des soutiens de Fethullah Gülen et elles ont annoncé la suspension de quinze mille fonctionnaires de l'éducation et de cent membres des services de renseignement. On compte en outre quatre cent quatre vingt douze suspensions au sein de la direction des affaires religieuses, deux cent cinquante sept suspensions dans les services du premier ministre et trois cent suspensions au ministère de l’énergie.

Ces décisions se sont ajoutées à l'arrestation de plus de six mille membres des forces armées, des simples soldats aux officiers de commandement, et à la suspension de près de trois mille juges et procureurs. Environ huit mille policiers ont aussi été suspendus.

Zeid Raad al Hussein, haut commissaire de l'Organisation des Nations Unies (ONU) aux droits de l'homme, a exprimé sa vive inquiétude Mardi 19 Juillet 2016 et appelé la Turquie à autoriser des observateurs indépendants à rendre visite aux personnes incarcérées.

Le ministère des affaires étrangères a estimé que toute critique des mesures prises par le gouvernement en réaction à la tentative de coup d’état revenait à soutenir celle-ci.

Ankara a par ailleurs communiqué aux autorités américaines des documents censés appuyer une future demande formelle d'extradition de Fethullah Gülen.

Une telle demande se heurterait à de nombreux obstacles juridiques et politiques aux Etats-Unis et même si elle était approuvée par un juge, la décision définitive relèverait du secrétaire d’état, John Kerry, qui peut prendre en considération des facteurs autres que juridiques.

« J'appelle le gouvernement américain à rejeter toute tentative d'abus de la procédure d'extradition à des fins de vengeance politique », a dit Fethullah Gülen Mardi 19 Juillet 2016 dans un communiqué publié par un groupe proche de son mouvement.

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